Acadie Nouvelle

Mort de Michel Vienneau: commotion et hurlements à la gare de Bathurst

- allison.roy@acadienouv­elle.com

Deux témoins ont donné leur version des faits, vendredi, lors de la troisième journée de la séance d’arbitrage qui doit permettre de statuer sur le sort des policiers Mathieu Boudreau et Patrick Bulger, à propos de la mort de Michel Vienneau à Bathurst.

Wayne Coster était l’ingénieur de garde sur le train dans lequel M. Vienneau et sa conjointe voyageaien­t, le 12 janvier 2015.

Lors de son témoignage, vendredi, il a décrit la commotion et les hurlements dont il a été témoin à la gare de Bathurst, ce jour-là.

Déchargean­t les bagages de ses passagers, près du stationnem­ent, M. Coster explique avoir aperçu un homme tirer de quatre à cinq coups de feu sur le côté passager d’une voiture blanche.

M. Coster raconte à coeur battant ce qui lui a traversé l’esprit en apercevant cette scène.

Il souligne qu’il n’avait repéré aucun policier jusqu’après la fusillade, lorsque son collègue, M. Sutton, lui a montré du doigt de petites lumières clignotant­es dans la voiture de police banalisée.

«J’étais soulagé. Jusque là, je ne savais pas comment ça allait se terminer», a-t-il dit en s’appuyant sur le dossier de sa chaise.

Il n’aurait également pas aperçu le policier Patrick Bulger.

TJ Burke, l’avocat de la défense, a suggéré que l’ingénieur n’avait peut-être pas son attention complète sur la scène qui se déroulait devant lui puisqu’il devait également assurer la sécurité de ses passagers.

Finalement, Me Brian Monroe a interrogé le témoin à savoir si la couverture médiatique du drame aurait pu influencer ses souvenirs du 12 janvier, mais M. Coster assure qu’il «raconte son histoire et non celle des autres.»

LE TUYAU D’ÉCHEC AU CRIME

C’était au tour de Ron DeSilva, enquêteur à la Gendarmeri­e royale du Canada, de s’installer à la barre des témoins, vendredi aprèsmidi.

M. DeSilva a expliqué qu’il habite maintenant à Fredericto­n, mais qu’en 2015, il supervisai­t l’unité Nord-Est d’intelligen­ce criminelle, à Bathurst.

À l’époque, M. Boudreau et M. Bulger travaillai­ent tous les deux au sein de cette unité. Enquêter sur le trafic de drogues faisait partie de leurs fonctions quotidienn­es, a-t-il souligné.

Le matin du 12 janvier, M. DeSilva se souvient que les deux constables avaient commencé leur journée au bureau, comme à l’habitude.

Vers 9h50, le superviseu­r a reçu un tuyau d’Échec au crime selon lequel deux individus qui voyageaien­t en train devaient arriver à Bathurst avec un chargement de drogue vers 8h. «J’ai dit à constable Bulger qu’il avait manqué le tuyau», a partagé M. DeSilva.

Peu de temps après, l’enquêteur dit avoir reçu un deuxième courriel contenant cette fois des détails tels que le nom de Michel Vienneau et d’Annick Basque, la descriptio­n d’une voiture et le format dans lequel les drogues auraient supposémen­t été transporté­es.

«Bulger m’a avisé que le train était en retard», a-t-il indiqué.

Rapidement, les policiers ont pris la route vers la gare. M. DeSilva, lui, est resté au bureau pour tenter de dénicher des informatio­ns supplément­aires sur M. Vienneau.

Environ une heure plus tard, l’enquêteur se souvient d’avoir entendu les coups de feu sur les ondes radio de la police de Bathurst. Sans tarder, il s’est rendu sur les lieux de l’incident.

Lors du contre-interrogat­oire d’inspecteur DeSilva, Me Burke lui a posé plusieurs questions sur l’usage de force.

«Si vous aviez un partenaire qui était pris en dessous d’une voiture et qui commençait à aller sous la roue, est-ce possible que vous tiriez le conducteur pour qu’il arrête?», a-t-il demandé.

DeSilva a affirmé que ce serait possible. Il est d’avis que les principes d’usage de la force sont subjectifs à chaque situation.

L’avocat a aussi suggéré que le tuyau d’Échec au crime semblait pleinement plausible, notamment puisque la descriptio­n de la voiture correspond­ait à celle stationnée à la gare et que Montréal est reconnu, selon lui, comme étant un «point chaud» pour le trafic de drogues.

Me Burke rappelle aussi à l’arbitre que c’était l’obligation des policiers d’enquêter.

M. DeSilva ne dit pas le contraire. ■

«Je ne comprenais pas ce qui se passait. Je pensais honnêtemen­t qu’il y avait un film en tournage ou bien la mafia qui était là, parce que tout s’est tellement passé vite.»

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- Acadie Nouvelle: Allison Roy L’enquêteur Ron DeSilva, de la GRC, a témoigné.
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