Trop de festivals et d’événements dans la Péninsule acadienne?
Y a-t-il trop de festivals et d’événements dans la Péninsule acadienne pendant la période estivale? Est-on en train, sans le vouloir, de tuer la poule aux oeufs d’or?
Non, affirme Yannick Mainville, directeur du développement touristique à la Commission des services régionaux de la Péninsule acadienne. Du moins, pas pour l’instant. Mais avant d’en arriver à l’inévitable, il propose une table de concertation pour en discuter. Ça devrait se tenir avant les Fêtes.
Un peu comme la sélection naturelle qui réduit par elle-même un cheptel trop nombreux pour la nourriture disponible, c’est à se demander si ce n’est pas ça qui attend les festivals et événements dans la région.
Question quiz: combien y a-t-il eu d’événements en 22 semaines, soit du début juin à la fin octobre? Un total de… 72, dont 18 en juin, 21 en juillet et 16 en août. Dans une seule fin de semaine de juillet, 11 ont eu cours dans la région. C’est beaucoup.
Surtout que l’on assiste à un changement majeur des habitudes de consommation dans le domaine du loisir, fait remarquer M. Mainville.
Les jeunes n’ont pas les mêmes intérêts que leurs parents. L’offre est surabondante. L’argent disponible ne peut pas se multiplier comme par enchantement, ce qui force nécessairement des choix chez le consommateur qui satisferont un, mais nuira à l’autre.
Il faut en tenir compte dans la nouvelle équation.
«Tous les événements ont leur place, croit-il. Mais le consommateur local ou touristique a un budget X et doit choisir un événement entre Y ou Z. Je ne dis pas qu’il y a trop d’événements, même si nous reconnaissons qu’il en a beaucoup. Mais nous devons prendre conscience des réalités actuelles du marché.»
Plusieurs festivals ont vu chuter la vente de leurs billets de spectacles, les privant ainsi de revenus importants, au point où leurs directions étudient des changements importants dans leur programmation.
On n’a qu’à penser au Festival acadien de Caraquet. Face à un deuxième déficit consécutif, le conseil d’administration a pris la décision d’éliminer le poste de direction générale, lui permettant d’économiser plusieurs dizaines de milliers de dollars en ces temps difficiles (voir encadré). On songe aussi, tout comme d’autres événements, à réduire le nombre de jours de festivités.
«Nous avons une constatation et nous sommes devant une problématique, estime Yannick Mainville. Nous voulons jouer un rôle de facilitateur dans ces échanges. Nous voulons trouver des solutions, car tout est relié aux nouvelles tendances de consommation et à la multiplication des événements. Nous sommes devant une réalité et nous devons maintenant l’apprivoiser. Il faut être conscient de ce qui se passe autour, comprendre notre clientèle et réévaluer notre capacité d’accueil. Notre but n’est pas de couper l’herbe sous le pied de quelqu’un d’autre. On veut cohabiter et se réaligner pour le bien de tout le monde.» ■