Joseph Yvon Thériault et sa pensée au coeur d’un nouvel ouvrage
Le livre de 334 pages se lit comme une très longue entrevue avec le sociologue
La pensée et la vie du sociologue acadien Joseph Yvon Thériault font l’objet d’un nouvel ouvrage publié aux Presses de l’Université Laval.
L’autre moitié de la modernité, paru le 21 avril dernier, est signé par deux jeunes universitaires québécois, François-Olivier Dorais et Jean-François Laniel.
Ces professeurs – qui enseignent respectivement à l’Université du Québec à Chicoutimi et à l’Université Laval – ont réalisé une série de conversations avec Joseph Yvon Thériault.
Le livre de 334 pages se lit comme une très longue entrevue avec le sociologue, qui est l’un des intellectuels acadiens les plus connus au Canada et à l’international. On y retrouve de nombreux échanges assez calés sur la société, l’histoire et toutes sortes de sujets sur lesquels s’est penché M. Thériault au cours de sa très longue et prolifique carrière.
Mais ce n’est pas tout, puisqu’il parle aussi de sa propre histoire. Il revient entre autres sur son enfance à Caraquet, son passage à Bathurst et ses années à l’Université d’Ottawa. Il raconte aussi quelques anecdotes éclairantes sur le contexte dans lequel il a grandi.
LA PATENTE S’EN MÊLE
L’une de ces histoires s’est déroulée à la fin des années 1950 ou au début des années 1960.
Le père de Joseph Yvon Thériault, Damase Thériault, travaillait pour une compagnie de téléphone. Il avait offert ses services à l’Église pour l’organisation d’un congrès eucharistique.
Son patron n’avait pas du tout apprécié qu’il «place ainsi la compagnie au service du culte catholique» et avait décidé de le punir en le transférant à Saint-Jean, une ville anglophone à l’autre extrémité du NouveauBrunswick.
«Je me souviens encore du moment où mon père nous a annoncé ça; nous étions dévastés, tout le monde pleurait… (...) Le patron de la compagnie voulait nous assommer. On ne pouvait pas imaginer de se rendre là-bas et y vivre», raconte Joseph Yvon Thériault à ses deux intervieweurs.
Mais c’était avant que la Patente – une société secrète catholique et francophone dont était membre Damase Thériault – s’en mêle.
Un autre membre de la Patente, Martin J. Légère (le fondateur de la Fédération des caisses populaires acadiennes) était alors intervenu en coulisses auprès du grand patron de la compagnie de téléphone, qu’il connaissait bien.
«Heureusement, ce transfert n’a pas eu lieu. Mon père nous a raconté par la suite que ce fut grâce à l’intervention de l’Ordre de Jacques-Cartier, qui avait manoeuvré en coulisses, à la demande de mon père, pour que la famille ne soit pas déménagée.»
Au final, raconte-t-il dans L’autre moitié de la modernité, c’est finalement le patron de son père qui a été transféré à Saint-Jean. ■