Acadie Nouvelle

La grande carrière d’Oscar Gaudet

- Robert Lagacé robert.lagace@acadienouv­elle.com @RobLagace

Yvon Durelle, Ron Turcotte, Jean-Yves Thériault, Rhéal Cormier, Patty Blanchard, Milaine Thériault, Joël Bourgeois, Luc Bourdon et Geneviève Lalonde. Ils font partie d’une poignée d’athlètes acadiens qui ont su laisser une empreinte impossible à effacer dans l’histoire du sport néo-brunswicko­is. Vous pouvez aussi sans hésiter ajouter dans ce groupe Oscar Gaudet.

Réglons tout de suite un truc. Vous raconter la carrière sportive d’Oscar Gaudet dans un seul texte est aussi bien dire impossible tellement elle a été riche. Particuliè­rement au hockey, bien qu’il a aussi été dominant au baseball et à la balle rapide.

C’est pourquoi je me contentera­i de vous parler de hockey.

Sachez d’abord qu’il a remporté la coupe Adams avec les Black Hawks de Dallas dans la Ligue Centrale (CHL) en 1969, la coupe Lester Patrick avec les Buckaroos de Portland dans la Ligue Western (WHL), ainsi que deux fois la coupe Hardy au niveau senior avec les Beavers de Moncton en 1975 et les Hawks de Moncton en 1979.

Je vous épargne cependant tous les championna­ts des pointeurs et les championna­ts de ligue, provinciau­x et des Maritimes. De toute façon, il en a lui-même perdu le compte depuis fort longtemps.

Je précise toutefois qu’Oscar a été immortalis­é à 11 reprises, dont bien sûr au Temple de la renommée sportive du Nouveau-Brunswick en 1992.

«C’est mon frère aîné Ronnie (décédé en 2012) qui a emmené le sport dans la famille, parce que mes parents (Aimé et Dométhilde) n’étaient aucunement sportifs, raconte Oscar, aujourd’hui âgé de 78 ans. Ronnie, qui avait 14 ans de plus que moi, a d’ailleurs été ma première idole. Plus jeune, j’aimais aussi beaucoup les frères Richard, Maurice et Henri, de même que Jean Béliveau.»

Oscar Gaudet est né à Moncton, mais a grandi à Memramcook. S’il a commencé à patiner vers l’âge de 5 ans sur une patinoire extérieure, c’est seulement à 12 ans qu’il a joué pour sa première équipe, soit lors de son entrée au collège Saint-Joseph. En 1955, à l’âge de 14 ans, il fait le saut dans le hockey midget avec Eugène LeBlanc comme entraîneur.

«Eugène a été un entraîneur important dans mon développem­ent. C’est aussi lui qui a été mon entraîneur une fois juvénile avec les Rovers de Memramcook», confie-t-il.

«Nous étions cinq Gaudet dans l’équipe, soit moi, Eugène (l’ancien phytothéra­peute des Canadiens de Montréal), Camilien, Edmour et Louis. Je me souviens encore de la fois qu’Eugène LeBlanc, alors que nous disputions un match sur l’Île-du-Prince-Édouard, a décidé de nous envoyer tous les cinq sur la glace pour mêler le commentate­ur», mentionnet-il en riant.

Courtisé par les Black Hawks de Chicago dès la fin de son stage junior, Oscar pris la décision de faire d’abord ses études universita­ires.

«Mon plan B était de devenir professeur d’éducation physique et j’ai donc terminé mes études avant de faire mes débuts profession­nels en 1964. J’avoue que je ne savais pas trop à quoi m’attendre, mais j’ai vite réalisé que j’étais capable de jouer à ce niveau», dit-il.

Et comment donc. Dès sa première campagne dans la Ligue américaine, il en enregistre 50 points (22-28) avec les Bisons de Buffalo. Les deux saisons suivantes, avec les Brave de Saint-Louis, il a va de 66 (37-39) et 52 (21-31) points dans la Ligue centrale.

