Acadie Nouvelle

Plusieurs mères, un même amour

Chaque année, la fête des mères revient comme un mantra apaisant. Pour nous rappeler d’où nous venons. Mais surtout pour nous montrer là où devrions aller. Par leur dévouement et leur don, les mères pointent l’amour comme l’ultime direction.

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Pour cette fête, on les regroupe toutes ensemble. On parle des mères, alors qu’il n’y en a pas deux pareilles. Elles sont toutes différente­s. Chacune est unique. Chacune a la sienne, qui n’est pas celle de l’autre. Qui n’est pas comme celle des autres.

Pour commencer, il y a les mères au foyer. L’expression est réductrice parce que celles-ci sont tellement partout ailleurs qu’au foyer. Au commenceme­nt de notre histoire, ces mères sont aux champs pour récolter. À la grange pour la traite. Au jardin pour désherber. Au four pour faire cuire le pain. Au puits pour laver le linge.

Aujourd’hui, des mères travaillen­t à l’extérieur. Parfois par choix. Souvent par nécessité. Pour l’équilibre de vie de leurs enfants, elles doivent se fendre en quatre. Entre l’école, les pratiques de sport, les classes de danse et les fêtes d’enfants, elles peuvent oublier de veiller à leur équilibre de vie. Alors que c’est ce qu’elles cherchent à transmettr­e.

À côté de celles qui peuvent compter sur un conjoint (ou une conjointe) pour les soutenir, il y a les mères monoparent­ales et célibatair­es. Celles qui sont seules pour une tâche qui est plus facile lorsqu’elle est partagée. Il y a celles qui n’ont pas choisie la maternité; des enfants sont arrivés comme une visite non prévue. Certaines sont inquiètes ou découragés. D’autres se demandent comment elles pourront y arriver. Et ce qu’elles auraient pu faire autrement.

Certaines sont devenues grand-mère. Et arrière-grands-mères. Plusieurs sont comblés dans leurs enfants et leurs petits-enfants. Elles se bercent dans la gratitude et la joie de voir autour d’elles leur propre avenir. Malgré leur déclin, elles contemplen­t ces autres qui lui survivront.

D’autres ont été déçues. Certaines mères sont les seules à comprendre leur enfant en prison ou rejeté par la société. Une mère connaît le cheminemen­t qui a conduit son enfant là où il est. Seule une mère peut poser un regard d’amour sur son enfant, alors que d’autres ne voient qu’une vie qui aurait mieux valu ne pas voir le jour. À l’origine de toute vie, il y a un amour maternel avec l’espoir d’une vie belle pour son enfant.

Certaines ont perdu leur enfant. La souffrance est si grande qu’on n’a même pas de mot pour les désigner. Lorsqu’un enfant perd ses parents, il devient orphelin. Lorsqu’une femme perd son mari, elle devient veuve. Et les mères qui perdent leur enfant, que deviennent-elles?

Toutes les mères sont différente­s. Mais elles possèdent toutes une réalité commune. Au-delà de la biologie (qui peut se changer de nos jours!) De la fibre maternelle! Ou de la féminité! C’est ce qu’on trouve dans le coeur de l’oiseau, qui est dans l’oeuf, qui est dans le nid, etc. C’est l’amour qui se décline de diverses façons.

Chaque mère a son tempéramen­t. L’amour prend la forme de chaque personnali­té, comme le liquide prend la forme du contenant qui le reçoit. Il y a des mères qui sont des vases gracieux. D’autres, des bouteilles aux goulots ébréchés. D’autres encore, des seaux qui ne se vident jamais. Mais peu importe la beauté ou la grandeur du coeur d’une mère, à l’intérieur se trouve un liquide précieux. Un parfum suave. Une huile apaisante. Un amour qui se répand.

Chez les mères, l’amour est réconforta­nt, patient, toujours prêt à pardonner. Il peut

aussi être sévère, exigeant, peu enclin à accepter le manque d’effort. Mais c’est toujours le même amour.

Une mère, c’est un océan d’amour dans lequel on est plongé et qui nous enveloppe quelques années. Ensuite, il faut quitter ces eaux maternelle­s et vivre à l’air libre. Avec le goût de cette eau qui nous poursuit. Les expérience­s d’amour, par la suite, sont souvent des pâles reflets de l’amour maternel. Comme Romain Gary l’exprime si bien: à l’aube, la vie nous fait une promesse qu’elle ne pourra pas tenir.

Demain, ce n’est pas seulement la fêtes des mères. C’est la fête de ta mère. C’est le

temps d’aller la voir. Dans sa maison ou à la fenêtre du foyer. Au cimetière ou dans ton coeur. Tu peux parcourir un chemin pour remonter le fil du temps et la retrouver dans des souvenirs qui sont la plus belle trace du passage de l’amour dans ta vie. La distance n’est jamais aussi longue que tu l’imagine: c’est la distance entre la tête et le coeur.

On peut perdre sa mère et la retrouver encore plus belle au-dedans de soi! Il y a plus triste que de voir mourir sa mère: c’est de ne plus pouvoir la faire revivre. Chaque fois qu’un geste d’amour est fait, qu’un mot d’encouragem­ent est donné, c’est l’amour d’une mère qui se poursuit. Cela montre qu’elle vit. Son dévouement n’a pas été vain. Merci Maman! ■

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Une mère, c’est un océan d’amour dans lequel on est plongé et qui nous enveloppe quelques années. Ensuite, il faut quitter ces eaux maternelle­s et vivre à l’air libre. - Archives
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