Statut professionnel de l’artiste: l’AAAPNB est aux aguets
À quelques jours de l’élection fédérale, l’Association acadienne des artistes professionnels du Nouveau-Brunswick (AAAPNB) tient à remettre à l’avantscène l’importance d’instaurer une loi sur le statut de l’artiste, en rappelant la nécessité de conjuguer les efforts des gouvernements fédéral et provincial afin d’améliorer de façon concrète les conditions socio-économiques des créateurs.
Le dossier des conditions socio-économiques a fait couler beaucoup d’encre au cours des dernières années.
En 2013, l’AAAPNB ainsi que des représentants des artistes anglophones et des Premières nations ont tenu un forum sur ce sujet. Ils ont alors émis une série de revendications en vue de créer un projet de loi sur le statut professionnel des artistes incluant des mesures sociales, économiques et fiscales pour améliorer leurs conditions de vie.
Les représentants du milieu culturel s’appuient sur des données peu reluisantes, précisant du même souffle que le revenu médian des artistes au Nouveau-Brunswick était de 17 572$ en 2010 (Hill Stratégies Recherche Inc), soit le plus bas au pays. Au Canada, il se situe à 21 580$.
Le Groupe de travail du premier ministre sur le statut de l’artiste a tenu sa première réunion en juillet 2014. Ce groupe qui rassemble des fonctionnaires, des représentants d’artistes et des experts dans ce domaine a comme objectif d’élaborer un projet qui sera soumis au premier ministre.
Depuis, les travaux ont été plutôt au ralenti, notamment en raison des changements de gouvernement. À chaque élection, ils doivent rebâtir les ponts.
«Avec le nouveau gouvernement minoritaire conservateur, ce qu’on comprend, c’est que le statut de l’artiste est un dossier important pour le premier ministre et le vice-premier ministre. Maintenant, il reste à voir ce que ça voudrait dire dans les faits», a déclaré le président de l’AAAPNB, Philippe Beaulieu.
Une prochaine rencontre du groupe de travail est prévue le 23 octobre.
Un rapport préparé par des experts qui devrait en principe tenir compte des recommandations des artistes leur sera présenté.
Philippe Beaulieu tient à ce que le document en question présente un argumentaire solide pour appuyer leurs revendications. Les artistes veulent de réelles mesures pour améliorer la situation des artistes et non une loi déclaratoire comme il en existe dans la majorité des provinces canadiennes. Le Québec, la Saskatchewan, Terre-Neuve-et-Labrador, la NouvelleÉcosse, l’Ontario et l’Alberta ont déjà une telle loi. Or la plupart des ces lois ne contiennent pas de plan d’action concret, soulève M. Beaulieu. Pour arriver à instaurer des mesures concrètes, le gouvernement fédéral doit s’impliquer.
«On demande l’arrimage fédéral-provincial parce que le fédéral a aussi une part importante à jouer dans tout ce qui à trait aux mesures socio-économiques, que ce soit l’assurance-emploi, la fiscalité, les fonds de pension du Canada ou le revenu annuel garanti.»
Selon Philippe Beaulieu, les mesures mises de l’avant pour les artistes professionnels par le fédéral et le provincial pourront après coup profiter à l’ensemble des travailleurs autonomes et atypiques au pays. Il rappelle que ce type de travailleurs est en croissance au Canada.
Toujours selon les données fournies par Hill Strategies Recherche, le Canada compte 136 600 artistes actifs au pays, ce qui est légèrement supérieur au nombre de personnes actives dans le secteur de la construction automobile. Un total de 671 100 personnes oeuvrent dans les professions culturelles, soit 3,82% de la population active. Le nombre d’artistes est en croissance avec une augmentation de 56% de 1989 à 2013.
En 2017, le Nouveau-Brunswick comptait 1700 artistes. D’après l’AAAPNB, il faut doubler ou même tripler ce chiffre. Dans la province, plus de 7500 emplois sont liés à la culture.
En cette période électorale, l’association demeure vigilante. Philippe Beaulieu précise que ses membres ne veulent surtout pas se retrouver dans une période d’austérité.
«On ne veut pas que le nouveau gouvernement tranche ou mette la hache dans les arts et la culture parce qu’à ce moment-là, au lieu de sortir du bois, on entrera encore plus creux dans le bois», a-t-il imagé. ■