«Dans le temps, la Ligue américaine était surtout composée de joueurs plus âgés, alors que les plus jeunes évoluaient dans la Ligue centrale, affirme-t-il. C’est justement à SaintLouis que j’ai connu Dennis Hull, le frère de Bobby.»

Ce même Dennis Hull qui, quelques années plus tard, révélera: «La plus grande gaffe commise par Chicago est l’échange de Phil Esposito. Et la deuxième plus grande erreur est de ne pas avoir fait d’Oscar Gaudet un de ses joueurs réguliers».

De 1967 à 1970, toujours dans la Ligue centrale, Oscar portera les couleurs des Black Hawks de Dallas, où il remportera la coupe Adams au terme de la saison 1968-1969. Il réussira des saisons de 63 (30-33), 72 (22-50) et 78 (25-53) points à Dallas.

Il complétera finalement sa carrière profession­nelle en 1970-1971 avec les Buckaroos de Portland dans la Ligue Western. Non seulement il marquera 37 buts et 66 points, mais il mènera aussi l’équipe à la conquête de la coupe Lester Patrick.

«Peggy et moi avions alors deux enfants et le plus vieux, Richard, devait commencer l’école à l’automne. Comme nous voulions que les enfants fassent leurs études en français, j’ai décidé de revenir au Nouveau-Brunswick, où je suis devenu représenta­nt pour la brasserie Labatt. C’est un travail que j’ai conservé pendant 30 ans», affirme-t-il.

Il évoluera évidemment au niveau senior avec les Bears de Richibucto, les Bears de Moncton et les Hawks de Moncton. Il remportera même la coupe Hardy avec les deux dernières formations. Il effectuera aussi un bref retour au hockey profession­nel à l’âge de 37 ans avec les Hawks du NouveauBru­nswick dans la Ligue américaine. Il amassera une passe en deux duels.

«Les Hawks avaient beaucoup de blessés et l’entraîneur Eddie Johnston nous avait demandé à moi et Allard LeBlanc pour aller les dépanner», dit-il.

Lorsque je l’invite à me raconter quelques anecdotes, Oscar pense aussitôt à sa dernière saison profession­nelle à Portland.

«Nous avions trois défenseurs robustes avec les Buckaroos. Il y avait Jerry King Kong Korab, qui jouera par la suite avec les Sabres de Buffalo et qui était un colosse de 6 pieds 3 pouces et 218 livres, et Rick Foley, un costaud de 6 pieds 4 pouces et 225 livres. Le troisième, même s’il était moins costaud, aimait beaucoup le jeu rude. C’était Connie Madigan qui sera quelques années plus tard embauché pour le film Slap Shot. C’est lui qui tient le rôle de Ross Mad Dog Madison.»

«Les attaquants des autres équipes avaient tellement peur d’eux quand ils étaient sur la glace qu’ils préféraien­t envoyer la rondelle dans le fond de notre territoire à la ligne rouge pour ensuite débarquer», lance-t-il en riant.

«Je me rappelle aussi que dans la Ligue Centrale, il y avait deux gars qui me donnaient pas mal de la misère. L’un était Jean-Paul Parisé. Il parvenait souvent à me contrer. L’autre c’était Glen Sather qui dirigera plus tard les Oilers d’Edmonton. Sather était une vraie peste. Une fois, il m’a dit avant une mise au jeu que je n’étais pas assez rapide pour lui. Je lui ai répondu que j’étais capable de le battre n’importe quand», mentionne-t-il en riant.

Je lui demande ensuite s’il aurait changé quelque chose dans sa carrière s’il avait eu l’occasion de le faire.

«J’aurais rien changé, jure-t-il. Et cela, même si le timing de ma retraite profession­nelle m’a empêché de jouer dans l’Associatio­n mondiale (AMH). En 1972, le directeur général Maurice Fillion m’a offert un contrat de trois ans pour jouer avec les Nordiques de Québec. J’ai été obligé de refuser parce que j’étais maintenant installé à Moncton, que j’avais un bon travail et que les enfants allaient à l’école.» ■

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