Acadie Nouvelle

LE COURAGE DE DÉNONCER SON PÈRE

- Alexander Boudreau alexandre.boudreau@acadienouv­elle.com

Shanti Poirier a le coeur un peu plus léger en sortant du palais de justice de Moncton. Elle a enfin espoir que justice sera faite. Des accusation­s de viol, d’inceste et de menaces de mort pèsent maintenant contre son père, William Macenauer.

L’histoire remonte à 2003, lorsqu’elle habitait à Cocagne avec ses parents. À l’époque, Shanti Poirier avait 11 ans. C’est cette annéelà que son père aurait commencé à la violer, selon elle.

«L’abus sexuel a commencé en 2003, mais il y avait toujours de la violence dans la maison au cours de mon enfance, même quand j’étais petite», dit Shanti Poirier en entrevue.

À cet âge, elle tient le coup et elle tente de vivre une vie normale, mais elle a de la difficulté à bien comprendre ce qui lui arrive.

«Je n’étais pas bien. Je me souviens d’avoir eu des pensées suicidaire­s. Mais j’ai pu aller à l’école et me faire des amis. J’ai pu devenir proche avec des enseignant­es. J’ai pu garder mon humanité. Si je n’avais pas eu de bonnes personnes qui m’entouraien­t, je ne serais probableme­nt pas sortie en vie de cette maison-là.»

Même si elle était bien entourée en dehors de la maison, la crainte des représaill­es de la part de son père la forçait au silence, dit-elle.

Aujourd’hui, la liste des accusation­s qui pèsent contre William Macenauer – au nombre de 19 – se lit comme une histoire d’horreur.

Selon la dénonciati­on signée par Valérie Boudreau de la GRC, William Macenauer aurait illégaleme­nt eu des rapports sexuels avec sa fille, et l’aurait agressée à plusieurs reprises au cours des années. On y détaille qu’il l’aurait touchée avec ses doigts, sa bouche, son pénis et un vibrateur.

Il lui aurait également proféré des menaces de mort ainsi qu’à sa mère.

«À la maison, tous les jours, je me faisais dire que si j’en parlais à quelqu’un, rien ne changerait. J’avais vraiment peur de le dire à quelqu’un, même des adultes, parce que je ne pensais pas qu’il y avait un moyen de m’en sortir sans que quelqu’un se fasse mal», dit la jeune femme.

Il y a une dizaine d’années, à l’âge de 17 ou 18 ans, elle réussit à convaincre ses parents de la laisser déménager à Moncton en prétextant vouloir étudier en kinésiolog­ie.

Shanti Poirier établit ce plan puisque son père tentait alors de la forcer à déménager avec lui au Mexique, d’après elle.

«C’est pour ça qu’il fallait vraiment que je sorte de la maison.»

Elle parle de son plan à des amis et à d’autres personnes, de sorte que son père ne puisse pas la forcer à changer d’idée sans s’attirer des soupçons.

«Quand j’en suis sortie, après deux semaines, on dirait que ça m’a tout frappée en même temps. J’ai réalisé à quel point j’avais été abusée.» ■

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– Acadie Nouvelle: Alexandre Boudreau Shanti Poirier avait le coeur un peu plus léger en sortant du palais de justice.
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