OUTILS IMPARFAITS
La règle d’or en ce qui concerne les communications de la part des autorités en temps de crise devrait être le partage rapide et proactif du plus d’informations possible, pourvu qu’elles soient solides et véridiques. Il s’agit de la meilleure façon de garantir la confiance de la population envers ses dirigeants.
C’est aussi un excellent moyen de couper l’approvisionnement en oxygène aux rumeurs, aux spéculations et aux fausses nouvelles qui se propagent à la vitesse de la lumière dans les médias sociaux. Jusqu’ici, les gouvernements fédéral et provinciaux semblent à peu près tous avoir adopté cette stratégie malgré quelques ratés.
Ce principe de la transparence par défaut en temps de crise a cependant été mis à rude épreuve cette semaine lorsque le public et les journalistes ont commencé à réclamer la divulgation des projections de la santé publique concernant le meilleur et le pire des scénarios durant la pandémie de la COVID-19.
Ottawa et la majorité des provinces, dont le Nouveau-Brunswick, ont consenti à cette demande sans trop se faire tirer l’oreille.
Des professionnels de la Santé publique au niveau provincial et national ont cependant exprimé de sérieuses réserves quant à l’utilité et la nécessité de publier ces projections de la trajectoire de la courbe, du nombre de cas et du nombre de morts.
Après tout, ces projections sont hautement imparfaites et pourraient effrayer le public sans raison valable. À l’inverse, un scénario trop optimiste pourrait se transformer en désastre si les gens décidaient de relâcher leurs efforts en matière d’isolement et d’éloignement physique.
En fin de compte, les autorités ont bien fait de partager avec la population les outils - aussi imparfaits soient-ils - dont elles se servent pour prendre des décisions qui nous affectent tous.
Malgré les risques, c’est encore la meilleure façon d’assurer le genre de cohésion sociale et d’efforts collectifs qui seront nécessaires pour passer à travers de la crise.