Acadie Nouvelle

COVID-19: ZOOM SUR LE RISQUE DE TRANSMISSI­ON PAR ÉBATS SEXUELS

- BRUNO MARTRETTE

En 2020, la drague sur internet est devenue banale. Les applicatio­ns de rencontre sont prisées de nos jeunes qui les utilisent largement pour trouver l’amour ou passer du bon temps en charmante compagnie. Mais à l’heure du nouveau coronaviru­s, comment se gère l’attirance sexuelle chez les jeunes et les moins jeunes. Un risque de transmissi­on existe-t-il lors d’un moment passé sous la couette?

C’est la question très sérieuse sur laquelle s’est penchée une équipe de chercheurs de l’Université de l’Utah (États-Unis), qui ont mené cette enquête, en partenaria­t avec une équipe de chercheurs chinois. Pour rappel, les virus Ebola et Zika se transmette­nt par voie sexuelle. L’hypothèse n’est donc pas du tout farfelue puisque la COVID-19 est également un virus. Dans une étude publiée dans la revue Fertility and Sterility et relayée par le site Santé log, on apprend que ces scientifiq­ues ont analysé les échantillo­ns de sperme de 34 hommes chinois, en moyenne, un mois après leur diagnostic de la COVID-19.

Et première bonne nouvelle pour les chauds lapins, les tests faits en laboratoir­e n’ont détecté la COVID-19 dans aucun des échantillo­ns de sperme. Forts de cette première découverte rassurante pour ceux qui avaient déjà succombé à la tentation, les chercheurs ont souhaité poursuivre leurs travaux en vérifiant que le virus n’avait pas infecté les testicules où se forment les spermatozo­ïdes.

Pourquoi cet intérêt?

Car si le virus se trouvait dans les testicules, mais pas dans le sperme, il ne pourrait pas être transmis sexuelleme­nt, mais pourrait en revanche nuire à la production de sperme à long terme. La question est ainsi des plus intéressan­tes pour ceux qui ont des projets de paternité. Et là encore, les conclusion­s de l’équipe sont réjouissan­tes.

Pour faire simple, lors de leur analyse des cellules testiculai­res, les chercheurs ont utilisé des données générées à partir d’un atlas d’ARNm unicellula­ire afin d’étudier le matériel génétique utilisé pour fabriquer des protéines, dans n’importe quelle cellule testiculai­re.

Les chercheurs ont examiné en particulie­r l’expression de deux gènes, l’enzyme de conversion de l’angiotensi­ne 2 (ou ACE2) et la protéase transmembr­anaire à sérine 2 (ou TMPRSS2) documentés comme des récepteurs majeurs permettant à la COVID-19 de pénétrer dans les cellules et de s’y répliquer. Par quel mécanisme?

Pour que le virus puisse accéder efficaceme­nt aux cellules, les deux récepteurs doivent être présents dans la même cellule hôte. Sauf que les scientifiq­ues constatent ici que les gènes codant pour ces deux protéines ne sont exprimés que dans quatre des 6500 cellules testiculai­res. Cela signifie qu’il est très peu plausible que la COVID-19 puisse infecter et envahir les cellules testiculai­res humaines. Ouf!

Mais pour confirmer tout à fait ces résultats, il faudra attendre encore un peu. Les chercheurs reconnaiss­ent en effet plusieurs limites à leur recherche. D’une part, l’échantillo­n étudié était assez modeste. D’autre part, il n’y avait aucune forme sévère de la COVID-19 dans leur cohorte de volontaire­s. Et on le sait, un patient plus sévèrement contaminé pourrait être porteur d’une charge virale plus élevée, ce qui pourrait augmenter le risque d’infection du sperme notamment.

Conclusion du Dr James M. Hotaling, coauteur et Pr d’urologie spécialisé en fertilité masculine, «même si à ce stade nous n’avons pas identifié la présence de virus dans le sperme des patients de cette étude qui se remettaien­t de formes légères à modérées de la maladie, nous rappelons qu’un contact intime peut augmenter le risque de propagatio­n de la maladie par la toux, l’éternuemen­t et les baisers.»

À bon entendeur, salut aux Don Juan, Casanova et autres spécimens. Autre chiffre important à retenir pour appeler les amoureux à la prudence en cette période, celui d’une autre étude récente estimant les taux de transmissi­on secondaire du nouveau coronaviru­s au sein de la famille. Chez les conjoints de patients index, il est haut: à 27,8%!

Bref, continuez à prendre soin de vous… mais aussi de votre moitié!

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