Acadie Nouvelle

«UN DÉSASTRE» POUR LES ENTREPRISE­S AGRICOLES

- Simon Delattre simon.delattre@acadienouv­elle.com @Simon2Dela­ttre

«Désastre», «décision dévastatri­ce», «coup dur», les producteur­s agricoles se retrouvent privés de main-d’oeuvre par la décision du gouverneme­nt Higgs de fermer les frontières aux travailleu­rs étrangers temporaire­s et craignent pour leur récolte.

La province a annoncé mardi que ces travailleu­rs ne peuvent désormais plus entrer sur le territoire. Quelque 1500 ouvriers étrangers sont déjà dans la province. La nouvelle mesure touche environ 600 travailleu­rs qui devaient arriver dans les prochains jours ou semaines.

Chaque année, entre 2000 et 2500 travailleu­rs étrangers s’installent dans la province pendant plusieurs mois dans le secteur de la transforma­tion des fruits de mer et dans de nombreuses exploitati­ons agricoles.

L’annonce a été un choc pour Madeleine Céré, propriétai­re de la ferme Les Petits Fruits de Pré-d’en-Haut.

Sa ferme a embauché 40 travailleu­rs spécialisé­s venus de la Jamaïque l’an dernier. Certains d’entre eux lui prêtaient mainforte pour la onzième année consécutiv­e.

«Ce sont des emplois qui font vivre des familles. Ils sont ici jusqu’à huit mois par année, ils ont des amis ici, ils dépensent de l’argent ici, ils participen­t à l’économie», plaide Madeleine Ceré.

Elle craint de perdre une partie de ses fraises et de ses bleuets. La plantation des 100 acres de courges, de choux de Bruxelles, de melons, de zucchinis et de squash est même compromise.

«Nous n’allons pas pouvoir les planter cette année. La semaine dernière, le gouverneme­nt nous demandait de planter plus pour assurer l’autonomie alimentair­e de la province et cette semaine, il nous enlève nos travailleu­rs!»

L’exploitati­on agricole ne parvient pas à trouver une main-d’oeuvre locale pour travailler dans les champs, ajoute la propriétai­re de la ferme. Rares sont ceux qui sont prêts à exercer un métier dur, exigeant physiqueme­nt.

«Il faudrait 150 Canadiens pour remplacer nos 40 travailleu­rs étrangers, estime-telle. Mes gars travaillen­t 65 à 75 heures par semaine, ils sont spécialisé­s. Comment vat-on remplacer ce monde-là? Vous pensez sincèremen­t que les étudiants qui reçoivent 1250 $ dollars par mois pour rester à la maison vont venir travailler dans les champs? C’est un désastre, je crois que des fermes ne passeront pas au travers.»

Non loin de là, le Verger Belliveau se retrouve dans une situation comparable. Au plus fort de la récolte, le producteur de pommes de Memramcook peut compter dans son équipe jusqu’à une centaine de travailleu­rs temporaire­s originaire­s de l’île Saint-Vincent, de la Jamaïque et du Mexique.

Samuel Bourgeois, directeur des opérations, déplore une absence de consultati­on. «Qui va produire notre nourriture si les producteur­s ne peuvent plus la récolter? D’où vont venir nos fruits et nos légumes l’an prochain? Avant que ce programme fédéral ne commence, notre ferme déclinait parce qu’on ne trouvait plus de main-d’oeuvre. Depuis, nous avons continué à grossir et nous avons pu embaucher des vendeurs, des agronomes, des chauffeurs…»

Jusqu’à présent, les directives sanitaires imposaient que les travailleu­rs étrangers respectent une période de quarantain­e de 14 jours, une précaution suffisante à ses yeux. «Si on doit les remplacer par des personnes dont on ne contrôle pas les déplacemen­ts, est-ce qu’on limite vraiment le risque», se demande M. Bourgeois.

«Ça veut dire qu’il va manquer de fruits et de légumes au Nouveau-Brunswick. Plusieurs producteur­s me disent qu’ils ne planteront que 25% à 30% de leur récolte parce qu’ils n’auront personne pour la ramasser», alerte-t-elle.

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 ?? - Gracieuset­é ?? La ferme Les Petits Fruits de Pré-d’en-Haut dépend de 40 travailleu­rs spécialisé­s pour récolter sa production de fruits et de légumes.
- Gracieuset­é La ferme Les Petits Fruits de Pré-d’en-Haut dépend de 40 travailleu­rs spécialisé­s pour récolter sa production de fruits et de légumes.
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