Acadie Nouvelle

Mettre fin à la confusion aux frontières

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Le premier ministre Blaine Higgs exige une révision des contrôles aux limites interprovi­nciales du Nouveau-Brunswick ainsi que dans les aéroports. Nous accueillon­s favorablem­ent cette décision.

Le coronaviru­s n’est pas indigène au Nouveau-Brunswick. Les premiers cas répertorié­s dans la province étaient tous liés de près ou de loin à des voyages. Il s’agissait souvent de gens qui arrivaient d’Europe ou d’une croisière et qui avaient sans le savoir contracté la COVID-19.

Le Nouveau-Brunswick a réagi rapidement. Les équipes de la Santé publique ont réussi à identifier rapidement les personnes atteintes et à faire les suivis avec celles qui ont ou auraient pu être ensuite contaminée­s, si bien que la maladie est aujourd’hui très peu présente sur notre territoire.

La réussite néo-brunswicko­ise est néanmoins fragile. Il ne suffirait qu’une personne contagieus­e sans le savoir décide d’aller faire son épicerie pour que la province se retrouve du jour au lendemain avec une éclosion.

Les actions récentes du gouverneme­nt Higgs nous laisse croire qu’il estime que la menace vient de l’extérieur. Sa principale préoccupat­ion n’est pas qu’un Néo-Brunswicko­is qui n’a pas quitté sa région depuis un mois propage la COVID-19. Il craint qu’un visiteur de l’Ontario, du Québec, de la NouvelleÉc­osse ou d’un autre pays ramène avec lui la maladie.

C’est dans cette optique qu’il a interdit à des centaines de travailleu­rs étrangers de venir travailler dans les industries agricoles et de transforma­tion des produits de la mer cet été.

Cette décision est un non-sens et ne se base pas sur des impératifs de santé publique. Ces travailleu­rs sont testés avant de partir pour le Canada, puis mis en quarantain­e pendant 14 jours une fois arrivés à destinatio­n. Ces genslà sont aussi peu mobiles. Ils ne peuvent se déplacer à leur guise à travers la province.

Ils ne sont pas une menace. Les autres provinces l’ont compris. Le Nouveau-Brunswick est d’ailleurs la seule province à leur avoir interdit l’accès.

Le mouvement en provenance des autres provinces est toutefois plus préoccupan­t. Il est tout à fait normal de vouloir surveiller de près les allées et venues des citoyens de l’extérieur.

Mais voilà, qui laisser entrer? Qui refouler? À la base, ça semble pourtant assez simple.

Les camionneur­s sont autorisés à franchir la frontière pour effectuer leurs livraisons. Les travailleu­rs aussi. De plus, Fredericto­n permet aux résidents de la région de Pointe-à-laCroix, au Québec, de se rendre à Campbellto­n pour faire des achats de première nécessité.

Ceux qui n’ont pas une bonne raison de venir dans la province sont refoulés. Vous arrivez de l’Ontario à l’Aéroport internatio­nal Roméo-LeBlanc de Dieppe avec l’intention de passer l’été dans votre chalet à Shediac? Préparez-vous à reprendre aussitôt l’avion pour retourner chez vous.

Le problème est que Fredericto­n envoie aussi des signaux mixtes. Ce qui est dit en conférence de presse dans la capitale ne se reflète pas nécessaire­ment sur le plancher des vaches.

Le gouverneme­nt peine à diffuser un message clair. Il faut attendre des jours avant que le service des communicat­ions réponde aux questions les plus simples des journalist­es.

Des citoyens québécois qui veulent chercher des choses de première nécessité à Campbellto­n se font bloquer la route. D’autres témoignent au contraire avoir réussi à traverser la frontière sans même avoir été interpellé­s par les policiers.

Des laissez-passer ont été distribués par le gouverneme­nt provincial à la Première Nation Listuguj. Au même moment, les difficulté­s qu’éprouvent certains citoyens de Pointe-à-la-Croix à entrer au NouveauBru­nswick ont convaincu le conseil municipal de faire appel à des avocats.

Nous sommes en temps de pandémie. Le Nouveau-Brunswick a imposé une mesure exceptionn­elle, soit de contrôler ses limites interprovi­nciales. Le minimum dans une telle situation est d’imposer des mesures cohérentes et transparen­tes, avec un service de communicat­ions en mesure de donner des réponses claires aux interrogat­ions des citoyens.

Ce n’est pas normal que le premier ministre Blaine Higgs a suggéré aux élus de Pointe-à-la-Croix d’appeler à son bureau, en disant qu’«on devrait être capable de régler ça directemen­t, un à un, au téléphone».

Nous applaudiss­ons la décision provincial­e de mieux contrôler le flux de personnes qui entrent au Nouveau-Brunswick. Profitons toutefois de l’occasion pour nous assurer que les directives seront bien comprises de tous et que les communauté­s touchées pourront facilement obtenir des réponses à leurs questions sans devoir passer par des avocats.

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