UNE ANNÉE MOUVEMENTÉE
C’était il y a un an. Le Canada légalisait le cannabis à des fins récréatives. Un peu partout au pays, des milliers de personnes faisaient la queue devant les magasins de cannabis implantés dans chacune des provinces afin d’encadrer la vente de cette plante.
Le Nouveau-Brunswick n’y a pas échappé. Partout en province, des files d’acheteurs et de curieux s’étaient présentées devant l’une des 20 succursales de Cannabis NB, ces magasins de marijuana appartenant et gérés par la province. Mais qu’en est-il aujourd’hui?
Douze mois plus tard, l’effet nouveauté s’est estompé et les files ont disparu. Qu’à cela ne tienne, l’affluence des consommateurs semble néanmoins constante, quoique les ventes soient encore un peu trop faibles.
C’est donc sans tambour ni trompette que Cannabis NB entend célébrer son premier anniversaire.
Cannabis NB a néanmoins voulu remercier sa clientèle avec un spécial sur certains produits, notamment une once à 140$ (joints préroulés Re-Up, nouvelle marque de Zenabis), un prix qui, semble-t-il, est très près de ce qui est offert sur le marché noir.
Ce manque d’enthousiasme n’est certes pas étranger à l’incertitude qui pend au-dessus de l’entreprise. C’est que, déçue des résultats financiers, la province examine toujours le modèle de vente au détail du cannabis. Cela comprend l’analyse de différentes options, incluant la privatisation. Puisque cette révision est en cours, la direction préfère se faire discrète et ne pas s’adresser directement aux médias.
Dans quel état d’esprit souligne-t-on ce premier anniversaire chez Cannabis NB? La réponse se veut en deux temps. D’abord on se dit satisfait des réalisations de l’entreprise en dépit des nombreux défis. La qualité du personnel est remarquée, 95% des clients disant avoir aimé leur expérience (résultat émanant de quelque 50 000 sondages effectués).
De l’autre, une certaine déception en lien avec la performance qui ne cadre pas tout à fait avec les attentes.
Au cours des deux premiers trimestres par exemple (de la légalisation au mois de mars), les ventes totales de cannabis se sont chiffrées à 18,6 millions $. Le trimestre suivant (avriljuin), les ventes ont atteint 9,1 millions $. Les chiffres pour le dernier trimestre (juillet à septembre) n’ont pas encore été dévoilés. Ceci dit, on peut sans trop se tromper spéculer qu’au cours des 12 premiers mois suivants la légalisation – donc d’octobre 2018 à octobre 2019 –, le total des ventes frôlent ou dépasse légèrement les 40 millions $.
«Bien que les revenus et les profits ne soient pas les seuls objectifs, nous avions bien sûr des attentes plus élevées en ce qui concerne les ventes au cours des premiers mois de l’année. Comme pour toute entreprise (qui démarre) – et encore plus ici, alors que l’on parle d’une toute nouvelle industrie –, tout a été mis en oeuvre pour anticiper les défis. Mais nombre d’entre eux ont eu beaucoup plus d’impact que prévu», nous a écrit la porte-parole de Cannabis NB, Marie-Andrée Bolduc, pointant particulièrement le problème de l’approvisionnement national.
ANNÉE MOUVEMENTÉE
Il faut avouer que cette première année de fonctionnement chez Cannabis NB n’aura pas été de tout repos. Moins d’un mois après l’ouverture des magasins, la société de la Couronne a dû en fermer temporairement près de la moitié faute de produits disponibles. Durant les mois qui ont suivi, les ventes ont été en deçà des prévisions et 55 employés ont été mis à pied. Au coeur des problèmes de Cannabis NB, l’approvisionnement en cannabis et la diversité des produits. Tout cela a eu un impact négatif sur les finances de la société de la Couronne.
Les choses tendent toutefois à s’améliorer. En ce qui a trait à l’approvisionnement, Cannabis NB a fait un bond de géant comparativement à ses débuts. À preuve, lors du lancement en octobre 2018, on ne comptait que sur les produits de cinq producteurs licenciés. Aujourd’hui, c’est plus de 13. Question diversité, elle est passée de 86 différents produits sur les tablettes l’an dernier à 337 aujourd’hui. Qu’à cela ne tienne, l’approvisionnement demeure fragile selon la porte-parole.
«L’offre globale de produits s’est stabilisée au cours des derniers mois. Elle s’améliore, mais elle n’a toujours pas atteint les niveaux initialement prévus. Nous constatons toujours une offre irrégulière de certains produits populaires et des lacunes dans notre portefeuille difficiles à combler», indique Mme Bolduc.