Les nombreux talents du Dr Caissie, un Acadien exilé au Québec
Le docteur René Caissie, de Saint-Louisde-Kent, redouble d’ingéniosité pendant la pandémie. En plus d’être chirurgien maxillofacial, il travaille à concevoir des masques pour les travailleurs de la santé.
Lorsque la COVID-19 s’est propagée à Montréal, le docteur René Caissie n’a pas baissé les bras. Mais l’Acadien n’avait pas l’esprit tranquille, loin de là.
Son fils âgé de 2 ans devient sévèrement asthmatique lorsqu’il attrape un rhume ou une grippe, donc pas question de l’exposer à un virus comme la COVID-19.
«J’avais peur de m’exposer au virus et de le ramener à la maison. Comme chirurgien maxillofacial, on travaille le visage mais on travaille aussi dans la bouche. On est exposés à beaucoup d’aérosols. C’est vraiment un milieu hostile et c’est un métier qui nous porte à être plus exposés que la moyenne des docteurs.»
C’est alors qu’il a commencé à songer à une meilleure façon de se protéger.
«Je voulais essayer de concevoir une pièce d’équipement qui allait me protéger complètement, beaucoup plus qu’un masque N-95», dit le docteur.
L’homme originaire de Saint-Louis-deKent a déménagé à Rogersville lorsqu’il avait 10 ans. Il y a travaillé dans une quincaillerie, où il a appris à bricoler. C’est une passion qui lui servirait plus tard dans son métier de chirurgien, lors d’opérations de reconstruction faciales, par exemple.
Il a donc construit un premier prototype de masque dans son garage. Il s’agit d’une cagoule reliée par un tube à un appareil de protection respiratoire.
La conjointe du Dr Caissie connaissait quelqu’un qui connaissait le directeur de l’usine de CCM, une entreprise de fabrication d’équipement de hockey.
Quelques jours plus tard, le Dr Caissie était en train de travailler sur un modèle plus «sérieux» avec une équipe de design de CCM.
La cagoule du Dr Caissie permet d’éviter d’avoir à filtrer l’air potentiellement contaminé. L’appareil prend plutôt de l’air pur de l’extérieur et l’utilise pour alimenter la cagoule, ce qui la gonfle. À cause de la pression vers l’extérieur, même en cas de petite déchirure, rien n’y entre, et surtout pas le virus.
«Lors des tests en Laboratoire, cette cagoule protectrice s’est vue attribuer un facteur de protection caractéristique (FPC) de 100, soit dix fois le FPC requis pour qualifier un masque N95», peut-on lire dans un communiqué de l’entreprise CCM, qui cherche à produire un total de 500 000 cagoules de la sorte.
UN NOUVEAU PROTOTYPE
Mais les efforts du Dr Caissie ne s’arrêtent pas là. En entrevue, il nous explique qu’il fait aussi partie d’un groupe qui travaille sur un autre modèle de masque qui promet de rivaliser le fameux N95.
Ce deuxième modèle, manufacturé à l’aide d’imprimantes 3D, est moulé au visage d’une personne pour son usage exclusif.
Une application iPhone analyse les caractéristiques faciales de la personne et calcule les dimensions d’un masque approprié. On y ajoute ensuite un filtre, et le tour est joué.
L’entreprise Dorma Labs, où le Dr Caissie occupe le poste de médecin hygiéniste en chef, a sécurisé suffisamment de résine à imprimante 3D pour fabriquer 70 000 masques ainsi qu’un million de membranes de filtration.
Pour le Docteur Caissie et ce mouvement appelé My Mask, l’espoir est de fournir davantage de masques aux travailleurs de la santé et, éventuellement, à la population.
Il espère que ces masques feront bientôt leur entrée sur le marché, parce que l’équipement de protection commence à se faire rare au Québec.
«On est en train de manquer de N95. Ils nous demandent maintenant de les recycler.»
La lutte contre le virus est calme au Nouveau-Brunswick, mais au Québec, c’est le branle-bas de combat. Le Dr Caissie témoigne d’un environnement pour le moins difficile. Tout le monde connaît quelqu’un qui a attrapé le virus.
«Le Québec, c’est une zone de guerre. Je connais 11 personnes qui ont testé positives dans mon entourage immédiat. On est en train de manquer d’équipement de protection», dit le spécialiste.
Le 25 avril dernier, La Presse rapportait justement une éclosion dans l’Hôpital du Sacré-Coeur, à Montréal, l’endroit où travaille René Caissie. ■