LES CREVETTIERS SE CROISENT LES DOIGTS
À moins d’un revirement majeur, les crevettiers de la Péninsule acadienne ne vont probablement pas prendre la mer en mai. Il se pourrait même que les filets ne soient pas mis à l’eau avant juillet.
Au début mai, Michel Léger, président de l’Association des crevettiers acadiens du Golfe, se croisait les doigts pour que les pêcheurs puissent prendre la mer avant la fin du mois, mais le ralentissement des marchés internationaux provoqué par la pandémie de la COVID-19 freine les efforts.
«On est toujours au même point. Les usines nous disent qu’ils ne peuvent pas acheter en ce moment, car il n’y a pas de marché en raison de la situation de la COVID-19. On vend principalement notre matière en Europe, mais les restaurants sont fermés et ainsi de suite. L’un des problèmes, c’est qu’on dit qu’il y de l’inventaire en trop. Il faut écouler cet inventaire avant de pouvoir en ajouter.»
Les zones de pêche fréquentées par les crevettiers de la Péninsule acadienne, situées au large de Sept-Îles, de l’île Anticosti et de la Côte-Nord, sont officiellement ouvertes depuis le 1er avril. Un secteur, situé au large de la Nouvelle-Écosse dans l’Océan Atlantique, est ouvert douze mois par année à la pêche, mais encore une fois, la pandémie mondiale a tout freiné.
PLAN D’AIDE
Bien que sa mise en place ait été applaudie par plusieurs associations de pêcheurs, le plan d’aide annoncé il y a quelques jours par le gouvernement Trudeau compte peu de mesures qui profiteront aux crevettiers qui se trouvent dans une situation très particulière.
«On a commencé à décortiquer ça. Selon ce qu’on vu, il n’y a rien qui aidera directement les entreprises de pêche aux crevettes, à moins qu’il y ait des détails qu’on n’a pas vus. Le fédéral a dit qu’il allait revenir avec plus de détails.»
En tant que petites et moyennes entreprises, les crevettiers acadiens peuvent profiter d’autres programmes annoncés par le fédéral au cours des dernières semaines, dont le Compte d’urgence pour les entreprises canadiennes.
Les entreprises peuvent notamment demander un prêt de 40 000$ sans intérêt auprès d’une institution financière. En remboursant le prêt avant le 31 décembre 2022, elles ont droit à un remboursement s’élevant jusqu’à 10 000$.
La subvention salariale de 75% pourrait aussi s’appliquer dans le cas des crevettiers.
«On n’a pas eu une date de sortie. On parle même de juillet ou août. Une chose est certaine, ce ne sera pas demain matin. Chaque semaine qu’on perd en mai, il faudra du temps pour se rattraper à la fin de la saison.»
«Mais pour la recevoir, il faut qu’on ait un payroll. En ce moment, nos bateaux ne pêchent pas, donc on ne peut pas embarquer sur le programme. Je ne dis pas que le plan d’aide du gouvernement pour les pêcheurs n’est pas bon, il n’est juste pas adapté à notre situation.»
Quant aux membres de l’équipage, ils peuvent recevoir la prestation canadienne d’urgence et le plan d’aide du gouvernement propose notamment des modifications au programme de l’assurance-emploi.
«Mais s’il n’y a pas de saison, ils ne vont pas toucher à un salaire ou gagner leurs heures. Ça va devenir difficile à naviguer là-dedans.» ■