Produits comestibles de cannabis: les médecins invitent les consommateurs à s’informer
En ce premier anniversaire de la légalisation du cannabis à des fins récréatives, la Société médicale du NouveauBrunswick a cru bon relancer sa campagne de sensibilisation et d’éducation portant sur les dangers potentiels de cette drogue.
Urgentologue à l’Hôpital de Moncton et président sortant de la Société médicale, le Dr Serge Melanson l’admet: la première année suivant la légalisation n’aura pas été la catastrophe anticipée par plusieurs.
«Au point de vue médical, je n’ai pas remarqué une augmentation significative de cas négatifs en lien avec la consommation de cannabis. Je n’ai pas vu davantage de cas d’abus, de psychose chez les jeunes, ou d’accidents liés au cannabis depuis la légalisation qu’avant celle-ci», souligne le médecin.
Au contraire, celui-ci dit même avoir noté un effet positif à ce passage à la légalité. Ses patients seraient en effet plus à l’aise à admettre leur consommation, ce qui était plus rare lorsque ce geste était illégal.
«Ils sont moins gênés et c’est bien, car avec cette donnée en main, cela nous permet d’avoir une meilleure vue d’ensemble de la situation. On peut mieux réagir, mieux conseiller», souligne-t-il.
Selon lui, les études sur les impacts (positifs ou négatifs) du cannabis au NouveauBrunswick ne sont toutefois pas encore complètes et suffisamment de qualité pour permettre de poser un diagnostic sur les effets de la légalisation. Difficile donc de dire si des problèmes ont émergé depuis la légalisation.
«C’est un long processus, ça risque de prendre quelques années avant d’avoir un portrait de qualité des impacts de la légalisation chez nous», note le docteur.
Qu’à cela ne tienne, il estime qu’il ne faut pas baisser la garde pour autant. Lancée dans la foulée de la légalisation l’an dernier, la campagne «Légal, mais pas sans danger» vient d’être remise en branle. Dans cette campagne, on souligne que, comme le tabac et l’alcool, le cannabis peut avoir de graves répercussions sur la santé en général de ses consommateurs. Dans certains cas, une consommation excessive peut accélérer le rythme cardiaque et provoquer de l’anxiété et des vomissements. Les épisodes psychotiques et les crises d’épilepsie sont également possibles.
Ce rappel, selon le Dr Melanson, se veut d’autant plus pertinent, surtout à l’aube de l’arrivée sur le marché des produits comestibles.
«C’est complètement un nouveau marché qui s’ouvre et ce type de produits apportera son lot de particularités que l’on ne retrouve pas avec la consommation traditionnelle (fleurs séchées) du cannabis», estime-t-il.
Celui-ci craint surtout une certaine ignorance de la part des débutants. Historiquement attirés par les comestibles plutôt que les fleurs séchées, plusieurs en ignorent toutefois le fonctionnement.
«Lorsque l’on fume le cannabis, l’effet se fait ressentir très rapidement, dans les minutes seulement suivant sa consommation. Par contre, si l’on mange un comestible, ça peut prendre une à deux heures, et même plus. C’est une nuance importante à comprendre. Car voyant que le produit ne fait pas effet immédiatement, plusieurs seront tentés d’en ingérer davantage avant même que la première dose ait eu le temps d’agir. Et c’est là que l’on risque le surdosage», prévient le médecin.
Selon ce dernier, les utilisateurs de comestibles devront aussi se montrer doublement vigilants alors que ces produits – contrairement fleurs séchées ou aux gélules et huiles de cannabis – ressemblent fortement à des produits de consommation conventionnels. Du coup, ceux-ci risquent d’être ingérés plus facilement par de très jeunes enfants.
«On encourage fortement les utilisateurs à bien entreposer leurs comestibles une fois que ceux-ci seront disponibles, afin d’éviter justement ce genre de situations qui pourraient mal tourner», mentionne le Dr Melanson.
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