Acadie Nouvelle

La tristesse avant le retour au calme

- Normand Gionet Dieppe

En ce jour, comme les autres, je ne suis pas le premier à vivre des moments de tristesse, de mélancolie, de peur, d’angoisse et d’incertitud­e. Je pourrais ainsi continuer, mais je m’arrête. Tristement, c’est exactement ça que je vis présenteme­nt, et ce, sans le savoir, sans en connaitre le pourquoi, sans avoir l’habileté de l’expliquer. C’est de l’inconnu, c’est de la noirceur, c’est un genre de tsunami, cette vague que nous apercevons à l’horizon et qui semble ne pas s’inquiéter de son impact sur notre vie et sur notre voisinage.

Cette vague, perçue au loin, soudaineme­nt, arrive. Elle nous envahit, nous inonde, à un tel point qu’elle nous aveugle. Tout cela se continue à notre insu, à un tel point qu’un jour nous ne verrons plus la lumière du fait que ce tsunami englobera la planète dans sa totalité.

Tristesse définit notre état d’esprit en ces temps-ci. Ce mot que nous n’avons jamais inclut dans notre vocabulair­e courant en tant qu’Acadiennes et Acadiens, car nous sommes des personnes heureuses, joyeuses, remplies de joie de vivre, de gaieté et pleine d’enthousias­me. C’est de cette façon que les personnes étrangères nous perçoivent. Ce sont des qualités précieuses qui nous empêchent de nous effondrer, de nous noyer, de nous évader à jamais. Il existe aussi une autre belle qualité, celle d’être des personnes résiliente­s face à un choc, à une secousse voire à un tsunami. Cette belle qualité a su protéger nos ancêtres il y a plus de 200 ans et voilà qu’aujourd’hui elle nous protège encore.

Tout cela nous a permis de nous arrêter, de sortir dehors pour prendre l’air, de faire des randonnées pédestres, de jeter un coup d’oeil chez nos voisins, chez des personnes qui font elles aussi leur marche quotidienn­e sans oublier les familles jouant dehors avec leurs enfants. Et que dire, lors de ces rencontres sur les trottoirs, de loin, on se regarde, hum! qui va se déplacer à gauche ou peut-être à droite, voilà, décision prise, on jette un coup d’oeil, on se salue lors de notre passage. Imaginez, nous disons bonjour à des inconnus SOUDAINEME­NT devenus nos voisins offrant un sourire lors de leur passage. Qui l’aurait dit, qui l’aurait cru, qui l’aurait prédit? La bonté des gens se dévoile en ces moments difficiles.

Ce tsunami nous englobe encore, mais moi, vous, ensemble, nous apprécions ces tendres moments d’un retour éventuel à la sérénité. Demeurons vigilants, car la cime de la vague s’anéantira un jour.

Comme la dit si bien Mme Antonine Maillet dans La Presse du 10 avril 2020: «La tragédie fait partie de l’histoire, mais son contraire aussi. Le courage, l’héroïsme et tous nos combats pour sauver l’humanité.» Et elle continue: «Ce drame peut nous faire découvrir de nouvelles valeurs, plus créatives, une vraie richesse humaine autre que l’argent.»

De plus, comme l’écrivait si bien M. Stéphane Laporte dans sa chronique COVID-19 (La Presse, samedi 4 avril 2020): «Durant les prochains jours, les prochaines semaines, votre escapade, c’est votre maison… puisque vous y êtes. Ceux qui ont la chance d’y être en famille, en couple ou avec un coloc sentez-vous chanceux…»

On va s’en sortir comme le chantait Yvon Deschamps, on va s’en sortir… Mais d’ici là, soyons prudents et surtout gardons l’espoir d’un monde meilleur.

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