LA VIE SANS LES FESTIVALS
La Péninsule acadienne va perdre énormément avec la décision du gouvernement Higgs d’interdire la tenue d’événements jusqu’au 31 décembre en raison de la pandémie de la COVID-19. En fait, c’est déjà l’hécatombe parmi les festivals et concerts prévus dans la région cet été. Les nombreuses annulations se bousculent sur les réseaux sociaux depuis quelques jours.
Et on ne parle pas des moindres.
Il n’y aura pas de 58e Festival acadien de Caraquet. Ni de Festival des pêches et de l’aquaculture à Shippagan, le plus ancien de la province. Pas de Festival baroque à Lamèque, ni celui de la Tourbe. Pas de Paquetstock. Pas de Festivin. Le Festival des arts visuels en Atlantique est reporté.
La Municipalité régionale de Tracadie devrait annoncer, d’ici à vendredi, le report ou l’annulation de toutes ses activités publiques estivales, a laissé savoir le maire
Denis Losier. Donc, pas de Ruée vers l’art au début d’août, qui rassemble sur la rue principale des milliers de personnes.
«Ça s’en vient, a-t-il confié à l’Acadie Nouvelle. Nous ne pouvons pas aller contre les directives du gouvernement.»
On attend toujours des nouvelles d’événements majeurs tels Acadie Love, à Caraquet à la mi-juillet, ou l’Oktoberfest des Acadiens, en septembre à Bertrand. Et qu’adviendra-t-il du toujours très populaire Salon du livre de la Péninsule acadienne, au début d’octobre, à Shippagan? On verrait mal les voir aller à l’encontre des recommandations de la Santé publique.
Et là, on n’inclut pas encore des petits festivals locaux…
Ajoutons à cela le Village historique acadien de Bertrand et l’Aquarium et Centre marin du N.-B à Shippagan, deux des moteurs principaux du tourisme dans la région, toujours fermés jusqu’à nouvel ordre et vous obtenez un portrait déjà assez sombre de la situation.
Il ne faut pas être une grand devin pour savoir que cet été, on sera très loin des retombées économiques habituelles de plus de 13 millions $ en tourisme.
«Il faut penser à comment faire briller notre région et permettre aux gens d’en ressortir heureux. Nos activités font en sorte que la Péninsule acadienne est un endroit agréable à fréquenter», fait remarquer Julie Bilodeau, directrice de la Chambre de commerce du Grand Tracadie.
Peu de régions sont aussi dépendantes des revenus provenant de cette industrie et de celle très liée du spectacle que la Péninsule acadienne. Comme l’indique Yannick Mainville, directeur de l’Office du tourisme de la Péninsule acadienne, on parle ici du principal gagne-pain de la région de juin à octobre.
«Je ne m’attendais pas à une restriction qui aille aussi tard qu’au 31 décembre. Mais il faut être réaliste...», a-t-il laissé tomber.
Oui, la région devra faire face à une véritable pénurie d’événements rassembleurs cet été. Et ça va faire mal, admet M. Mainville.
Mal non seulement aux festivals, mais aussi à toute l’économie qui s’y rattache, que ce soit l’hébergement, la restauration, les services, etc.
La fermeture des frontières sera également un mal nécessaire à endurer dans les prochains mois, ajoute-t-il. En 2019, le taux d’occupation des lieux d’hébergement en juillet et en août frôlait les 80%. Plus d’une chambre sur deux dans la région était occupée par un touriste de la Belle province. ■
«L’été, ça fournit la majorité de notre-gagne-pain», confirme Marco Plourde, président de la Chambre de commerce du Grand Caraquet et gestionnaire de deux terrains de camping.