Avortements: Higgs accuse Trudeau de faire de la politique partisane
Le premier ministre Blaine Higgs accuse Justin Trudeau de faire de la politique partisane avec l’enjeu de l’avortement au Nouveau-Brunswick simplement pour gagner des voix.
L’intérêt soudain du chef du Parti libéral du Canada pour la Clinique 554 de Fredericton s’explique avant tout par son désir de faire réélire son député local la semaine prochaine, selon M. Higgs.
Lors de son passage dans la capitale provinciale, mardi, M. Trudeau a averti Blaine Higgs qu’il serait prêt à utiliser tous les outils à sa disposition si le premier ministre du Nouveau-Brunswick continue à refuser de financer les avortements pratiqués à l’extérieur des hôpitaux.
Selon Justin Trudeau, Fredericton a l’obligation de payer pour les avortements effectués dans la seule clinique en milieu non hospitalier de la province.
Les responsables de la Clinique 554 ont annoncé la semaine dernière qu’ils n’auraient d’autres choix que de fermer leurs portes d’ici la fin de l’année sans l’aide financière de la province.
M. Higgs a répondu à M. Trudeau, mercredi, en affirmant que le Nouveau-Brunswick respecte en tout point la Loi canadienne sur la santé en limitant la couverture de l’Assurancemaladie aux avortements pratiqués à l’hôpital de Bathurst et aux hôpitaux de Moncton.
«La Loi canadienne sur la santé est assez claire. Nous ne finançons pas les cliniques privées et c’est ce que dit la loi», a déclaré le premier ministre aux médias.
Le chef progressiste-conservateur a rappelé que la politique de son gouvernement en matière d’avortement est exactement la même que celle du précédent gouvernement libéral.
«Il n’y a rien d’unique à notre position en comparaison à celle du gouvernement Gallant. La seule chose qui est unique en ce moment, c’est le moment choisi», a-t-il dit en faisant allusion au scrutin fédéral de lundi.
«N’est-ce pas curieux que les outils dont (Justin Trudeau) parle aujourd’hui, il les avaient déjà à sa disposition durant les quatre dernières années. C’est une déclaration vide de sens qui est typique en période électorale lorsque quelqu’un veut faire diversion pour ne pas parler d’autres dossiers.
Justin Trudeau a été premier ministre du Canada pendant trois des quatre années où Brian Gallant était au pouvoir au NouveauBrunswick.
En vertu de la Loi canadienne sur la santé, les services d’avortement doivent être assurés par le régime public dans toutes les provinces.
Les partisans d’un meilleur accès à l’avortement au Nouveau-Brunswick affirment que la procédure n’est pas accessible pour les nombreuses femmes qui habitent à plusieurs centaines de kilomètres de Moncton ou de Bathurst.
D’autres estiment que les femmes devraient pouvoir choisir entre un avortement à l’hôpital ou en clinique.
La pilule abortive qui peut être prescrite par un médecin de famille est payée par l’Assurance-maladie au N.-B.
Si son gouvernement est réélu, Justin Trudeau a promis de s’asseoir avec Blaine Higgs «pour lui expliquer qu’il doit fournir une couverture pour les services d’avortement offerts en dehors des hôpitaux ici au NouveauBrunswick».
«Le gouvernement fédéral (sera) prêt à utiliser tous les outils nécessaires, y compris sous la Loi canadienne sur la santé, pour assurer que ça soit fait par le gouvernement du Nouveau-Brunswick», a-t-il dit.
Ottawa pourrait notamment utiliser la Loi canadienne sur la santé pour retenir une partie des transferts fédéraux en santé destinés au Nouveau-Brunswick.
La Clinique 554 est un centre de santé familiale dont les services (sauf l’avortement chirurgical) sont couverts par l’Assurancemaladie.
UN ENJEU POUR LA COMMUNAUTÉ LGBTQ+
La clinique est le seul établissement de la province qui se spécialise dans les soins de santé aux membres de la communauté LGBTQ+. Certains membres de cette communauté craignent de perdre des services qui leur sont essentiels si l’établissement met fin à ses activités.
Blaine Higgs affirme toutefois qu’ils pourront recevoir les soins dont ils ont besoin dans les autres établissements de santé de la région.
«Je suis certainement déçu s’ils sentent qu’ils n’ont nulle part d’autres vers où aller. J’aimerais penser que les établissements de santé qui sont ici dans la région comme l’hôpital (de Fredericton) et l’hôpital d’Oromocto seraient capables et devraient avoir l’obligation d’offrir ces services.»