Bernard Richard déplore le peu de progrès dans la lutte contre la pauvreté
En s’adressant à un groupe de gens réunis dans une église de Moncton, jeudi, l’ancien ministre Bernard Richard a dressé un bilan peu reluisant des 30 dernières années de lutte contre la pauvreté des enfants dans la province.
Il indique que lorsqu’il était député en 1989, l’Assemblée législative s’était engagée à éliminer la pauvreté infantile.
Trente ans plus tard, Bernard Richard constate que l’objectif n’a pas été atteint.
«C’est décourageant qu’en 2019, 30 ans plus tard, il reste toujours des taux de pauvreté infantile si élevés», dit l’ancien politicien.
Selon une étude de l’Université de Calgary, 22,2% des enfants du Nouveau-Brunswick vivaient sous le seuil de la pauvreté en 2015.
Il souligne tout de même des progrès dans certains secteurs.
«L’allocation canadienne pour les enfants a eu un impact, et on a vu que ça a été soulevé dans la campagne, mais je pense qu’on peut faire mieux et qu’on doit faire mieux.»
Il constate que la pauvreté infantile se fait encore plus sentir dans les communautés autochtones. Il oeuvre lui-même sur le terrain pour tenter de les aider.
Depuis 2018, il conseille les chefs de six communautés autochtones qui ont décidé de se regrouper pour s’attaquer à l’enjeu de la pauvreté infantile.
«On veut développer la fierté de ces enfants-là pour leur donner confiance. Ils ont longtemps été victimes de racisme et de préjugés. Je pense que le travail de réconciliation nous appartient.»
Une cinquantaine de personnes se sont pointées à l’église Saint-Bernard de Moncton pour l’écouter lors de la journée mondiale pour l’élimination de la pauvreté.
Il constate tout de même que l’intérêt pour cet enjeu reste timide, aussi bien dans les milieux politiques que dans le reste de la population.
«Ça me fait vouloir redoubler d’efforts. Nos sociétés sont de plus en plus riches et c’est inacceptable d’abandonner comme ça les moins nantis.»
Maxime Dubé, porte-parole du Front commun pour la justice sociale, constate lui aussi que la réduction de la pauvreté n’a pas été un enjeu lors de cette campagne électorale fédérale.
Il estime, par contre, que les gouvernements n’auront bientôt plus le choix d’agir en raison des «urgences», comme celle de la population de sans-abris à Moncton.
«Il y a des décisions à long terme qui devront être prises pour réduire la pauvreté, mais des solutions à court terme s’imposent.»
Il réclame davantage de maisons d’hébergement dans l’immédiat pour régler ce qu’il qualifie d’une «crise du logement».
«On est rendus au point où des assistés sociaux se retrouvent dans la rue parce qu’ils font faillite ou éprouvent d’autres problèmes parce qu’ils ne peuvent pas prendre soin d’eux-mêmes», souligne le porte-parole. ■