Les effets néfastes du coronavirus sur l’économie: l’exemple de Tracadie
Si ça continue à ce rythme, les effets de la crise de la COVID-19 vont bientôt transformer Tracadie en ville fantôme. Comme toutes les villes de la province, le principal centre de services de la Péninsule acadienne est frappé de plein fouet par les fermetures temporaires d’entreprises et les modifications de services chez celles qui demeurent encore ouvertes en cette période de pandémie.
La Chambre de commerce du Grand Tracadie n’en finit plus d’accumuler les informations sur sa page infolettre de son site Facebook. En date de mercredi aprèsmidi, 17 membres avaient annoncé la cessation de leurs activités, dont Cinéma Péninsule, Maisons suprêmes et Menuiserie Basque et Fils, de gros employeurs. Depuis, à la demande du gouvernement provincial, la plupart des entreprises ont fermé leurs portes.
«Personne n’est épargné», constate avec regret la directrice générale Julie Bilodeau.
L’incertitude est palpable dans la communauté d’affaires du Grand Tracadie, ajoute-t-elle. La situation évolue au jour le jour. Les mises à pied temporaires se multiplient. Déjà, la COVID-19 laisse sa marque et il faudra beaucoup de temps pour l’effacer, estime-t-elle.
«Le dommage zéro est impossible. Nous devons demeurer positifs et minimiser les dommages le plus possible. De notre côté, à la Chambre de commerce du Grand Tracadie, on sait qu’il y aura un après-COVID-19. Quand ce sera fini, nous serons là pour relever notre économie. Mais présentement, ce n’est pas un dossier agréable à travailler», assure la dirigeante.
Elle ne veut pas non plus spéculer sur la possibilité de voir certains de ses membres ne pas rouvrir leurs portes lorsque le virus ne sera plus qu’un mauvais souvenir. Selon la Fédération canadienne des entreprises indépendantes, 25% des petites et moyennes entreprises - en plein dans le créneau de la vente au détail et des services - n’ont pas les moyens de survivre plus d’un mois avec seulement 50% de leurs revenus.
«Nous n’avons pas eu d’échos de ce côté, mais personne ne souhaite en arriver là», rapporte-t-elle.
Mme Bilodeau refuse de se lancer dans une prédiction sur la durée de ce ralentissement économique, de peur de se tromper ou de créer de faux espoirs. Chose certaine, les gens achètent moins. Et quand ils achètent moins, les commerces disposent de moins de revenus. Et en ayant moins de revenus, ils sont obligés de réduire leur personnel ou encore leurs services.
VOIR FONDRE LES SURPLUS
Par exemple, au complexe de Villégiature Deux rivières, le coronavirus est en train de faire fondre comme neige au soleil les surplus enregistrés en début d’année, fait part Martin Albert, son directeur général et aussi président de la Chambre de commerce du Grand Tracadie.
Les annulations de réservation sont fréquentes chez lui. Des tournois de hockey ont été remis, ce qui lui a enlevé une belle clientèle. Il a aussi perdu trois congrès en avril. Des couples décident également de remettre leur cérémonie d’après-mariage.
«Ça nous frappe de plein fouet. Nous avions pourtant un bon début d’année, avec une hausse de 30% de nos revenus par rapport à l’an dernier. Mais en seulement deux semaines, ç’a baissé à 12%. Nous avons fermé l’hôtel et il ne nous reste que quelques chalets encore ouverts. Des 29 employés au départ, nous n’en avons plus que six. Il a fallu que j’en dégage quatre ce matin. On ne fait pas ça de gaieté de coeur. On espère seulement que la situation ne durera pas trop longtemps», estime-t-il.
Julie Bilodeau poursuit qu’elle est régulièrement en pourparlers avec les députés locaux, soit Keith Chiasson au provincial et Serge Cormier au fédéral. Elle espère que les programmes d’aide immédiate récemment annoncés par Fredericton et
Ottawa arriveront rapidement.
«Comme tout le monde, nous suivons les nouvelles. La COVID-19 a un énorme impact sur beaucoup de gens. On sent de l’inquiétude, mais la communauté est consciente de ce qui se passe. Elle prend ça au sérieux. Et nous comptons beaucoup sur nos communautés pour relancer les affaires lorsque la crise sera terminée. Plus que jamais, il sera temps d’appuyer nos entreprises locales, car ce sont elles qui sont nos principales créatrices d’emplois», déclare la DG de la Chambre de commerce du Grand Tracadie. ■
Grâce à la technologie, les élus de Tracadie ont pu tenir pour une réunion ordinaire du conseil municipal cette semaine. - Capture d’écran YouTube de ville de la Municipalité régionale de Tracadie a été nettement réduit. Ils sont déjà plusieurs à travailler à domicile.
«Je pense que c’est de mise d’annuler nos réunions ordinaires en attendant que la crise se stabilise. Je sais que tout de suite, la plupart des entrepreneurs (retenus par la MRT) ont cessé leurs travaux, nos consultants aussi.» - DC