LE PDG DE VITALITÉ ANNONCE SA RETRAITE
L’un des principaux acteurs de la réforme avortée des hôpitaux ruraux tirera sa révérence cet automne.
Le Réseau de santé Vitalité a annoncé mercredi que son président-directeur général, Gilles Lanteigne, a décidé de prendre sa retraite en octobre.
Selon la présidente du conseil d’administration de Vitalité, Michelyne Paulin, M. Lanteigne a choisi de ne pas solliciter de nouveau mandat à la tête du réseau à la fin de son contrat qui se termine en août.
«Toutefois, il restera en poste jusqu’en octobre 2020 afin d’accorder une période de six mois pour permettre le recrutement et l’entrée en poste d’une nouvelle personne à titre de présidentdirecteur général», a-t-elle déclaré.
Selon le principal intéressé, il était temps de songer à la retraite après 45 ans de carrière dans le domaine de la santé.
«J’ai regardé tout ce qui a été fait dans le réseau de la santé. J’ai regardé aussi mon âge et ce que je voulais faire dans la vie et j’en suis arrivée à cette décision parce que j’en suis rendu là dans ma vie», a confié Gilles Lanteigne en entrevue téléphonique.
En plus de préparer le terrain de son successeur, M. Lanteigne consacrera les prochains mois à la gestion de la pandémie du coronavirus.
«Il faut s’assurer de maintenir l’état de préparation que nous avons si chèrement acquis depuis cinq semaines et aussi voir comment nous pouvons planifier de façon intelligente l’après-COVID-19 qui va persister sur une assez longue période.»
L’homme originaire de Dalhousie avait été nommé à la direction de Vitalité par l’ancien ministre de la Santé, Victor Boudreau, en 2015.
Même si son contrat de cinq ans est sur le point de se terminer, M. Lanteigne estime qu’il aurait probablement pu rester en poste s’il avait voulu puisque le ministre de la Santé, Ted Flemming, était «tout à fait satisfait du travail qui a été fait».
Le premier ministre Blaine Higgs a indiqué mercredi avoir appris la décision de Gilles Lanteigne la veille.
«J’ai appris la nouvelle (mardi). J’ai été surpris d’apprendre qu’il comptait partir à la retraite», a-t-il dit en marge de son point de presse quotidien sur la crise de la COVID-19.
«J’ai appris un peu à connaître M. Lanteigne durant la dernière année et je reconnais son dévouement pour le Réseau de santé Vitalité et le système de santé dans son ensemble. Je l’ai déjà félicité pour sa capacité de travailler en équipe avec Horizon pour renforcer notre système.»
PAS QUE DES HEUREUX
Gilles Lanteigne n’a cependant pas fait que des heureux durant son mandat à titre de président-directeur général du réseau francophone de la santé.
Il a notamment été critiqué en février pour son rôle dans la réforme de la santé qui prévoyait la fermeture partielle des urgences de six hôpitaux ruraux, dont trois au sein de Vitalité.
Des groupes et des élus municipaux ont même réclamé sa démission.
La Commission de services régionaux de Kent, qui est présidée par la mairesse de Rogersville, Pierrette Robichaud, était l’un des groupes qui voulaient voir Gilles Lanteigne partir.
«C’est peut-être pour le mieux», a confié Mme Robichaud, mercredi, au sujet du départ à la retraite du PDG.
«Je ne connais pas M. Lanteigne personnellement, mais avec tout ce qui s’est passé, ça aurait été très difficile de travailler avec lui. Il y a beaucoup de gens qui avaient perdu confiance.»
Les opposants à la réforme déploraient notamment de ne pas avoir été consultés sur l’avenir de leurs hôpitaux.
Devant l’énorme levée de boucliers, le premier ministre Higgs a suspendu la réforme qui avait été annoncée une semaine avant par son ministre de la Santé et a promis d’aller consulter les communautés.
Gilles Lanteigne assure que sa décision de partir à la retraite n’a rien à avoir avec cet épisode et avec ceux qui ont réclamé sa démission.
«Les changements dans le système sont encore vraiment, vraiment nécessaires. Malgré le fait que, parfois, on exprimait des craintes par rapport aux transformations qui étaient proposées dans le réseau, j’ai toujours une bonne relation avec les maires et les députés», a-t-il confié.
«C’est sûr que j’ai trouvé parfois un peu décevant qu’on personnalise le débat, mais je peux vous dire que moi, j’ai plutôt cherché des idées pour améliorer le système.» ■