Acadie Nouvelle

La SANB obtient 434 725$ pour contrer la désinforma­tion

- Pascal Raiche-Nogue pascal.raiche-nogue@acadienouv­elle.com @raichenogu­e

La Société de l’Acadie du NouveauBru­nswick poursuit sa lutte contre la désinforma­tion avec l’obtention d’une nouvelle subvention de 434 725$ de Patrimoine canadien. Sa nouvelle cible – à la fois brûlante d’actualité et en dehors de son champ d’expertise – est la COVID-19.

Il y a deux semaines, Patrimoine canadien a annoncé des investisse­ments de 3 millions $ pour «prévenir l’informatio­n trompeuse sur la COVID-19 et à maintenir la cohésion sociale partout au pays».

Huit organismes régionaux et nationaux ont reçu des sous. La Société de l’Acadie du Nouveau-Brunswick est du nombre, aux côtés entre autres de la Fédération profession­nelle des journalist­es du Québec et de l’Institut pour la citoyennet­é canadienne.

La SANB s’est vu attribuer 434 725$ pour la création d’un «portail de vérificati­on des faits sur la COVID-19».

Il s’agit d’un projet intrigant à première vue, puisque la vulgarisat­ion scientifiq­ue et l’épidémiolo­gie ne sont pas du tout dans les cordes de la SANB. L’Acadie Nouvelle a donc tenté d’y voir plus clair.

À QUOI SERVIRONT CES CENTAINES DE MILLIERS DE DOLLARS?

Au cours des derniers jours, nous avons cherché à mieux comprendre à quoi serviront les centaines de milliers de dollars versés à la SANB.

Nous avons tout d’abord cogné à la porte de Patrimoine canadien. Sa porte-parole, Amy Mills, nous a répondu que les fonds serviront à la création d’un «seul portail bilingue, voire multilingu­e (intégratio­n de langues autochtone­s)».

Elle a ajouté que ce portail permettra entre autres aux citoyens de «découvrir des sources d’informatio­n sur la COVID-19 sûres, officielle­s et vérifiées» et de «trouver des outils pratiques afin qu’ils puissent distinguer les faits des rumeurs et des fausses nouvelles».

Quand nous avons demandé plus de détails, Patrimoine canadien nous a renvoyé à la SANB.

L’organisme a pour sa part confirmé qu’un portail de vérificati­on des faits sur la COVID-19 est en développem­ent, mais a refusé d’émettre d’autres commentair­es avant son lancement officiel.

L’Acadie Nouvelle est revenue à la charge et a convaincu l’organisme de changer son fusil d’épaule. Le directeur général de la SANB, Ali Chaisson, nous a accordé une entrevue. On nous a aussi fait parvenir une note de service interne résumant les grandes lignes du projet.

Lors de l’entretien téléphoniq­ue, Ali Chaisson a expliqué qu’une partie des 434 725$ servira à payer la programmat­ion du portail.

Ce travail sera effectué par WebSolutio­ns. ca, une entreprise de Bathurst qui a déjà collaboré avec la SANB par le passé.

«Il y a aussi la traduction, la gestion de projet, la gestion des partenaria­ts, chercher la nouvelle. Il y a des spécialist­es qui vont nous aider à faire des vérificati­ons des faits», a-t-il précisé.

Qui sont ces spécialist­es qui vérifieron­t les faits sur la COVID-19 au cours des prochains mois (et qui seront payés pour le faire)? M. Chaisson n’a pas voulu nous le dire, mais assure qu’il s’agira de gens «expériment­és qui ont les pedigrees appropriés».

«Ce sont des gens de nos communauté­s, des gens qu’on connaît. Des anciennes journalist­es, des anciens de nos organisati­ons communauta­ires qui amènent avec eux un bagage de connaissan­ces. Puis il y a des gens expériment­és qui ont travaillé par exemple aux Nations Unies, aux États-Unis ou à l’Organisati­on mondiale de la santé.»

Patrimoine canadien a lancé un appel de propositio­ns le 13 mars. La SANB y a répondu et obtenu une réponse favorable le 31 mars, selon Ali Chaisson.

Le projet est en voie d’être réalisé et devrait être lancé officielle­ment au cours des prochains jours.

POURQUOI LA SANB?

La Société de l’Acadie du NouveauBru­nswick est une habituée des dossiers liés à la langue. Éducation, immigratio­n, santé, droits linguistiq­ues, voilà ce sur quoi portent la plupart de ses interventi­ons.

On peut donc se demander; comptetenu de ce champ d’expertise, est-ce vraiment à la SANB de vérifier les faits sur la COVID-19? Est-ce vraiment dans son mandat de se lancer là-dedans?

Lorsque l’on pose la question à son directeur général, Ali Chaisson, il répond qu’il ne s’agit pas de la première fois que son organisme s’aventure dans la vérificati­on des faits et la lutte à la désinforma­tion.

La SANB est effectivem­ent été l’instigatri­ce de la plateforme ExactNB, lancée plus tôt cette année.

Ce projet numérique a lui aussi été réalisé grâce à une subvention Patrimoine canadien et programmé par l’entreprise WebSolutio­ns.ca. Il vise à départager le vrai du faux en matière de bilinguism­e.

«Nous avons développé un outil spécifique­ment pour la question de la langue. Et on voit une manière d’appliquer cet outillà à d’autres fins», affirme Ali Chaisson.

Selon lui, le portail sur la COVID19 répondra à un besoin dans la région. C’est que dans les provinces de l’Atlantique, les informatio­ns de sources étatiques ne sont pas aussi nombreuses en français qu’en anglais.

«Si déjà on peut viser à créer un site qui propage la bonne informatio­n en langue française, je pense que ça, c’est certaineme­nt à l’intérieur du mandat de la SANB. Cela fera en sorte que les francophon­es reçoivent de la bonne informatio­n, vérifiée de manière authentiqu­e», dit-il. ■

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Ali Chaisson
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