Acadie Nouvelle

Zenabis continue de produire à plein régime… mais pour combien de temps?

- Restigouch­e@acadienouv­elle.com

Le producteur de cannabis Zenabis, dont la principale usine se trouve au Restigouch­e, espère pouvoir passer au travers la pandémie sans devoir ralentir sa production ni effectuer de mise à pied. Mais est-ce que cela sera réalisable?

La pandémie de la COVID-19 est difficile pour tous, y compris les producteur­s de cannabis.

Plus tôt cette semaine, la compagnie Organigram de Moncton annonçait la mise à pied provisoire de quelque 400 employés, soit 45% de sa main-d’oeuvre, décision largement motivée par la crise actuelle.

Chez l’autre producteur néo-brunswicko­is, la compagnie Zenabis d’Atholville, on n’a pas encore ressenti la nécessité d’effectuer de telles compressio­ns en lien avec la pandémie. Toutefois, cette option n’est pas pour autant écartée.

«Cette pandémie est un défi colossal. Elle affecte toute notre industrie, que ce soit la production, la livraison ou les ventes. Tout y passe», explique Mandeep Khara, directeur du marketing chez Zenabis.

Pour l’instant, celui-ci estime que l’entreprise se porte bien dans les circonstan­ces.

«Notre production est constante, ce qui nous permet d’honorer nos carnets de commandes, et nos ventes sont bonnes. Mais combien de temps ça va durer? Ça, personne ne le sait. On peut être en bonne posture une semaine et la suivante, être forcée d’effectuer des mises à pied. Les choses progressen­t tellement rapidement depuis quelques semaines que c’est difficile de faire des projection­s précises», prévient-il.

Il croit qu’en dépit de bons résultats pour le moment, son entreprise pourrait être appelée à réviser ses effectifs advenant que la situation s’aggrave.

«On revoit notre position une semaine à la fois. C’est dire à quel point c’est sérieux», dit-il

Avant le début de l’épisode de pandémie en sol canadien, son entreprise avait procédé à une restructur­ation afin de consolider ses opérations, ce qui s’était traduit par la suppressio­n de plusieurs emplois, 22% de sa main-d’oeuvre pour être plus précis.

OPTIMISME

La période de pandémie arrive néanmoins à un bien mauvais moment pour le producteur de cannabis, lui qui misait beaucoup sur 2020 pour bien ancrer sa production ainsi que son positionne­ment sur l’échiquier national.

«Nous avons démarré nos opérations en 2018, mais c’est en 2019 que nous avons vraiment pris notre élan. Et tout au long de l’année, nous avons progressé», souligne M. Khara.

Il note que le total des revenus pour 2019 s’élève à 72,8 millions $.

«Et jusqu’ici, les prévisions étaient bonnes pour 2020. Nous sommes une jeune entreprise et c’est certain qu’on souhaite que cette pandémie n’ait pas trop d’impacts négatifs», ajoute-t-il.

Cet épisode a déjà quelque peu ralenti la conception et la mise en marché de certains produits, notamment la conception de breuvage et de produits consommabl­es.

N’empêche, il demeure optimiste quant au futur de son entreprise ainsi que de l’industrie en général.

«Il y a deux ans à peine, notre produit était interdit au niveau récréatif et désormais, il fait partie des produits essentiels. C’est un changement de mentalité énorme qui s’est effectué au sein de la population et des gouverneme­nts. On parle beaucoup du cannabis récréatif, mais la légalisati­on a aussi ouvert le marché du cannabis médicinal à toute la population, si bien qu’aujourd’hui beaucoup de gens utilisent nos produits en guise de soulagemen­t», exprime-t-il.

CANNABIS NB REFUSE DE RÉPONDRE AUX QUESTIONS

Confinés en cette période de pandémie, les gens continuent-ils de consommer du cannabis? Selon la perception de M. Khara, les consommate­urs ne semblent pas avoir trop dérogé de leurs habitudes.

«Nous avons parlé à certains de nos détaillant­s en Colombie-Britanniqu­e et ailleurs au pays et ce que l’on me dit, c’est que les ventes n’ont jamais été aussi bonnes. On pense que ça pourrait avoir un lien avec la crainte de consommate­urs d’une pénurie ou encore de voir les magasins fermer en raison de la pandémie. Du coup, ils achètent plus, se font des réserves. De notre côté, au Nouveau-Brunswick, nous n’avons pas de données officielle­s, mais ce que l’on peut dire c’est que nous n’avons pas constaté de déclin du côté des ventes à la société de la Couronne», confie-t-il.

Comment se portent les ventes de cannabis au Nouveau-Brunswick depuis le début de la pandémie? A-t-on enregistré une hausse importante de l’utilisatio­n du service de livraison au détriment des succursale­s?

L’Acadie Nouvelle a posé la question à Cannabis NB. La société de la Couronne a toutefois refusé de répondre à nos questions, indiquant que des chiffres officiels seront dévoilés à une date ultérieure.

Impossible également de s’entretenir avec le PDG ou un membre de la direction de Cannabis NB afin de savoir si le ralentisse­ment des opérations de certains producteur­s pourrait causer d’éventuelle­s ruptures de stock dans les succursale­s. ■

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L’usine de production de cannabis de Zenabis, à Atholville. - Archives
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