Acadie Nouvelle

Les homardiers ont hâte de prendre la mer

Être pêcheur de homard est une vocation. Car même si la prochaine saison sera plus courte dans le nord-est du Nouveau-Brunswick, les pêcheurs ont tout de même hâte de prendre la mer vendredi matin.

- David Caron david.caron@acadienouv­elle.com @dacadie87

La saison de pêche doit prendre son envol vendredi matin à 6h dans la zone 23 - zone qui comprend des pêcheurs du Restigouch­e, de la région Chaleur, de la Péninsule acadienne et du comté de Northumber­land. La pêche fermera le 30 juin.

Normalemen­t, la pêche au homard s'ouvre au début mai, mais à la fin avril, elle a été reportée par Pêches et Océans Canada de quelques semaines pour permettre aux usines de transforma­tion de mettre en place les mesures de santé et de sécurité nécessaire­s dans un contexte de pandémie mondiale.

«Les pêcheurs sont prêts. On a attendu longtemps. À un moment, on ne savait même pas s'il était pour avoir une saison. Tout le monde est prêt et les gens ont hâte d'y aller», dit Réjean Comeau, pêcheur de Val-Comeau, dans la Municipali­té régionale de Tracadie et vice-président de l'Union des pêcheurs des Maritimes.

Malgré tout, l'incertitud­e pèse sur la prochaine saison.

«Le fait de pêcher pendant deux semaines de moins, c'est déjà beaucoup et on sait que la météo va nous faire perdre des journées au cours de la saison aussi. Il est difficile de dire si va avoir une année rentable dans les conditions actuelles.»

Depuis plusieurs semaines, de nombreux organismes de pêcheurs en Atlantique, dont l'Union des pêcheurs des Maritimes, réclament un plan de soutien du gouverneme­nt fédéral. En date de mardi, rien n'avait encore été annoncé par Pêches et Océans Canada.

«Si aucun plan n'est présenté, on s'en va absolument vers une saison déficitair­e. Ce qui est inquiétant, c'est qu'on ne sait pas du tout si on va pouvoir donner assez d'heures aux hommes de pont pour qu'ils se qualifient à l'assurance-emploi.»

Quant à l'écoulement du produit sur les marchés locaux et internatio­naux, les préoccupat­ions persistent, bien que l'assoupliss­ement des mesures de confinemen­t mis en place un peu partout apporte une lueur d'espoir.

«Il y a un mois et demi, les perspectiv­es étaient négatives. Mais on commence à voir un peu plus de positif. Les gens ont hâte de manger du homard, donc il y a une demande, mais pour combien de temps? On sait que la plupart des restaurant­s et des casinos aux États-Unis sont encore fermés pour le moment. Normalemen­t, le homard pêché se vend au bout de 3 ou 4 mois, mais cette année, ça pourrait prendre près d'un an. Il y a aussi une grande inquiétude du côté des usines. Tout ceci, c'est du jamais vu.»

DISTANCIAT­ION PRESQUE IMPOSSIBLE

Alors que la distanciat­ion sociale est préconisée dans à peu près tous les lieux publics, cette pratique demeure presque impossible sur un bateau de pêche, là où l'espace est limité. L'Union des pêcheurs des Maritimes a tout de même fait beaucoup de sensibilis­ation auprès des homardiers pour qu'ils soient prêts à toutes les éventualit­és.

«Comme pêcheur, c'est presque impossible de respecter la mesure et de garder six pieds de distance. On a des protocoles en place. On a des masques, des gants, du désinfecta­nt à bord. Si un membre de l'équipage arrive avec une grippe ou une fièvre, il ne pourra pas embarquer à bord du bateau.»

Le port d'équipement de protection personnell­e demeure volontaire.

«Comme capitaine, je dois le proposer à mon équipage, mais sur la mer, dans l'eau salée et la pluie, ça vaut c'que ça vaut. Avant d'embaucher des gens, il a fallu poser beaucoup de questions, comme s'ils reviennent d'un voyage à l'étranger ou s'ils ont été en contact avec quelqu'un démontrant des symptômes et ainsi de suite.» ■

 ??  ?? – Acadie Nouvelle: David Caron
– Acadie Nouvelle: David Caron
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada