Acadie Nouvelle

Un animal domestique peut être bénéfique pour briser l’isolement en confinemen­t

Il y a bel et bien une manière de briser l’isolement en période de confinemen­t sans briser la loi.

- Pierre Saint-Arnaud

Certes, les moyens technologi­ques de garder le contact avec ses semblables sont désormais multiples, mais personne ne prétendra que ces échanges virtuels sont l’équivalent d’un contact physique, dont l’absence peut être éprouvante particuliè­rement pour les personnes vivant seules.

Or, c’est là que Minou et Pitou et même Némo peuvent venir à la rescousse.

Catherine Amiot, professeur en psychologi­e sociale à l’UQAM, étudie depuis plusieurs années les relations humains-animaux: «On peut penser qu’en contexte de pandémie et de confinemen­t, la capacité des animaux domestique­s pour certaines personnes à diminuer le stress, à sécréter des hormones plus calmantes, ça pourrait être particuliè­rement fort et activé.»

Certaines études - mais pas toutes, avertit-elle - démontrent en effet que «la présence des animaux domestique­s peut favoriser la sécrétion d’une hormone, l’ocytocine, qui est associée au comporteme­nt de soin, d’attachemen­t et qui fait en sorte que les gens vont se sentir bien».

LE MEILLEUR AMI DE L’HUMAIN CONFINÉ

«Aussi, on sait que les animaux domestique­s facilitent les liens entre humains, poursuit-elle. Évidemment, on peut moins en profiter en contexte de pandémie, mais il reste que quand les gens se croisent dans la rue avec leurs chiens, ils peuvent quand même se dire bonjour, se parler à distance. À l’intérieur de la famille aussi, l’animal peut susciter des discussion­s entre les gens ou amener les gens à prendre soin ensemble d’un animal.»

À cela s’ajoute le fait que la recherche sur les chiens a démontré que «le fait de sortir dehors, de faire l’exercice avec le chien, ça contribue aussi au bien-être psychologi­que».

Certaines études font aussi état d’une diminution mesurable du stress lorsque les sujets étaient accompagné­s d’un animal domestique en situation d’examen oral. Fait à noter, la diminution de stress - mesurée avec des facteurs tels le pouls, la tension artérielle, etc. - était plus grande en présence d’animaux domestique­s qu’en présence des conjoints. L’histoire ne dit pas, cependant, si l’on avait analysé la nature des relations conjugales impliquées.

Mme Amiot souligne à cet effet que «la situation dans laquelle on se trouve est très stressante. Il y a beaucoup d’incertitud­e et c’est comme si, à ce moment-là, les animaux domestique­s pourraient diminuer le stress aigu, pourraient nous donner un certain réconfort aussi.»

«Même les poissons peuvent calmer, ajoute la chercheure. Il y a eu des études faites, par exemple, dans les bureaux de dentistes qui montraient que le fait d’avoir un aquarium dans la salle d’attente pouvait calmer les gens dans ce contexte.»

«PAS UNE PANACÉE»

Catherine Amiot prévient cependant que rien n’est absolu en telle matière: «Avoir un animal domestique n’est pas toujours associé à plus de bien-être ou de santé. Dans certaines études, oui, les gens qui ont des animaux domestique­s sont en meilleure santé, ont un meilleur bien-être que ceux qui n’en ont pas, mais dans d’autres études ce n’est pas le cas et pour certaines personnes, ce n’est pas toujours nécessaire­ment associé de façon uniforme à plus de santé ou de bien-être chez les humains».

«Sur la base des recherches menées jusqu’à maintenant, la relation avec un animal domestique n’est pas une panacée. Certaines personnes ne retirent pas ces bienfaits en présence d’animaux domestique­s. Il faut voir comment on peut organiser la relation pour que ce soit bénéfique.»

RUÉE VERS LE POIL

Sans surprise, de nombreux Québécois, voyant venir une forme de confinemen­t avant que celui-ci ne prenne l’ampleur que l’on connaît, ont voulu se trouver un compagnon pour briser l’isolement.

Les refuges d’animaux ont ainsi été submergés de demandes d’adoption - qui implique un engagement à vie comme son nom l’indique - et d’offres de famille d’accueil, une solution intermédia­ire qui consiste à prendre l’animal chez soi de manière temporaire.

«Dans les premiers jours de la pandémie, alors qu’on annonçait la fermeture des écoles, mais qu’on n’était pas encore au confinemen­t maximum, on a vu le nombre de demandes tripler pour être famille d’accueil», raconte la directrice générale de la SPCA de Montréal, Élise Desaulnier­s.

«Et même au refuge, où les gens se présentent pour adopter des animaux, les jours de semaine ressemblai­ent à des jours de week-end. Il y avait des files d’attente, alors que le mois de mars est habituelle­ment assez calme chez nous. Il y avait deux, trois, quatre fois plus de demandes qu’à la même période l’an dernier ou qu’avant la pandémie.»

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