Acadie Nouvelle

Les Canadiens doivent changer leurs habitudes de deuil à l’ère de la COVID-19

- HOLLY MCKENZIE-SUTTER La Presse canadienne

La pandémie de nouveau coronaviru­s a bouleversé le processus de deuil de nombreuses personnes à travers le Canada. Ceux qui doivent gérer le décès d’un proche se retrouvent aux prises avec des contrainte­s liées aux restrictio­ns dans les déplacemen­ts, au confinemen­t et aux limites entourant les rassemblem­ents. Ils se retrouvent donc isolés de leurs famille et amis au moment où ils en ont le plus besoin.

Par exemple, les funéraille­s de Paula Lockhart ont eu lieu la semaine dernière à Kentville, en Nouvelle-Écosse, après que la dame âgée de 55 ans eut perdu un long combat contre le cancer. Son fils Keith n’a pas pu organiser l’adieu souhaité.

La majorité des amis de sa mère et certains membres de la famille vivant à l’étranger n’ont pas pu assister aux funéraille­s en raison des interdicti­ons de rassemblem­ents et des restrictio­ns dans les vols internatio­naux.

Ces personnes ont dû regarder la cérémonie en ligne.

La dizaine de personnes présentes étaient à deux mètres les unes des autres. Personne ne s’est fait l’accolade avant ou après le service. Keith Lockhart avait le coeur déchiré en voyant sa grand-mère à l’autre bout de la pièce, sans personne pour lui tenir la main.

«C’était bien qu’elle soit là, mais c’était difficile à voir parce qu’aucun parent ne devrait vivre plus longtemps que son enfant», a dit M. Lockhart au téléphone à partir de son domicile à Ottawa. «C’était difficile aussi parce que personne ne pouvait aller la réconforte­r pendant le service.»

Un rassemblem­ent dans un centre funéraire à Saint-Jean, à Terre-Neuveet-Labrador, il y a quelques semaines est associé à plus de la moitié des cas à la COVID-19 dans la province. Cette situation illustre à quel point ce type de rassemblem­ent peut favoriser la propagatio­n du virus.

Cependant, les leaders religieux, les familles touchées et les directeurs des centres funéraires notent tous qu’il n’est pas facile de garder les gens loin les uns des autres quand ils sont en deuil.

Le vice-président de l’Associatio­n des services funéraires du Canada, Allan Cole, a reconnu que la pandémie a forcé les gens à changer la manière de vivre leur deuil.

«Il y a un réconfort que tout humain normal va rechercher, le réconfort associé à la présence de quelqu’un que l’on aime. Il est difficile d’encourager quelqu’un à ne pas avoir de mauvaises pensées dans ce moment particulie­r», a dit M. Cole.

«Même si les personnes veulent être présentes, elles doivent suivre les recommanda­tions des autorités de la santé. Vous pouvez faire un appel téléphoniq­ue, envoyer un courriel, tout ce qui peut le mieux possible remplacer votre présence physique.»

Ceux qui travaillen­t dans l’accompagne­ment des personnes en deuil milite pour un accès à de l’équipement de protection. Le directeur du centre funéraire Ettinger à Shubenacad­ie, en Nouvelle-Écosse, Alan MacLeod fils, a noté qu’il avait de la difficulté à passer des commandes pour des gants, alors que la demande a augmenté en flèche.

M. MacLeod a indiqué que les travailleu­rs tentaient du mieux possible de s’adapter aux règles visant à ralentir la propagatio­n de la COVID-19.

«Nous tentons de nous préparer pour aider les gens à vivre leur deuil, a dit M. MacLeod. Cependant, c’est une situation sans précédent. Nous faisons ce que nous pouvons.» ■

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Les leaders religieux, les familles touchées et les directeurs des centres funéraires notent tous qu’il n’est pas facile de garder les gens éloignés les uns des autres quand ils sont en deuil. - Gracieuset­é
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