HERMEL VIENNEAU: PAUVRES COUSINS QUÉBÉCOIS
Trois organisations se donnent la main et revendiquent un plan provincial d’urgence sur la souveraineté alimentaire. La Société nationale de l’Acadie, l’Union nationale des fermiers et la Distillerie Fils du Roy de Petit-Paquetville craignent des pénuries d’articles essentiels dans la prochaine année en raison de la crise de la COVID-19.
«En temps de crise, il est important en tant que société de se préparer à toute éventualité afin d’éviter les pires scénarios. Alors que nous connaissons actuellement des pénuries d’antiseptique, de masques et de certains médicaments, nous devons rapidement songer aux autres pénuries d’articles essentiels qui pourraient survenir d’ici la prochaine année ainsi qu’aux mesures de prévention possibles», font part le trio par voie de communiqué.
Selon leurs propos, il est essentiel de repenser le système alimentaire de façon à respecter autant les milieux urbains que ruraux de la province, ainsi que la diversité des petits et moyens producteurs, non seulement au niveau de l’agriculture, mais également de la pêche et de la transformation des aliments.
Il ajoute qu’alors que seulement 3% des aliments sont produits au NouveauBrunswick, il n’est pas farfelu de penser que les communautés puissent connaître des interruptions dans les chaînes de production et d’importation alimentaire.
«Il est donc essentiel que la province agisse rapidement pour mettre en place un plan pour assurer la souveraineté alimentaire des citoyens et citoyennes de la province et d’éviter des pénuries dans le secteur agroalimentaire», pense M. Melanson.
Rébeka Frazer-Chiasson, présidente néo-brunswickoise de l’Union nationale des fermiers, estime qu’il ne faut pas tarder à agir si l’on veut assurer la sécurité alimentaire des citoyens.
«Si jamais nous étions pour connaître des interruptions dans notre système alimentaire en fin d’été, il sera déjà trop tard pour rectifier la situation. C’est pour cela qu’il nous faut un plan d’urgence provincial axé vers la production locale au plus tôt, alors que le temps des semences est toujours devant nous et que nous sommes toujours au début de la crise», fait-elle part.
Le troisième allié est Sébastien Roy, cofondateur et président de la Distillerie Fils du Roy. L’entreprise de Petit-Paquetville s’est fait remarquer en début de crise en confectionnant des produits antiseptiques pendant quelques jours.
«Il est également important de souligner qu’il est possible de prendre des précautions individuelles et communautaires afin d’augmenter notre sécurité alimentaire collective», prétend-il, en faisant référence au jardinage, à la solidarité et à la débrouillardise en temps de crise.
«Chez nous en Acadie, surtout en région rurale, plusieurs d’entre nous s’adonnent au jardinage pour le plaisir et pour se nourrir de produits frais l’été. Dans le contexte actuel, l’agriculture à petite échelle ainsi que la conservation traditionnelle d’aliments demeurent parmi nos meilleurs outils pour augmenter notre sécurité alimentaire individuelle, familiale et communautaire. À cet effet, il n’y a littéralement jamais eu de meilleur temps pour cultiver un jardin potager ou pour se mettre à l’élevage de la volaille ou du petit bétail, tout en appuyant nos petites et moyennes fermes par l’achat local. Rendu cet hiver, ce serait beaucoup mieux d’avoir trop de nourriture que de ne pas en avoir assez», de soutenir M. Roy. ■
«Nous sommes chanceux qu’ici au Canada, nous avons une énorme capacité de production agricole, souligne Robert Melanson, président de la SANB. Cela dit, notre système agroalimentaire en 2020 demeure très mondialisé et intrinsèquement lié à la production agricole des États-Unis et de l’Amérique latine.»