Acadie Nouvelle

LE GRAND DÉFI DU CINÉMA EN FRANÇAIS À MONCTON

- sylvie.mousseau@acadienouv­elle.com @SylvieMous­seau1

Le succès récent du Lundi franco au Cinéplex était-il un feu de paille ou existe-t-il un réel intérêt pour le cinéma de langue française dans la région de Moncton? La direction de l’entreprise de divertisse­ment, qui compte une quinzaine d’écrans à Moncton et à Dieppe, envisage diverses possibilit­és pour répondre à la demande des francophon­es, sans toutefois rien promettre.

Si le projet de cinéma indépendan­t est maintenant mort, il reste qu’il y a toujours une demande pour des films de langue française, soutient Donald Langis, porteparol­e du comité appelé à se dissoudre. À son avis, le projet de cinéma indépendan­t était viable. Face à l’impossibil­ité d’obtenir du financemen­t, les promoteurs ont dû mettre un terme à leurs aspiration­s.

«On avait fait une demande à la Société d’aménagemen­t régional. Tout semblait marcher très bien, mais la demande a été refusée», a partagé M. Langis.

Celui qui a travaillé à ce projet pendant plusieurs années demeure convaincu qu’il y a de la place pour du cinéma français à Moncton. Il faut juste bâtir l’auditoire.

«On avait constaté qu’il y avait une réelle demande. On s’était dit que si la demande n’était pas assez forte pour le cinéma francophon­e, qu’on irait chercher un film anglais à l’occasion, mais c’était surtout pour avoir des films français. Dans ma tête, le projet est viable.»

À l’exception de la tenue annuelle du FICFA (Festival internatio­nal du cinéma francophon­e en Acadie), les cinéphiles du Grand Moncton ne sont pas tellement choyés en matière de cinéma francophon­e. Selon M. Langis, Cinéplex ne remplit pas son mandat et n’offre pas suffisamme­nt de films français à Moncton. Pourquoi ne pas consacrer une de ses salles au cinéma francophon­e? Donald Langis mentionne aussi le manque de publicité et de promotion autour des films français à l’affiche du cinéma.

«Si tu veux avoir un film qui est rentable, il faut avoir un film dont la promotion se fait à la télévision. Ils l’annoncent pas. Pour savoir s’il y a un film français, il faut aller sur Internet et dans l’Acadie Nouvelle.»

La semaine dernière, le film La femme de mon frère de Monia Chokri, à l’affiche des Lundis Francos au Cinéplex de Dieppe, a fait courir les foules. La direction du cinéma a même ajouté des séances de projection les mercredis et jeudis. De passage récemment à Dieppe, le vice-président du Cinéplex pour l’est du Canada, Daniel Séguin, se réjouit d’un tel succès, mais à son avis, cela n’a pas toujours été le cas avec les Lundis francos. Il y a eu des hauts et des bas, soutient-il tout en rappelant que tout est une question d’offre et de demande.

«Nous avons des obligation­s des fois avec des studios pour certains films et on ne peut pas nécessaire­ment libérer des écrans pour quelques représenta­tions. Nonobstant tout ça, il y a définitive­ment une opportunit­é qu’il faut regarder. On est en conversati­on avec le départemen­t de programmat­ion pour voir s’il y a des opportunit­és qu’on peut regarder en allant de l’avant.»

UN ÉCRAN POUR LE CINÉMA FRANCOPHON­E?

Les deux Cinéplex, à Dieppe et à Moncton, comptent une quinzaine d’écrans. À savoir si un de ces écrans pourrait éventuelle­ment être dédié au produit francophon­e ou encore au cinéma d’auteur, le vice-président demeure prudent. Il précise qu’il doit respecter les ententes et les relations d’affaires qu’ils ont développée­s avec les distribute­urs.

«Au niveau de la distributi­on, quand quelqu’un veut avoir une salle, il veut l’avoir à 100%. Si on prend une salle ici et qu’on décide d’avoir quatre ou cinq films différents dans la même salle, c’est là que ça devient compliqué avec les distribute­urs parce qu’ils veulent avoir la fenêtre à 100% dans la même salle.»

Par le passé, il est arrivé que l’entreprise programme un film français dans une salle pour quelques semaines. D’après M. Séguin, les résultats n’ont pas été concluants sur le plan financier.

«Je ne dis pas que la population n’est pas intéressée, mais un film français sur deux semaines, il y aurait peut-être eu un autre film qui aurait pu prendre sa place», a relevé le vice-président rappelant que l’entreprise cherche à rentabilis­er ses installati­ons.

Or Daniel Séguin dit avoir compris le message des cinéphiles du Grand Moncton et il se dit disposé à étudier diverses options, dont la possibilit­é de réserver un écran pour des produits différents, un peu comme il se fait dans d’autres marchés canadiens desservis par Cinéplex. Par exemple, Halifax dispose d’un écran appelé événementi­el. Cette salle pourrait offrir une programmat­ion diversifié­e telle que des films de langue française, du cinéma d’auteur, des événements spéciaux et ainsi de suite.

«Ça peut être de l’opéra, du cinéma d’auteur, des films français. Je pense qu’il y a une opportunit­é de regarder ça et de voir comment on peut l’intégrer ici dans la région.»

Tout en étant conscient que le lundi n’est peut-être pas la soirée idéale pour les cinéphiles, il souligne qu’il est beaucoup plus facile de libérer un écran cette journée. «Pour le moment, ça va rester le lundi. Par contre, comme pour le film Menteur (le prochain à l’affiche des Lundis francos), il faut s’attendre qu’il y aura une demande et être capable de s’ajuster pour le reste de la semaine.»

Il reconnaît qu’il faut que l’entreprise revoie la mise en marché des Lundis francos. Les affiches de films français se font plutôt discrètes au Cinéplex. D’ailleurs, Daniel Séguin admet qu’il a lui-même cherché un peu les affiches en entrant au cinéma.

Menteur d’Émile Gaudreault sera à l’affiche des Lundis francos le 4 novembre, tandis que Matthias et Maxime de Xavier Dolan sera présenté le 2 décembre. ■

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- Acadie Nouvelle: Sylvie Mousseau Le vice-président du Cinéplex pour l’est du Canada, Daniel Séguin, était récemment de passage dans le Grand Moncton.
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