Le Marché de Dieppe mise sur la vente en ligne et le service au volant
Forcé de fermer ses portes au public, le Marché de Dieppe innove pour permettre aux producteurs locaux de continuer à vendre leurs produits.
La pandémie de COVID-19 a entraîné la suspension des activités habituelles du Marché de Dieppe jusqu'à nouvel ordre. C'est un coup dur pour les membres de la Récolte de chez Nous qui dépendent grandement des rendez-vous du vendredi aprèsmidi et du samedi matin pour écouler leur marchandise.
Chaque fin de semaine, de 5000 à 7000 personnes y viennent faire leur achat.
Mais la coopérative n'a pas perdu de temps en ouvrant dès jeudi une plateforme de commande en ligne pour les produits essentiels.
«Nous avons monté la plateforme en 24 heures pour permettre à tous de se réapprovisionner et maintenir notre économie locale», souligne le directeur Maxime Gauvin.
Une dizaine de marchands ont embarqué pour le moment.
Les commandes peuvent être effectuées entre mardi et jeudi, les clients viennent ensuite récupérer leur paquet le vendredi après-midi entre 14h et 19h l'extérieur du Marché.
«Vous n'aurez pas à être en contact avec les marchands et vous pourrez rester dans votre véhicule. Il vous suffira d'ouvrir votre coffre et les marchands, producteurs et employés présents les lieux s'occuperont du reste», peut-on lire sur le site internet.
Le paiement se fait en ligne, aucune transaction d'argent comptant ou modification de commande sur place n'est permise.
Quelques heures après le lancement de la plateforme, une centaine de commandes avaient été enregistrées. Maxime Gauvin espère que l'initiative permettra de limiter les pertes financières pour les producteurs de la région.
«Pour certains vendeurs, le marché représente de 40% à 60% de leurs revenus. Lorsqu'on a appris la fermeture vendredi matin, la majorité des marchands avaient déjà préparé leur nourriture, ça représente beaucoup de pertes.»
Didier Laurent, propriétaire de la Fromagerie au fond des bois située au sud de Rexton, ignore pour le moment où écouler les stocks de fromage entreposés dans sa chambre froide. L'artisan réalise le plus gros de son chiffre d'affaires grâce aux marchés de Dieppe et de Fredericton.
«C'est un gros problème, ça signifie qu'on n'a presque plus de rentrées d'argent. Je vends aux épiceries et aux restaurants, mais ce ne sont pas des volumes énormes», déplore le père de famille.
«Je n'ai pas peur du virus, mais plutôt des conséquences économiques. Si ça dure des mois, ça risque d'être invivable!»
Dans la région de Woodstock, la Strawberry Hill Farm s'est tournée vers la livraison à domicile de ses légumes. Une solution imitée par la boulangerie Nick The Dutch Baker dans le Grand Moncton.
Kent Coates, le propriétaire de Nature's Route Farm, a dû improviser un point de vente devant sa ferme biologique à Point de Bute. Samedi matin, les vendeurs seront équipés de gants, de masques et les clients seront tenus de respecter une distance de sécurité de deux mètres.
Il pourra aussi vendre une partie de sa production de carottes, patates et betteraves grâce à la plateforme du Marché de Dieppe.
«La situation est complexe, on doit revoir notre stratégie pour continuer de nourrir les gens, confie Kent Coates. L'inquiétude est grande, on craint les conséquences d'une perte de revenus pendant plusieurs semaines.» ■