DUR COUP POUR LES MOTONEIGISTES
La fermeture hâtive des sentiers de motoneiges en raison de la COVID-19 aura privé les amateurs de quelques belles randonnées. Toutefois, les conséquences auraient pu être bien pires…
Il restait encore au moins trois bonnes semaines à la saison 2019-2020 de motoneiges, sinon plus. Officiellement, celle-ci devait se terminer le 15 avril. En raison de la pandémie, les amateurs ont dû ranger leurs bolides plus tôt, le 22 mars.
«Les pistes étaient belles, les températures bonnes, les touristes au rendez-vous… On s’enlignait pour une saison exceptionnelle, une de nos meilleures depuis des décennies», estime Ross Antworth, directeur général de la Fédération des clubs de motoneiges du Nouveau-Brunswick.
Dans les faits, la fédération croit avoir fracassé un record en terme de vente de permis d’accès à ses sentiers. «Croit», parce que jusqu’ici, elle n’a pu compiler la totalité des ventes en raison de la fermeture prématurée des clubs. N’empêche, la tendance était à la hausse soutien, M. Antworth.
Mais il y a eu la pandémie et celle-ci a du coup privé les amateurs de près du quart de leur saison.
«On a perdu l’équivalent d’un mois de motoneige, ce qui est quand même considérable. Et ces dernières semaines – les dernières de mars et les premières d’avril – sont parmi celles que les amateurs préfèrent. Il fait généralement moins froid, les journées allongent. Ce sont de belles journées de randonnées qui ont été perdues. C’est donc un coup dur pour l’industrie touristique, surtout celle du Nord puisque c’est là où la neige était encore suffisamment en abondance pour permettre de faire de la motoneige plus tardivement», indique le responsable de la fédération.
Ce dernier l’admet, la pandémie aura fort probablement moins d’impact sur son industrie que si elle avait débarqué au pays au début janvier. En ce sens, la motoneige s’en tire mieux que bien d’autres loisirs, notamment ceux estivaux.
Pour l’organisation, les pertes sont plutôt minimes puisque le gros de la vente de permis est effectué à l’avance. Toutefois, les pertes se chiffre en millions de dollars pour toute l’industrie qui gravite autour de ce loisir. Restaurants, stations d’essence, hôtels, détaillants d’équipement…
Un rapport publié par la fédération en décembre indiquait que la motoneige génère 90,5 millions $. Pas mal pour une activité qui ne dure que quatre mois.
Mais aurait-on pu laisser les sentiers ouverts en imposant certaines conditions? Selon M. Antworth, la décision de fermer les sentiers était la bonne, notamment parce qu’il aurait été très difficile d’empêcher les rassemblements et de limiter les contacts.
Ainsi, la fédération a fait comme tous les autres, avaler la pilule en espérant que la prochaine saison sera mieux.
«On n’a pas fermé nos sentiers de gaieté de coeur, mais c’était la seule chose à faire dans les circonstances, le choix le plus responsable. On appuie les efforts de nos élus dans leur combat contre cette pandémie, dans leur décision d’imposer cette mesure d’urgence. C’est certain que plusieurs motoneigistes étaient déçus, mais on ne joue pas avec la vie des gens. On préfère fermer plus tôt et voir nos membres en santé la saison prochaine que de contribuer à propager le virus», indique-t-il.
Pour la prochaine campagne de motoneige, le directeur estime qu’il est difficile de tenter un pronostic. La perspective d’une saison écourtée ou perdue ne l’enchante guère, mais il préfère demeurer réaliste.
«Si le contexte demeure le même à la midécembre, je ne vois pas comment nous pourrions ouvrir nos pistes. Ce serait très décevant, mais probablement la solution la plus rationnelle et la plus professionnelle. Nous sommes tous des passionnés de la motoneige, mais l’important avant toute chose c’est la santé et la sécurité de nos proches et de la population. Aucune activité récréative ne devrait avoir priorité sur cela, peu importe la déception que cela pourrait engendrer», estime-t-il, disant vouloir attendre le feu vert des autorités avant de remonter sur sa motoneige. ■