UNE MÉDECINHYGIÉNISTE PLEINE DE SURPRISES
Elle est la figure de proue de la lutte contre la COVID-19 dans la province et une présence familière dans la vie des Néo-Brunswickois grâce à ces points de presse quotidiens. Voici Dre Jennifer Russell, médecin-hygiéniste en chef.
La Néo-Brunswickoise originaire de Bathurst doit d’abord son intérêt pour la médecine à son frère aîné, Jamie, qui est né avec le diabète de type 1 et qui est devenu paraplégique à l’âge de 17 ans en raison d’un accident de voiture.
«Dans ma maison, quand j’étais jeune, c’est quelque chose avec laquelle je vivais chaque jour. Notre famille était beaucoup impliquée. Voir tous les problèmes médicaux qu’il avait a eu un effet sur moi», raconte Dre Russell en entrevue téléphonique.
Jamie est décédé en 2004 à l’âge 36 ans après avoir eu une brillante carrière au gouvernement fédéral.
DANS L’ARMÉE
Durant sa deuxième année d’études en médecine, Jennifer Russell a commencé une carrière de 10 ans dans les Forces armées canadiennes.
Au milieu des années 2000, alors qu’elle était médecin à la base militaire de Gagetown, près de Fredericton, Dre Russell a été envoyée en mission à l’étranger. Elle a alors dû quitter son fils Zachary et sa fille Olivia âgés respectivement de 16 mois et de 3 ans.
«C’était très émouvant de laisser mes enfants derrière moi, comme c’est le cas pour tout membre des Forces canadiennes», a-telle confié au Telegraph-Journal en 2017.
Selon le quotidien anglophone, Dre Russell a été déployée en tant que médecin militaire au Camp Mirage dans le désert près de Dubaï, aux Émirats arabes unis.
Après avoir quitté l’armée, Jennifer Russell a notamment travaillé en traitement des dépendances et en santé mentale à Fredericton en plus d’être médecin hospitaliste et médecin de famille.
C’est en partie durant cette période que la future médecin-hygiéniste en chef a développé son intérêt pour la santé publique.
«Il y avait plusieurs de mes patients qui auraient pu profiter de plus de prévention auprès de la population. Je voyais beaucoup de patients qui avaient des problèmes similaires et je savais qu’il y avait des politiques et des changements à long terme qui pourraient être faits pour les aider.»
Son passage dans l’armée l’a aussi initiée à la médecin préventive, aux cliniques de vaccination et aux enquêtes de santé publique.
Dre Russell s’est jointe à l’équipe de la Santé publique provinciale en 2014 et a été nommée médecin-hygiéniste en chef en 2018.
Même si Jennifer Russell est loin d’avoir prédit qu’une pandémie de la taille de la COVID-19 éclaterait durant sa carrière, il ne s’agit pas d’un événement complètement inattendu, affirme-t-elle «C’est extraordinaire, mais ce n’est pas totalement imprévu. Nous avons eu le SRAS, la grippe H1N1, l’Ebola. Dans ma carrière, j’ai vu des choses comme ça.»
«On sait que des pandémies comme ça peuvent arriver alors on a toujours eu des directives pour se préparer.»
L’IMPORTANCE D’ÊTRE BILINGUE
Depuis le début de la pandémie, Dre Russell est davantage dans l’oeil du public qu’à peu près tous les politiciens à l’exception du premier ministre Blaine Higgs.
Il s’agit d’un élément primordial en santé publique, surtout en temps de crise, constate-t-elle.
L’aptitude de Jennifer Russell, une anglophone, de s’adresser directement aux Acadiens dans leur langue en cette période de crise ne passe d’ailleurs pas inaperçue.
Même si ses parents sont anglophones, l’apprentissage du français était suffisamment important dans sa famille pour que Dre Russell fréquente l’école francophone de la maternelle à la 8e année à Bathurst.
Son père, Len, un Québécois anglophone qui a appris le français à l’âge adulte, tenait absolument à s’exprimer en français avec ses employés acadiens lorsqu’il occupait un poste de direction à la mine Brunswick, mentionne-t-elle.
Sa mère, Susan, est une anglophone aux racines acadiennes.
«C’est quelque chose de nécessaire. Le rôle d’un médecin-hygiéniste en chef, c’est d’informer le public pour établir une relation de confiance. Il faut avoir cette confiance pour que les gens comprennent pourquoi ils doivent suivre les directives.»
«Ma mère savait que (la langue française) était dans notre héritage et elle voulait la préserver alors on m’a inscrit dans une école francophone.»
Le bilinguisme s’est avéré un atout de taille dans la carrière de Jennifer Russell et pas seulement à titre de médecin-hygiéniste en chef.
«Dans l’armée, il n’y avait pas beaucoup de médecins qui parlaient français alors presque tous mes patients étaient francophones. J’ai eu la chance toute ma vie de pratiquer mon français et de l’utiliser.» ■