Environnement: petits pas ou bonds de géant
Longtemps absente des campagnes électorales, la question environnementale semble interpeller de plus en plus les électeurs néo-brunswickois. Mais la percée historique du Parti vert provincial ou les mobilisations citoyennes appelant à l’action n’empêchent pas le gouvernement Higgs de poursuivre sa croisade contre la taxe carbone et de soutenir le développement de l’industrie pétrolière et gazière. Trouvera-t-il un allié à Ottawa au lendemain du 21 octobre?
Lois Corbett, directrice du Conseil de la conservation du Nouveau-Brunswick, en est convaincue: la prise de conscience écologique gagne du terrain dans la province, malmenée ces dernières années par les évènements climatiques extrêmes.
«Il nous faut des actions sérieuses. Celui qui remportera l’élection devra comprendre que nous sommes au pied du mur, lance-telle. Les Néo-Brunswickois le savent après avoir vécu des inondations historiques, une tempête de verglas et des ouragans…»
La taxe sur le carbone imposée au Nouveau-Brunswick par le gouvernement Trudeau est devenue un enjeu de campagne majeur lors des élections provinciales. Le chef libéral compte l’augmenter progressivement tandis que son opposant Andrew Scheer entend l’abolir.
À ce sujet, Lois Corbett souhaite que les différents paliers de gouvernement puissent agir de concert.
«Ce n’est pas le moment pour les gouvernements de se disputer au sujet de l’outil qu’il faut utiliser, il faut que tout le monde se mette au travail pour réduire nos émissions de carbone.»
PARTI LIBÉRAL
Les libéraux promettent que le Canada sera carboneutre en 2050. Pour y arriver, le parti compte augmenter la taxe sur le carbone chaque année jusqu’en 2022. D’ici là, le tarif doit passer de 20$ la tonne, son prix actuel, à 50$.
La plantation de deux milliards d’arbres en dix ans, des crédits d’impôt aux entreprises qui développent des technologies ou fabriquent des produits zéro émission ou l’interdiction des articles en plastique à usage unique dès 2021 font aussi partie de leur feuille de route.
La formation de Justin Trudeau promet un programme d’assurance national et un plan d’action pour aider à relocaliser les propriétaires de maison qui sont à risque d’inondations répétées. Il est aussi question d’offrir un prêt sans intérêt et d’un audit gratuit pour les propriétaires de maisons et d’immeubles intéressés par des rénovations écoénergétiques.
PARTI CONSERVATEUR
Andrew Scheer est d’avis que c’est d’abord aux grands émetteurs, comme la Chine ou l’Inde, de porter le fardeau de la réduction des émissions. Un gouvernement conservateur abolirait la taxe sur le carbone récemment imposée par les libéraux.
Les conservateurs proposent plutôt d’imposer un plafond d’émissions de 40 kilotonnes de CO2 aux entreprises polluantes. Celles qui dépasseront leur limite seront tenues d’investir des sommes précises dans les technologies vertes.
M. Scheer a mis au centre de sa campagne l’idée d’un corridor énergétique traversant le pays d’un océan à l’autre. Son projet implique notamment la construction d’un oléoduc vers l’Est du Canada
Son parti propose également la création d’un crédit d’impôt pour les entreprises qui développent des technologies vertes, ainsi qu’un crédit d’impôt de 20% sur des rénovations écoénergétiques résidentielles de plus de 1000$.
PARTI VERT
Le Parti vert du Canada a des propositions particulièrement radicales en matière d’environnement: mettre fin à l’expansion du pipeline Trans Mountain, interdire la vente de voitures à essence d’ici 2030 (à l’exception des véhicules commerciaux) et mettre fin à la production de bitume devant se terminer entre 2030 et 2035.
Les verts proposent de doubler la cible canadienne afin de réduire de 60% les émissions de carbone d’ici 2030.
«D’ici 2030, la totalité de l’électricité utilisée au Canada proviendra de sources renouvelables», avance le Parti vert.
NOUVEAU PARTI DÉMOCRATIQUE
Les néo-démocrates se fixeront comme objectif et de passer à une électricité 100% sans émissions d’ici 2050.
Le chef Jagmeet Singh miserait sur une nouvelle Banque canadienne du climat pour stimuler les investissements dans les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique.
Il assure qu’un gouvernement néo-démocrate n’imposerait à aucune province le passage d’un oléoduc sur son territoire.
M. Singh souhaite aussi annuler les subventions aux énergies fossiles (les libéraux le feraient progressivement jusqu’en 2025).
Le NPD promet de bonifier les incitatifs fédéraux pour les véhicules à zéro émission et accroître l’offre de transport collectif.
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