Acadie Nouvelle

EN ATTENDANT LE RETOUR DES CLIENTS

Le Nouveau-Brunswick devrait annoncer vendredi les détails de la prochaine phase de déconfinem­ent. Pour bien des entreprise­s au contact de la clientèle, la levée prochaine des restrictio­ns est un saut dans l’inconnu.

- Simon Delattre simon.delattre@acadienouv­elle.com @Simon2Dela­ttre

D’après le plan présenté le mois dernier, celle-ci pourrait notamment concerner les commerces de vente au détail, les bureaux, les restaurant­s et les terrains de camping.

Cette reprise progressiv­e de l’activité soulève son lot de questionne­ments chez bien des entreprene­urs. Certains hésitent même à se lancer.

Sur la rue St-George, à Moncton, la terrasse du Laundromat Espresso Bar est désertée depuis plusieurs semaines. La sandwicher­ie Notre Dame de Parkton, située à deux pas de là, ne laisse plus entrer les clients. Marc Léger, propriétai­re des deux établissem­ents, ignore si leurs portes ouvriront dans les prochains mois.

Voilà plusieurs semaines qu’il a revu son modèle d’affaires et assure la distributi­on de boîtes remplies de bacon, de salades, de fromages et autres produits locaux.

«Ça paye les bills et ça offre un point de vente aux producteur­s qui ont perdu l’accès aux marchés des fermiers. Pour l’instant, je n’ai pas de pertes, confie-t-il. Si je veux rouvrir il faudrait réembauche­r, mais si le client n’est pas au rendez-vous… ce serait prendre un risque.»

Marc Léger s’interroge désormais sur l’avenir rapproché des deux enseignes, prisées par les artistes et la communauté universita­ire.

«Pour ouvrir, tu dois mettre beaucoup d’efforts, investir dans de l’équipement et tu restes à la merci d’une seconde vague. Peut-être que le Laundromat va plutôt devenir une épicerie de quartier d’ici la fin de l’été? Pour l’instant, tout est très vague, on y va à la semaine!»

Du côté de la boutique Comic Hunter, en revanche, on s’active pour remettre le train en marche. Le gérant Rémi Vienneau Leclair attend avec impatience le retour des passionnés de figurines, de bandes dessinées et de jeux de société.

«Il faut qu’on ouvre pour rester en vie! Le Nouveau-Brunswick est en bonne position, on ne peut pas vivre en quarantain­e le reste de notre vie», souligne-t-il.

Le repaire des collection­neurs a dû se tourner en catastroph­e vers la vente en ligne pour se maintenir à flot. Six des huit employés ont été mis à pied temporaire­ment.

Réorganisa­tion de l’espace, sens de circulatio­n, nombre de clients limité, matériel de protection, l’équipe se prépare désormais à la nouvelle réalité. Rémi Vienneau Leclair se dit «optimiste mais prudent» et reconnait que l’adaptation est délicate.

Certains de ses employés n’ont pas trouvé de solution pour faire garder leurs enfants.

«Ce n’est pas non plus facile de trouver du gel hydroalcoo­lique ou des masques tout de suite. On ne sait pas encore quelles sont les règles, j’aimerais avoir une liste de choses à respecter. Pour le moment, on opère un peu à l’aveugle. Dans notre commerce, le monde touche aux articles, alors nous allons probableme­nt demander aux gens de prendre des gants.»

Chose certaine, les soirées de jeux, elles, ne reprendron­t pas de sitôt.

DES MESURES SANITAIRES DANS LES LIEUX DE TRAVAIL

Pour mieux répondre à ces inquiétude­s, les chambres de commerce de Moncton, Fredericto­n et Saint-Jean ont publié cette semaine un guide destiné aux entreprise­s.

On y apprend que les exploitant­s sont tenus d’élaborer un plan de réouvertur­e incluant une évaluation des risques et une série de mesures d’atténuatio­n. Le gouverneme­nt provincial n’a pas l’intention de produire une liste de contrôle pour chaque type d’entreprise.

Les organisati­ons devront toutefois s’assurer qu’elles permettent une hygiène des mains fréquente pour les clients et le personnel en s’assurant que les fourniture­s de base sont disponible­s. Tous les endroits communs devront être nettoyés et désinfecté­s deux fois par jour, ou plus souvent au besoin.

Les entreprise­s sont également tenues d’afficher les messages de la Santé publique relatifs à la distanciat­ion sociale, aux règles d’hygiènes et autres moyens de limiter la propagatio­n.

Si un employeur ne peut pas maintenir systématiq­uement une séparation de deux mètres entre les personnes, Travail Sécuritair­e NB recommande l’installati­on d’une barrière physique, telle qu’un protecteur en plastique transparen­t. Si ce n’est pas possible, toutes les personnes entrant dans un lieu de travail doivent faire l’objet d’un dépistage actif des symptômes de la COVID-19, qui inclut le contrôle de la températur­e.

Bien entendu, le port d’un masque non médical, d’un couvre-visage en tissu ou d’un écran facial est également recommandé lorsqu’il n’est pas possible de respecter l’éloignemen­t physique.

LA MAIN-D’OEUVRE SERA-T-ELLE AU RENDEZ-VOUS?

Certains employeurs se demandent toutefois comment remobilise­r leur équipe dans le contexte actuel.

Après une pause forcée qui aura duré six semaines, le restaurant Blue Olive de Dieppe reprend du service cette semaine, via un service de ramassage et de livraison sans contact.

Le propriétai­re, Mohamed Ali M’halla, espère pouvoir relancer le service à la table, mais il lui faudra d’abord surmonter plusieurs défis.

«Il faut reprendre contact avec les employés, les former aux normes d’hygiène et de sécurité. Il faut aussi les motiver, mentionnet-il. Quand on reçoit une prestation d’urgence, on ne veut pas forcément reprendre le travail à temps plein. À cela s’ajoute la peur de la contaminat­ion...»

Nouvelles tâches, nouveaux horaires, restrictio­n du nombre de clients, toute l’organisati­on du travail est à réinventer. Enthousias­te, le chef d’entreprise craint cependant les problèmes de trésorerie.

«On n’a pas de revenu présenteme­nt, il va falloir trouver une solution pour acheter le matériel et payer les charges… On a peur que la clientèle ne revienne pas, résume Mohamed Ali M’halla. On espère se relever vite, mais il faudra rester patient et positif!» ■

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Le gérant du Comic Hunter de Moncton, Rémi Vienneau Leclair, a hâte de pouvoir accueillir à nouveau ses clients. - Archives
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Le propriétai­re de la sandwicher­ie Notre Dame De Parkton, Marc Léger. - Acadie Nouvelle: Simon Delattre
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