Acadie Nouvelle

Les changement­s climatique­s menacent l’eau et les récoltes

- Bob Weber

Des chercheurs canadiens ont collaboré à une vaste étude mondiale sur les changement­s climatique­s qui prévient que des milliards de personnes parmi les plus pauvres du monde sont en danger.

Les résultats, publiés jeudi dans la revue Science, soulèvent des questions troublante­s quant à savoir qui sera capable de s’adapter à un monde en mutation et moins fiable.

«Les problèmes risquent de survenir là où les gens sont le moins capables de faire face à la situation», a observé Elena Bennett, qui étudie les systèmes écologique­s à l’Université McGill et est l’un des 21 coauteurs du document.

L’équipe a examiné trois manières dont les humains dépendent de la nature. De nombreuses cultures dans le monde sont pollinisée­s par des population­s d’insectes et d’oiseaux sains; les rives sont protégées de l’érosion et des tempêtes par les récifs coralliens et les marais côtiers; et la qualité de l’eau est protégée par la filtration des marais et des zones humides.

Dans certains endroits, ces avantages sont fournis par l’entremise de technologi­es telles que l’infrastruc­ture contre les inondation­s ou le traitement de l’eau, ou simplement en achetant des produits alimentair­es sur le marché mondial au lieu de les faire pousser localement. Ailleurs, cependant, les gens comptent toujours sur la nature.

L’équipe a pu utiliser de grandes quantités de données provenant de sources telles que des satellites pour modéliser les endroits où la nature offrait ces avantages et ceux où les gens en avaient besoin et ne les obtenaient pas.

Elle a ensuite projeté les conséquenc­es des futurs changement­s climatique­s sur ces avantages.

«Ça identifie la contributi­on de la nature, a noté Mme Bennett. Où cela est-il important pour les gens?»

DES MILLIARDS DE VICTIMES

La recherche a révélé que si rien n’était fait pour atténuer les effets des changement­s climatique­s, jusqu’à 4,5 milliards de personnes d’ici 2050 pourraient être contaminée­s par des produits chimiques tels que l’azote provenant des eaux de ruissellem­ent agricoles. On conclut également que cinq milliards de personnes pourraient être confrontée­s à des pertes de récoltes attribuabl­es à un échec de la pollinisat­ion.

Environ 500 millions de personnes seraient confrontée­s à des conséquenc­es côtières, souligne le rapport.

Mais si les risques liés au littoral sont répartis de manière uniforme dans le monde entier, le document conclut que les autres menaces ne le sont pas.

«Là où nous observons les besoins les plus pressants, nous constatons également une diminution de la capacité de répondre à ces besoins, a dit Mme Bennett.

«Nous voyons beaucoup plus de personnes exposées à un risque plus élevé de pollution de l’eau, de tempêtes côtières, de cultures qui ne sont pas pollinisée­s au maximum. Cela finit par se faire sentir davantage dans les pays en développem­ent que dans les pays développés.»

Le rapport indique que l’Afrique et l’Asie du Sud sont probableme­nt les plus menacées. Plus de la moitié de la population pourrait être exposée à des risques supérieurs à la moyenne, précise-t-il.

Cela peut sembler lointain, mais ce n’est pas le cas, a prévenu Mme Bennett.

«Vous n’avez pas besoin de réfléchir longtemps avant de songer: ‘‘OK, si le Bangladesh est inondé, des centaines de millions de réfugiés climatique­s quitteront le Bangladesh pour aller où?’’»

«Il n’est pas nécessaire de suivre cette logique très longtemps pour se rendre compte que nous sommes aux prises avec de vrais problèmes.»

Le rapport note que les efforts pour lutter contre les changement­s climatique­s réduisent considérab­lement les risques. Des scénarios économique­s plus durables réduisent les risques d’au moins les deux tiers et dans certains cas jusqu’à neuf dixièmes.

«Il est très facile de simplement supposer que ces (services naturels) sont là pour nous et qu’ils le seront toujours, peu importe la façon dont nous en abuserons et en tirerons parti, a affirmé Mme Bennett.

«Mais si nous continuons à tenir cela pour acquis, nous allons probableme­nt finir avec un endroit où nous ne voudrons pas vivre. Où nos enfants et nos petits-enfants ne voudront pas vivre non plus.» ■

 ??  ?? Cette image tirée d’une vidéo fournie par la NASA démontre l’étendue minimale probable des glaces dans la mer Arctique le 18 septembre 2019, par rapport à la moyenne minimale de 1981 à 2010. - Associated Press: Trent Schindler/NASA
Cette image tirée d’une vidéo fournie par la NASA démontre l’étendue minimale probable des glaces dans la mer Arctique le 18 septembre 2019, par rapport à la moyenne minimale de 1981 à 2010. - Associated Press: Trent Schindler/NASA

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