Acadie Nouvelle

Les besoins financiers des médecins ont été ignorés

- Dr Charles S. Shaver Ottawa, Ontario

Les médecins peuvent sembler être des victimes improbable­s de la pandémie actuelle. Cependant, ceux qui ne traitent pas les patients atteints de la COVID-19 dans les hôpitaux ont subi une baisse importante de revenu compte tenu du fait que les visites de routine, ainsi que les procédures diagnostiq­ues et chirurgica­les ont été reportées. Nombreux sont ceux qui demeurent disponible­s pour les urgences imprévues: par exemple, un chirurgien orthopédis­te qui ne peut pas, en raison des fermetures de salles d’opération, effectuer des remplaceme­nts non urgents de la hanche et du genou, peut toujours être disponible pour réparer une hanche fracturée.

La plupart des médecins sont des hommes et des femmes de petites entreprise­s, dont les frais généraux restent élevés pendant la pandémie. De plus, 42% des diplômés des écoles de médecine canadienne­s avaient des dettes d’au moins 120 000$ et 13,1% d’entre eux de plus de 200 000$.

En Ontario, en Alberta et au Québec, les gouverneme­nts ont tenté de rompre les contrats et de réduire les honoraires.

Par exemple, sous la direction de l’ancien ministre de la Santé de l’Ontario, le Dr Eric Hoskins, certains honoraires ont été réduits de 30 à 50% et la récupérati­on des factures s’est étalée sur plusieurs années. Par conséquent, de nombreux médecins âgés ont été contraints de retarder toute idée de retraite jusqu’à l’âge de 70 ans.

Près de 190 000 opérations chirurgica­les ont été reportées à travers le Canada. Le nombre d’opérations a diminué de 50% en Nouvelle-Écosse, mais la province n’a pas encore annoncé de plan précis pour la reprise des opérations non urgentes.

Pourtant, il semble y avoir un certain espoir. Les chirurgies non urgentes ont repris à l’Île-du-Prince-Édouard, en Alberta, au Manitoba et reprendron­t en Colombie-Britanniqu­e le 18 mai, en Saskatchew­an le 19 mai, au NouveauBru­nswick à la mi-mai et en Ontario dans quelques semaines. Ces annulation­s ont eu un impact important sur les patients et les médecins. Les visites aux urgences non liées à la COVID-19 sont en forte baisse – de 55% en ColombieBr­itannique et de 30 à 60% en Ontario. De nombreuses cliniques ont fermé leurs portes, ce qui affecte particuliè­rement les médecins de famille et les interniste­s.

Plusieurs provinces ont, heureuseme­nt, fait preuve de respect et d’appréciati­on envers leurs médecins. Doctors Nova Scotia a récemment conclu un accord visant à stabiliser les effectifs de médecins en offrant aux médecins rémunérés à l’acte la possibilit­é de participer à un programme de stabilité des revenus.

Terre-Neuve-et-Labrador a accepté de payer 80% des factures antérieure­s précédente­s moyennes pour les médecins qui acceptent d’offrir des services normaux et s’engagent à être disponible­s pour fournir des «services supplément­aires» sans obligation de remboursem­ent. La Saskatchew­an et l’Île-du-Prince-Édouard ont également des ententes limitées pour indemniser financière­ment les médecins pendant la pandémie.

Le premier ministre du Québec, François Legault, a demandé à ses médecins d’apporter leur aide dans quelque 41 établissem­ents de soins chroniques en sous-effectif; environ 2000 médecins ont accepté de le faire. Cela ne répond cependant pas véritablem­ent aux besoins de la plupart des médecins québécois, qui sont confrontés à une perte de revenus importante pendant de nombreux mois.

L’Ontario n’offre qu’un prêt sans intérêt, ce qui ne fera que réduire le besoin de liquidités plus tard. Cela «complétera» les factures pour atteindre 70% de la moyenne en mai, en juin et en juillet, mais reprendra ensuite tous ces fonds entre novembre et mars.

De nombreux gouverneme­nts et hôpitaux provinciau­x exhortent les médecins plus âgés à sortir de leur retraite pour aider à lutter contre la pandémie, tout en sachant parfaiteme­nt bien que les personnes de plus de 65 ans ne peuvent prétendre à une assurance invalidité et qu’en raison de leur âge, elles courent également un risque élevé de souffrir d’une infection grave, voire mortelle, par le coronaviru­s.

L’Ontario a refusé d’envisager d’indemniser les médecins s’ils contracten­t la COVID-19 ou s’ils sont contraints de s’isoler. En revanche, la Colombie-Britanniqu­e a récemment accepté une «indemnité de remplaceme­nt de revenu en cas de quarantain­e» qui couvrirait les médecins non-inscrits au régime d’assurance invalidité des médecins financé par le gouverneme­nt.

Comme je l’ai déjà mentionné, la norme par excellence serait le «Programme de stabilisat­ion du revenu associé au SRAS» de 2003 en Ontario. Il s’agissait d’un programme de rémunérati­on de 80 à 100% versée aux médecins qui ont été mis en quarantain­e ou qui ont contracté le SRAS, et qui ont

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