Restigouche: des commerçants inquiets, mais résilients
Comme c’est le cas pour pratiquement toutes les activités grand public ce printemps, la Chambre de commerce régionale de Campbellton a dû se résigner à annuler son événement phare, la foire commerciale Promotion plus Baie des Chaleurs.
Des dizaines de commerçants alignés dans des kiosques. Plus d’une dizaine de milliers de visiteurs. En cette période de pandémie de COVID-19, où les rassemblements sont interdits et la distanciation conseillée, tenir un événement de cette ampleur est contreindiqué. Et c’est pourquoi la décision d’annuler la foire – bien que difficile à digérer – a été relativement facile à prendre.
Dans ce cas précis, il s’agit bel et bien d’une annulation et non d’un report. L’activité, qui devait avoir lieu au début de mai a été remise au printemps 2021.
«On a songé à remettre le tout à l’automne, mais ce n’est pas idéal puisque beaucoup des commerçants qui participent proposent des produits ou services pour la période estivale, comme la rénovation, l’aménagement paysager, etc. On aurait donc potentiellement perdu plusieurs participants. De plus, on ne sait pas combien de temps dureront les mesures de confinement. On ne voudrait pas annuler l’événement à deux reprises», explique la directrice générale de la Chambre de commerce, Lisette Doucet.
La décision est lourde de conséquences. Il s’agit en effet de la plus importante activité de cette organisation, autant au niveau de la visibilité (pour les commerçants) qu’en terme de source de financement. Et à quelques semaines de sa tenue, beaucoup de travail avait déjà été abattu. Dans les faits, la foire affichait même complet depuis plusieurs mois déjà.
«C’est décevant, car nous avions de belles nouveautés à présenter cette année, notamment une foire holistique. C’est une activité qui est très attendue par nos commerçants, mais on comprend que dans le contexte et c’est tout simplement impossible de la tenir», indique-t-elle, notant que Promotion plus avait renoué avec le succès populaire au cours des dernières années.
Plusieurs des commerçants devant participer ont néanmoins laissé leur investissement sur place, ce qui réserve du coup leur place pour l’an prochain.
Mme Doucet confirme par ailleurs que les temps sont difficiles pour de nombreuses PME de la région du Restigouche.
Au cours des dernières semaines, l’organisme a contacté la majorité de ses membres afin de voir comment ça se passait pour eux et s’il pouvait être d’une quelconque utilité. Constat?
«On voit un peu de tout. Des commerces qui ont dû fermer leurs portes temporairement et d’autres qui au contraire connaissent des ventes surprenantes. Ce qui inquiète beaucoup, c’est ce qui va advenir de la saison touristique estivale, car des activités comme la pêche et les festivals sont très importantes pour l’économie régionale. Les restaurants, les hôtels, les marchands, les opérateurs divers… Il y a beaucoup d’incertitude dans l’air», indique-t-elle.
Ce dont les entrepreneurs sondés semblent avoir besoin pour l’instant, c’est surtout d’une aide financière afin de les aider à passer au travers cette période difficile.
Selon Mme Doucet, certains membres étaient vraiment inquiets par rapport à la situation, impatients de reprendre leurs activités. N’empêche, selon la directrice générale, bien qu’inquiète, la communauté d’affaire du Restigouche n’est pas abattue pour autant. Déçus certes, les commerçants tendent à comprendre la gravité de la situation et la nécessité d’agir. Et parmi les points positifs, la réponse du public.
«L’entraide est exceptionnelle. On m’a raconté que des gens avaient fait l’achat de chèques-cadeaux chez certaines entreprises simplement pour pouvoir les aider à passer au travers de la crise, leur donner tout de suite un coup de pouce financier», dit-elle.
S’il y a des éléments qui doivent ressortir de toute cette crise, elle dit espérer que cette sensibilisation à l’importance d’appuyer les commerces en fasse partie.
«On voit toute leur importance en temps de crise, combien certains de nos commerces sont essentiels à nos besoins et combien d’autres nous manquent parce qu’ils ont dû fermer. On devra s’en souvenir quand tout sera terminé», indique-t-elle. ■