LA VOLONTÉ COLLECTIVE
Les crises ont le don de braquer les projecteurs sur les problèmes et les défis que l’on a tendance à ignorer sans trop de difficultés en temps normal. C’est d’autant plus vrai lorsque la crise prend des proportions historiques comme la pandémie de COVID-19. Si les problèmes mis en exergue par cette tragédie sont loin d’être inédits, les solutions ne sont pas nouvelles non plus. Ce qui pourrait être flambant neuf, c’est notre volonté de relever ces défis. Prenons en exemple le personnel des foyers de soins qui effectuent un travail difficile et tout à fait essentiel pour de petits salaires. Cette situation n’a pas été créée par la COVID-19. Il faut vraiment avoir vécu sous une roche durant les 20 dernières années pour ne pas être au courant du problème. Il en va de même, par exemple, pour les préposés aux soins à domicile ou les éducatrices en garderies.
Il va de soi que le Nouveau-Brunswick possède la richesse suffisante pour rémunérer davantage tous ces travailleurs. Cela nécessiterait toutefois que l’on fasse des choix de sociétés différents. Sommes-nous prêts à payer davantage d’impôts? Sommes-nous prêts à demander aux entreprises, les petites comme les grandes, de payer plus d’impôts? Sommes-nous prêts à dépenser moins dans certains domaines pour dépenser plus sur l’essentiel? La réponse à chacune de ces questions est peut-être bien «oui», mais il faut d’abord se les poser.
Le raisonnement est à peu près le même en ce qui concerne l’alimentation locale et le rapatriement des moyens de production en général. À grande échelle, une stratégie comme celle-là ferait sans doute grimper le taux d’inflation. Ce n’est cependant pas nécessairement un défi insurmontable. Il nous faudrait toutefois consommer moins pour consommer mieux et renoncer à certains produits qui poussent sous le soleil des tropiques ou qui sont manufacturés pour presque rien dans des usines en Asie. C’est encore une fois une question de volonté collective.