DES BANQUES ALIMENTAIRES MENACÉES DE FERMETURE
«Jusqu’à maintenant, nous n’avons aucun support financier à part les dons de la population»
Plusieurs banques alimentaires sont menacées de fermeture d’ici la fin avril si le gouvernement ne les subventionne pas, selon Mark LeBlanc, DG du Vestiaire St-Joseph de Shediac.
Les banques alimentaires ne sont pas épargnées par les difficultés qui frappent les entreprises de la province, et certaines d’entre elles sont presque à court de moyens.
Si les gouvernements n’offrent pas d’appui à ces organismes, les conséquences pourraient être graves.
«D’ici la fin du mois d’avril, le réseau des banques alimentaires va s’effondrer. Ça veut dire 60 banques alimentaires au NB», dit Mark LeBlanc, qui est aussi directeur de l’Association des banques alimentaires du N.-B.
Il soutient que les banques alimentaires de la province reçoivent 23 000 visites par mois, et que des fermetures dans quelquesuns de ces endroits sont inévitables dans les semaines à venir. Cela en laisserait plus d’un en situation d’insécurité alimentaire.
DAVANTAGE DE CLIENTS
Chantal Sénécal, directrice générale du Food dépôt alimentaire de Moncton, a constaté une augmentation du nombre de clients, et elle anticipe que ce n’est qu’un début.
«La plupart des gens vivent de paie en paie, alors ils se présentent maintenant aux banques alimentaires. On anticipe qu’il va y avoir une augmentation du nombre de clients dans toutes les banques alimentaires, ce qui signifie qu’on va avoir besoin de plus de ressources.»
Le Food dépôt alimentaire distribue des dons de nourriture à toutes les banques alimentaires de la province.
La semaine dernière, Chantal Sénécal a affirmé à la CBC que son organisme aurait besoin d’un million de dollars pour continuer à assurer ses services pour le mois d’avril.
«On est en conversation avec le ministère du Développement social presque tous les jours. On leur explique ce qu’on anticipe et on leur a demandé des fonds d’urgence», explique-t-elle à l’Acadie Nouvelle.
Elle espère également recevoir des fonds de la part de Banques alimentaires Canada. L’organisme national a lancé une collecte de fonds pour recueillir 150 millions $ afin d’aider les organismes locaux.
DES DIFFICULTÉS BIEN RÉELLES
Beaucoup de banques alimentaires ont aussi un magasin d’articles de seconde main. Les profits servent alors à financer les activités caritatives. Mais ces magasins sont maintenant fermés comme tous les autres, ce qui ajoute du stress financier aux opérations des organismes.
C’est le cas du Vestiaire St-Joseph à Shediac. Le vestiaire comme tel a fermé ses portes et la banque alimentaire continue de fonctionner avec seulement cinq employés et un peu de bonne volonté.
Le directeur général, Mark LeBlanc, fait partie de ces cinq employés, et il dit que la situation est grave.
«Jusqu’à maintenant, nous n’avons aucun support financier à part les dons de la population, et le gouvernement n’a rien donné pour le moment. On fonctionne avec nos réserves.»
Il garde espoir que le gouvernement provincial versera de l’argent à des organismes comme le sien.
DES SÉQUELLES PERMANENTES
Certaines séquelles économiques de cette crise pourraient bien être permanentes.
Chantal Sénécal raconte que sa banque alimentaire a constaté une augmentation de 25% de sa clientèle lors de la crise économique de 2008.
Pour la plupart, ces personnes qui étaient nouvellement aux prises avec l’insécurité alimentaire n’ont jamais arrêté de fréquenter la banque alimentaire, ce qui laisse supposer que leurs difficultés économiques ne se sont jamais résorbées. C’est présentement ce qui se dessine à nouveau, selon Mme Sénécal.
«C’est une question de temps. On sait qu’il va y avoir un gros impact sur l’économie, et que plusieurs entreprises n’ouvriront pas de nouveau après ceci. Il faut qu’on se prépare à quelque chose comme 2008, ou peut-être même pire.» ■
«Je ne pense pas que notre gouvernement peut se permettre d’ignorer le fait que nos services sont encore plus nécessaires que jamais en ce moment», dit-il.