LES CAMPEURS SERONT-ILS LES BIENVENUS?
Tracy Lavigne applaudit l’Alberta, qui a permis l’ouverture de ses terrains de camping sous certaines restrictions. Pas de piscine, pas de parc et une distanciation obligatoire entre locataires. Elle aimerait bien que le gouvernement Higgs adopte les mêmes mesures.
«Je le souhaite. Et je pense que ça va se faire. Le gouvernement aura besoin de créer une nouvelle économie lorsque la crise sera passée. Pour l’instant, le Nouveau-Brunswick est bien placé, on n’a pas de décès et très peu de cas de coronavirus et ça pourrait attirer des gens. Ma vie est ici, j’ai mis tout mon argent dans ce camping. Avec les saisonniers, je vais arriver, mais les terrains qui n’en ont pas ne pourront pas survivre», soutient-elle.
À Charlo, Guy Chiasson concède également que certaines mesures peuvent s’adapter à la situation.
«La clé du Camping Héron Bleu est la distance entre les terrains. Ils sont grands, ils sont gros et ils ne sont pas collés. Mais le plus gros défi sera de contrôler les enfants, s’ils n’ont pas de piscine, pas de parcs, pas d’activités… Peut-être verrons-nous les règles de confinement s’assouplir durant l’été? On attend de voir la suite des choses et on garde espoir», évalue-t-il.
Au Camping Youghall de Bathurst, Josh Abernethy a bon espoir de voir Fredericton se montrer conciliant, particulièrement avec les vacanciers saisonniers.
«Je crois qu’il y a de bonnes chances qu’on ouvre avec des limites. Un saisonnier, c’est la même chose que quelqu’un en appartement, en sorte. Je ne vois pas de raisons pourquoi on ne pourrait pas être ouverts pour eux. Mais ce n’est que mon opinion», note-t-il.
Dans la Péninsule acadienne, les propriétaires se sont entendus pour une chose: tout le monde aura les mêmes règlements par rapport à la crise de la COVID-19. Lise Thériault estime par contre que rien ne sera facile dans les circonstances.
«Nous devons nous adapter, mais le but du camping est de vivre une belle ambiance, de socialiser et d’avoir du bon temps. Est-ce que ce sera possible si on oblige la distanciation? Devrons-nous faire la police?»
Là encore, le premier ministre Blaine Higgs n’a pas voulu trop s’avancer. Néanmoins, il estime que permettre la circulation interprovinciale n’est pas une bonne stratégie pour le moment.
«Il y a un certain nombre de personnes de l’extérieur de la province qui possèdent des chalets ici au Nouveau-Brunswick. Je sais qu’ils sont peut-être impatients de commencer à ouvrir leur maison d’été. J’apprécie que ces personnes aient choisi de faire du Nouveau-Brunswick leur deuxième chezsoi, mais pour l’instant, je dois leur demander de rester dans leur province de résidence principale», explique le premier ministre.
«L’ouverture de nos frontières représente un trop grand risque. Jusqu’à maintenant, nous avons réussi à limiter la propagation du virus, mais nous devons continuer à imposer ces mesures. C’est le seul moyen d’éviter d’avoir une flambée du nombre des cas. Nous allons continuer de réévaluer la situation dans les prochaines semaines», a-t-il avisé.
Les prochaines semaines s’avéreront cruciales pour cette industrie qui fait également vivre plusieurs autres secteurs économiques dans la province. Mais pour l’instant, la COVID-19 a jeté une trombe d’eau sur le feu, et personne ne peut dire comment et surtout quand on va pouvoir le rallumer. ■
«Une liste de restrictions longue comme le bras sera-t-elle bonne pour nous? Devra-t-on dire aux enfants de ne pas aller au parc, de ne pas aller se baigner, de porter un masque?», juge-t-elle.
Avec la participation du journaliste Mathieu Roy-Comeau