Des masques protecteurs bientôt fabriqués à Saint-Édouard-de-Kent
Le groupe Bouctouche Bay Industries (BBI), situé à Saint-Édouard-de-Kent, se prépare à fabriquer une quantité industrielle d’écrans de protection pour le visage destinés aux travailleurs du système de santé.
L’entreprise, qui produit habituellement des produits de plastique pour l’industrie de l’aquaculture, utilisera un modèle de masques mis au point par l’Université Dalhousie.
L’usine n’attend que la livraison d’un dernier moule spécialisé avant de pouvoir commencer la production, selon le PDG Steen Gunderson.
Ce moule servira à produire la monture du masque en y injectant du plastique.
Cet outil est en fabrication chez Tower Machining, une division de Sure Grip Controls, une entreprise basée près de Fredericton.
«En circonstances normales, la production prendrait de 6 à 8 semaines, mais à cause de l’urgence du projet, les gars de Tower Machining ont mis le paquet pour terminer ça en 10 jours», explique Steen Gunderson en anglais.
La pièce manquante devrait arriver à l’usine de BBI vendredi, selon Cody Howell, gérant des opérations chez Sure Grip.
Il explique travailler avec une équipe réduite en raison de la pandémie. Les machinistes toujours en poste ont accumulé des heures supplémentaires pour terminer le projet le plus rapidement possible.
Si tout se passe bien, BBI devrait être en mesure de produire deux masques chaque 35 à 40 secondes.
L’entreprise s’est déjà procuré 250 000 morceaux de plastique qu’elle coupera pour former le bouclier facial du masque. L’usine pourrait produire 12 000 masques dès la première semaine.
«C’est un estimé conservateur parce que c’est un nouveau produit», mentionne Steen Gunderson.
Il ajoute que la manufacture fonctionnera 24 heures par jour pour acheminer le plus de masques possible au système de santé.
La pièce manquante arrivera à l’usine à l’approche du congé de Pâques, mais les travailleurs de BBI ont convenu de travailler pendant le congé afin d’accélérer la production, selon Steen Gunderson.
«Les gens qui vont utiliser ces masques travaillent pendant le congé de Pâques et ils travaillent avec moins de protection qu’ils n’en ont probablement besoin, alors on va travailler pendant le congé.»
M. Gunderson indique aussi que les trois copropriétaires de BBI - lui-même, Martin Savoie et Ron Girouard - ont convenu de payer de leur poche pour le moule spécialisé afin d’éviter de refiler ce coût aux systèmes de santé des provinces.
Le PDG a cependant refusé de révéler le prix des masques à cause d’une obligation contractuelle.
«Essentiellement c’est un produit très peu dispendieux, et c’est comparable aux produits de la sorte qui seraient manufacturés et importés de l’Asie.»
Il ne peut pas non plus révéler quels seront les acheteurs de ces masques, mais il indique que plusieurs commandes ont été passées et qu’il «travaille avec» plusieurs provinces, dont le Nouveau-Brunswick.
UN DÉVELOPPEMENT RAPIDE
Le département d’ingénierie de l’Université Dalhousie a rapidement conçu un modèle de masque à l’aide d’une imprimante 3D en collaborant avec des experts de la régie de santé de la Nouvelle-Écosse (NSHA).
Clifton Johnston, professeur de génie mécanique à Dalhousie, explique que l’équipe de chercheurs qui a développé ce modèle avait d’abord l’intention de produire 1000 masques par semaine avec une série d’imprimantes 3D fonctionnant à plein régime. Mais il en fallait plus.
«Quand on a réalisé la quantité de masques dont les régies de santé pourraient avoir besoin, ce n’était plus dans les limites de ce qu’on pouvait produire.»
Il affirme aussi que les prototypes fabriqués à l’aide d’une imprimante 3D sont faits d’un plastique plus poreux, ce qui le rend difficile à nettoyer.
Le plastique utilisé pour le moulage par injection, comme le fait BBI, est beaucoup plus lisse et résistant, et serait donc plus approprié à un environnement médical, selon Clifton Johnston.
UN PROCESSUS DE RÉGLEMENTATION «ACCÉLÉRÉ»
Compte tenu du besoin urgent d’équipement de protection contre la COVID-19, Santé Canada a accéléré le processus d’approbation et d’obtention de licences de production pour différents produits, comme les masques protecteurs.
Bionova, un groupe d’industries des sciences de la santé en Nouvelle-Écosse, a engagé un consultant pour rédiger les demandes d’entreprises qui veulent obtenir une Licence d’établissement pour les instruments médicaux (LEIM).
Elle se charge de la demande de BBI.
Martin Savoie, copropriétaire de Bouctouche Bay Industries, porte un prototype du masque qui sera manufacturé par son entreprise. Photo tirée de Facebook
«L’application est entamée, mais elle n’est pas complète. Ça peut prendre 1 à 3 jours pour recueillir l’information nécessaire (...). Je ne prévois pas de délais, et les commandes devraient pouvoir être expédiées rapidement», fait savoir Scott Moffitt, directeur général de Bionova, par courriel. ■
«Il y a certains produits qui devraient être manufacturés dans notre pays, et je crois que les produits médicaux font partie de ces produits-là. Si on a cette capacité, quand il y a une crise comme celleci, on peut en produire autant qu’on en a besoin sans avoir à négocier ou à demander la permission à personne», dit-il.