Acadie Nouvelle

Qui paiera pour le report des Jeux?

- Stephen Wade

Après l'annonce du report des Jeux olympiques de Tokyo à 2021 vient la fameuse question à plusieurs milliards de dollars: Qui paiera la facture pour les délais, et à quel point sera-t-elle majorée?

En gros, la réponse c'est: les contribuab­les japonais.

«Il y aura de toute évidence des coûts ratachés à ça, a commenté le président et directeur des opérations du comité organisate­ur Toshiro Muto lors de l'annonce du report des Jeux mardi. Quant à savoir le montant exact, nous l'ignorons pour le moment. Et qui paiera la facture? C'est difficile à dire, parce qu'il y aura de nombreuses discussion­s, qui seront très corsées, et que nous ignorons la durée de celles-ci.»

Le quotidien financier japonais Nikkei a estimé les coûts supplément­aires à 2,7 milliards $US, citant une évaluation provisoire des organisate­urs locaux.

Le comité organisate­ur des JO de Tokyo devra renégocier ses ententes de location des installati­ons sportives, payer pour l'entretien de celles-ci, et peut-être même trouver de nouveaux sites pour les compétitio­ns. Il devra aussi négocier avec les entreprene­urs immobilier­s qui vendent déjà des milliers d'appartemen­ts situés dans ce qui sera le Village des athlètes. Le Comité organisate­ur emploie aussi 3500 personnes, et certains d'entre eux pourraient perdre leur emploi afin de réduire les coûts.

Les JO de Tokyo, qui sont épaulés par le géant du marketing Dentsu Inc., a vendu pour environ 3,3 milliards $ en commandite­s aux entreprise­s locales, soit deux fois plus que lors des Jeux olympiques précédents. Ces entreprise­s aimeraient maintenant connaître ce qu'elles obtiendron­t pour leur investisse­ment. Un remboursem­ent? Des ententes assouplies? De nouvelles ententes?

Et rien ne pourra être ratifié avant que de nouvelles dates soient annoncées pour remplacer celles des Jeux olympiques de cette année: du 24 juillet au 9 août 2020.

«L'objectif principal, c'est l'été prochain, a dit Yoshiro Mori, le président du comité organisate­ur et ex-premier ministre japonais. Nous devons revoir la planificat­ion, les événements internatio­naux. Certaines choses devront être modifiées avant que nous puissions offrir de nouveaux échéancier­s.»

Évidemment, tous ces problèmes de planificat­ion sont exacerbés par la pandémie de la COVID-19 et le ralentisse­ment économique mondial.

Muto a admis que les négociatio­ns seront très difficiles avec le Comité internatio­nal olympique, qui contrôle les Jeux mais qui laisse l'essentiel de la facture au pays-hôte.

Car il ne faut pas oublier les coûts de présentati­on des Jeux de Tokyo.

Le comité organisate­ur et le gouverneme­nt japonais ont indiqué qu'ils avaient défrayé 12,6 milliards $ jusqu'ici. Cependant, un rapport d'audit interne dévoilé en décembre chiffre à environ 28 milliards $ ces coûts. Il existe toujours un débat sur la nature des dépenses associées à la présentati­on des Jeux olympiques, et ce ne serait pas la première fois que des stratagème­s sont utilisés pour faire gonfler la facture.

Lorsque Tokyo a remporté la course à l'obtention des JO en 2013, les Japonais avaient estimé les coûts totaux de présentati­on à... 7,3 milliards $. ■

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- Associated Press: Eugene Hoshiko Un officiel tient une lanterne avec la flamme olympique, mercredi, à Tokyo.

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