Acadie Nouvelle

La grande réussite du N.-B.

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Mardi après-midi, le NouveauBru­nswick a atteint un cap symbolique. Il s’agissait de la dixième journée consécutiv­e pendant laquelle aucun nouveau cas de COVID-19 a été dépisté dans la province. C’est un exploit impression­nant. Il mérite qu’on s’y attarde.

Statistiqu­ement, dix journées complètes sans nouvelle éclosion est une bonne nouvelle, mais ne signifie rien de particulie­r. La période d’incubation du coronaviru­s est un peu moins de 14 jours. C’est là le chiffre magique. Quatorze jours - deux semaines - sans nouveau cas et on peut juger que la bête a été temporaire­ment mise en échec.

Néanmoins, quand la médecin-hygiéniste en chef du Nouveau-Brunswick, Dre Jennifer Russell, a annoncé en conférence de presse le samedi 18 avril qu’une personne âgée dans la trentaine a été déclarée positive dans la zone 3 (Fredericto­n), personne ne pouvait se douter qu’autant de jours passeraien­t sans que le coronaviru­s se remontre le bout du nez.

Le Nouveau-Brunswick peut se targuer d’être la juridictio­n où on retrouve le moins de cas confirmés de coronaviru­s par habitant au Canada et aux États-Unis. C’est une grande réussite dont nous devons être collective­ment très fiers.

Pour y arriver, plusieurs choses ont dû tomber en place de la bonne façon au bon moment.

La faible densité de notre population, le peu de vols internatio­naux dans nos aéroports et le peu de transport en commun ont joué en notre faveur.

À la base, il faut aussi des gens compétents. La Dre Russell et son équipe de la Santé publique avaient déjà prouvé par le passé leur capacité à faire face à des éclosions (rougeole à Saint-Jean, coqueluche à Fredericto­n et légionello­se à Moncton en 2019, coqueluche à Saint-Jean en 2014).

Les meilleurs épidémiolo­gistes ne peuvent toutefois rien s’ils n’ont pas l’appui du gouverneme­nt en place.

Blaine Higgs est un conservate­ur de droite et s’assume comme tel. Il n’est toutefois pas un populiste à la Donald Trump (États-Unis) ou à la Boris Johnson (Royaume-Uni). Il a très rapidement pris la situation au sérieux, suivi les conseils de la Santé publique et mis en place des mesures de confinemen­t draconienn­es. Cela, alors qu’il est minoritair­e et que son gouverneme­nt était sur le point de tomber. Il faut le faire.

Le premier ministre Higgs est à la base très partisan. Il a passé une année à bouder le gouverneme­nt libéral de Justin Trudeau. Il a longtemps refusé de collaborer avec des premiers ministres libéraux de l’Atlantique et le gouverneme­nt caquiste du Québec, préférant cultiver des liens avec des conservate­urs comme Andrew Scheer (Ottawa), Doug Ford (Ontario) et Jason Kenney (Alberta).

Pendant la pandémie, il a toutefois, pour la première fois, tendu une perche au Parti libéral et au Parti vert du Nouveau-Brunswick. Cela a permis d’offrir à la population un message uni, crédible et apolitique.

Enfin, les Néo-Brunswicko­is ont collective­ment suivi les directives de confinemen­t. Cette grande réussite, c’est avant tout la nôtre.

Cela dit, le Nouveau-Brunswick n’est pas la seule province à compter sur un gouverneme­nt qui travaille en collaborat­ion avec l’opposition, sur une médecin-hygiéniste en chef compétente et où la population a bien suivi les directives.

Un élément en particulie­r nous différenci­e des autres juridictio­ns. Le coronaviru­s n’a pas réussi à se frayer un chemin jusque dans nos foyers de soins.

À titre d’exemple, en date de lundi, 24 Néo-Écossais étaient morts de la maladie, dont 18 dans la résidence Northwood de Halifax. Il s’agit d’un gigantesqu­e foyer qui, de l’extérieur, ressemble à un grand immeuble à logements. Rien à voir avec nos foyers de soins de taille plus modeste.

Au total, près de 300 personnes (des résidents, mais aussi du personnel) ont contracté le coronaviru­s dans une dizaine de foyers néoécossai­s. La grosse différence entre le Nouveau-Brunswick et des provinces comme la Nouvelle-Écosse et le Québec, c’est là qu’elle se trouve.

Avons-nous mieux protégé nos personnes âgées grâce à une action plus efficace du gouverneme­nt, grâce à du meilleur travail des employés ou simplement grâce à la chance? Probableme­nt un peu de tout ça. Personne n’a la réponse définitive.

Ce que nous savons toutefois est que le Nouveau-Brunswick est dans une position idéale pour entreprend­re son déconfinem­ent.

Cela ne signifie pas qu’il faut crier victoire. Nous avons échappé au pire de la pandémie pour le moment. Rien ne dit que nous ne serons pas frappés plus durement par une nouvelle vague autrement plus dévastatri­ce. Nos onze jours (en date de mercredi) sans nouveaux cas tomberont alors dans l’oubli.

Si cela devait survenir, nous pourrons au moins affronter la menace avec la confiance d’avoir l’expertise, la vision et la discipline nécessaire­s pour réussir une nouvelle fois à contenir la pandémie.

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