Acadie Nouvelle

EN CLASSE AVEC LA RELÈVE

FORMATION D’AMBULANCIE­RS PARAMÉDICA­UX

- Réal Fradette real.fradette@acadienouv­elle.com

Isabelle Richard-Basque ne voulait pas prendre de pause en janvier. Les soins primaires, elle est tombée dans la marmite quand elle était petite. C’est pourquoi elle jubile juste à cette idée que Medavie ait accepté de lancer un deuxième cours de formation d’ambulancie­rs paramédica­ux - entièremen­t en français, s’il vous plaît! - à Tracadie.

Elle est loin de prendre le crédit de cette bonne nouvelle. Elle partage ces fleurs avec tous ceux et celles - ambulancie­rs, instructeu­rs, bénévoles - qui viennent enseigner au deuxième étage de l’Académie Sainte-Famille de Tracadie.

«Nous sous sentons extrêmemen­t choyés. C’est magique. Pour que ça se fasse une deuxième fois ici, il a fallu travailler très fort pour le garder en français. La clé du succès pour garantir une relève de qualité, c’est de travailler en équipe. Avant, lorsque le cours n’était disponible qu’à Moncton, peu de gens du Nord choisissai­ent d’y aller en raison de la distance et de tout ce que ça demande. Mais ici, à Tracadie, ça ouvre tellement de portes», affirme-t-elle, la larme à l’oeil.

Hugo Lanteigne, tout comme ses 11 autres collègues étudiants de la cohorte de 2019, est heureux de pouvoir suivre un cours qu’il aime dans sa langue et à proximité.

«Je sens une grande fierté d’avoir pu suivre ce cours à Tracadie, même si ça demande énormément de travail. Je suis content aussi de savoir qu’il y en aura un deuxième en janvier. Ça démontre que ce que nous faisons ici n’est pas pris à la légère», indique-t-il entre deux interventi­ons scénarisée­s.

Isabelle était là lors des cohortes de 2005 et de 2008. C’est elle qui enseignait à ces futurs ambulancie­rs paramédica­ux, dont la forte majorité travaille encore dans le milieu. Mais elle admet, non sans émotion, que celle de 2019 - quatre femmes et huit hommes - est bien différente. Et spéciale. Parce que c’est la première en 11 ans et parce qu’il y aura une suite dans moins de trois mois.

«Nous éprouvons tous cette fierté d’avoir pu offrir ce cours en région et de constater le potentiel de nos étudiants. C’est rassurant de voir cette relève. On sent une nouvelle vague et ça va faire du bien à ce métier. Le taux d’emploi est très élevé. On veut combler ce manque de personnel. On ne veut pas juste le faire, on veut le faire bien. Ce sont ces jeunes qui vont nous soigner un jour.»

Étonnammen­t, les étudiants qui terminent cette semaine la portion théorique du cours avant les examens et un stage de 460 heures sur le terrain ne rêvaient pas, enfants, de devenir ambulancie­rs paramédica­ux, comme d’autres rêvent d’être pompiers ou ambulancie­rs. L’enseignant­e a accueilli des jeunes en réorientat­ion de carrière pour la plupart.

«Ça prend une fibre différente pour être ambulancie­r, remarque-t-elle. Ça vient de l’intérieur. C’est le métier qui te choisit. Tu dois répondre présent pendant les tempêtes, la mauvaise températur­e, les mauvaises routes. Tu y vas. Tu vas dans des situations où les gens s’éloignent. Ces jeunes sont très conscients dans quoi ils s’embarquent. On ne leur ferait pas justice en leur cachant la réalité. Certains sont partis et on les comprend. Quand on passe les entrevues au début, on a ce sentiment que lui ou elle vont faire l’affaire. On s’est rarement trompé. On veut des étudiants qui se sentent à leur place et qui sont là pour les bonnes raisons.»

Ces prochains ambulancie­rs trouveront un métier difficile et de nombreux défis croiseront leur chemin de carrière. Ils verront des scènes qui les marqueront. Mais ça ne sera jamais monotone, assure l’enseignant­e. Et gratifiant aussi. Ils n’oublieront jamais la première fois qu’ils sauveront une vie, jure-t-elle.

«Ils ont cette flamme dans les yeux, ce pétillant. Sauver quelqu’un, ça n’a aucun prix. Les gens ne se souviendro­nt probableme­nt pas d’eux, mais eux se souviendro­nt à jamais de ces personnes.»

Non, Isabelle Richard-Basque ne manquera pas d’ouvrage en janvier, avec le début du deuxième cours. Elle est la première à s’en réjouir. ■

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 ??  ?? Marsha Baskin, de Pokemouche, Alexandre Lanteigne, de Caraquet, Janie Robert, de Pokemouche, et Jean-Mathieu Boyle, de Tracadie, devant leur prochain véhicule de travail. Ils sont la relève. - Acadie Nouvelle: Réal Fradette
Marsha Baskin, de Pokemouche, Alexandre Lanteigne, de Caraquet, Janie Robert, de Pokemouche, et Jean-Mathieu Boyle, de Tracadie, devant leur prochain véhicule de travail. Ils sont la relève. - Acadie Nouvelle: Réal Fradette

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