Acadie Nouvelle

«OUVREZ LA FRONTIÈRE!»

Environ 500 personnes de la Gaspésie et du Restigouch­e se sont rencontrée­s à michemin sur le pont interprovi­ncial J.C. Van Horne lundi afin de réclamer du gouverneme­nt de Blaine Higgs la réouvertur­e de la frontière entre ces deux régions.

- Jean-François Boisvert restigouch­e@acadienouv­elle.com @JFBjournal­iste

«Nous ne sommes qu’un», «Solidarité», «Ouvrez la frontière»…

Ce sont là quelques exemples de slogans scandés par les participan­ts à la marche de solidarité organisée dans le but d’obtenir plus de souplesse de la part du gouverneme­nt néobrunswi­ckois à sa frontière avec la Gaspésie.

Fredericto­n, rappelons-le, a fermé les ponts avec les provinces voisines à la fin mars, incluant les deux reliant le Restigouch­e et la région d’Avignon-Ouest en Gaspésie. Conséquenc­e, les Gaspésiens ne peuvent traverser que pour des besoins jugés essentiels. Cette définition laissant place à beaucoup d’interpréta­tion auprès des agents responsabl­es postés aux points frontalier­s, beaucoup de personnes sont refoulées chaque jour.

«C’est très inconsista­nt. Un jour on peut passer et l’autre non. Et tout cela commence à jouer sur le moral de tout le monde. En fait, les tensions sont palpables depuis un moment, surtout qu’on ne sait jamais sur quel pied danser lorsqu’on veut traverser la frontière. Chaque fois qu’on embarque sur le pont, on est nerveux», exprime Lisa Levesque.

Citoyenne de Pointe-à-la-Croix, elle est l’une des instigatri­ces derrière cette marche de solidarité. Son objectif est d’amener le gouverneme­nt Higgs à élargir l’accès au NouveauBru­nswick aux citoyens d’Avignon-Ouest.

«Les deux territoire­s (Avignon-Ouest et Restigouch­e) ont peut-être une frontière entre eux, mais on ne fait qu’un. On dépend beaucoup du Restigouch­e pour nos articles du quotidien et, en revanche, on participe beaucoup à son économie. Mais ce n’est pas qu’une question d’argent, on a tous de la famille d’un côté comme de l’autre de la frontière, des gens qu’on ne peut plus voir en raison de cette fermeture. On veut que ça change et on croit que la création d’une bulle qui engloberai­t Avignon-Ouest serait un compromis acceptable», relate-t-elle.

Concrèteme­nt, cette recommanda­tion engloberai­t tout le territoire situé entre les Plateaux de Matapédia et Escuminac, soit un total de neuf villages représenta­nt une population approximat­ive de 5500 personnes.

«On pourrait demander des preuves de résidence, on est très à l’aise avec ça. On ne demande pas au Nouveau-Brunswick d’ouvrir toutes ses frontières à tout le monde. Mais nous, on croit être un cas à part qui mérite une exception», dit-elle.

La marche a été organisée à la dernière minute, sur un coup de tête. Malgré cette spontanéit­é, elle a réussi à monopolise­r plus de 500 personnes, des deux côtés de la rivière Restigouch­e. Les marcheurs des deux provinces se sont rencontrés symbolique­ment – et sans encombre – au milieu du pont interprovi­ncial. Dans le lot, plusieurs personnes avaient choisi de porter le masque. Bien que le respect de la distanciat­ion sociale ait été demandé par les organisate­urs, cette exigence a toutefois été plus difficile à appliquer en raison de la taille de la foule.

Marie-Josette Roy était l’organisatr­ice côté Néo-Brunswicko­is. Celle-ci tenait à préciser que l’ouverture de la frontière avec AvignonOue­st n’est pas que le simple souhait des citoyens québécois.

«On est très nombreux ici aussi à vouloir cela. Nous sommes une seule et même grande communauté depuis tellement d’années et là, d’un coup, on vient changer les règles. Mais tout le monde ou presque au Restigouch­e a de la famille et des êtres chers de l’autre côté de la rivière. On veut pouvoir y accéder», dit-elle.

«PLUS QUE DE SIMPLES VOISINS»

Pour le maire de Restigouch­e-Sud-Est, David Ferguson, plusieurs Restigouch­ois cherchent à avoir accès à son territoire en raison des nombreux chalets et terrains de camping saisonnier­s.

«Chez nous, nous avons un camping de 200 roulottes et 90% des usagers sont du Nouveau-Brunswick. C’est énorme et ça en dit beaucoup sur les liens qui lient les gens de notre grande région. On est plus que de simples voisins. L’action d’aujourd’hui est très forte et c’est très touchant de voir toute notre grande région travailler vers un même objectif», souligne-t-il.

Non loin de lui, un autre maire gaspésien, Pascal Bujold de Pointe-à-la-Croix. Celui-ci dénonce depuis plusieurs semaines la situation à la frontière et demande des ajustement­s.

«L’initiative d’aujourd’hui est très positive. Elle a le mérite d’envoyer un message clair et précis à Fredericto­n. C’est un beau geste d’unité de toute la population d’Avignon-Ouest et un très beau geste de solidarité de la part de nos compatriot­es du Restigouch­e qui nous appuient dans notre démarche», note-t-il.

Après environ une heure, l’activité a pris fin et tous s’en sont allés de leur côté respectif de la rivière dans l’espoir que leur message sera entendu. ■

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 ??  ?? Des centaines de personnes des deux côtés de la Restigouch­e ont marché sur le pont J.C. Van Horne, lundi, afin de réclamer l’ouverture de la frontière entre le Restigouch­e et la région Avignon-Ouest, en Gaspésie. - Acadie Nouvelle: Jean-François Boisvert
Des centaines de personnes des deux côtés de la Restigouch­e ont marché sur le pont J.C. Van Horne, lundi, afin de réclamer l’ouverture de la frontière entre le Restigouch­e et la région Avignon-Ouest, en Gaspésie. - Acadie Nouvelle: Jean-François Boisvert
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