Les galeries d’art reprennent lentement leurs activités
Soupir de soulagement pour les galeristes qui peuvent rouvrir leurs portes après deux mois de confinement, tout comme les autres commerces. Même si la plupart d'entre eux ont continué d'avoir une présence en ligne, il reste que le marché de l'art a été au ralenti puisque les gens n'étaient pas en mesure de voir les oeuvres en galerie.
Comme d'autres galeristes du Grand Moncton, Nausika Breau de la galerie Apple Art a réaménagé un peu son local afin de s'ajuster à la nouvelle réalité de la pandémie. L'espace est assez vaste, soit environ 1500 pieds carrés, pour permettre aux visiteurs de faire le tour et de respecter les règles de distanciation physique. Savon désinfectant, masques et marqueurs sur le sol font partie des nouveaux aménagements.
«Nous pouvons avoir 4 ou 5 personnes à la fois. Je suis la seule qui travaille ici. Je porte un masque. Je lave toutes les surfaces. Les gens qui veulent toucher la poterie mettront leurs objets sur la table et après je vais m'occuper de les laver. À la caisse, on sera à une distance», a affirmé Nausika Breau.
Elle a décidé d'ouvrir sa galerie aux heures habituelles, bien qu'elle envisage un achalandage peut-être moindre au début, consciente que certaines personnes pourraient éprouver encore des craintes. Elle entend aussi privilégier les rendez-vous individuels si les clients le désirent.
Daniel Chiasson de la Galerie Art-Artiste à Dieppe a choisi d'opérer sa galerie sur rendez-vous seulement.
«Il n'y aura pas plus qu'une adresse à la fois (c'est-à-dire les gens qui vivent sous le même toit) parce que les lieux ne sont pas faits pour la distanciation sociale. Il y aura un espacement entre les visites pour permettre de faire ce qu'il faut faire (mesures sanitaires).» Mathieu Hébert du studio Acorn, qui était prêt pour la réouverture, a rapidement ouvert ses portes aussitôt que la deuxième phase du plan de redressement a été annoncée. Il convient que le confinement a affecté ses opérations puisque les gens apprécient l'art quand ils peuvent voir les oeuvres de près. La pandémie l'a poussé à créer une boutique en ligne et à publier des vidéos et des photos en 3D des oeuvres sur les réseaux sociaux, afin d'essayer de recréer l'expérience de «voir les oeuvres chez soi.»
Daniel Chiasson, qui partage régulièrement des peintures de sa collection sur les réseaux sociaux, note que les amateurs d'art veulent admirer les oeuvres en galerie avant de les acquérir.
«L'art visuel, il faut le voir vraiment. Le confinement a eu un impact. Il y a eu moins de vente d'oeuvres, mais ça ne veut pas dire qu'on n'a pas eu de vente. On a des ventes quand même, mais pas au même rythme que lors des premiers mois de l'année.»
Celui qui travaille dans ce domaine depuis de nombreuses années estime que certaines galeries, les nouvelles particulièrement, pourraient éprouver de plus grandes difficultés. Pour sa part, il a dû mettre en veilleuse des projets d'acquisitions d'oeuvres, notamment s'il doit se déplacer à l'extérieur de la province. De plus, il ne peut pas visiter les studios des artistes (en raison des mesures de distanciation physique).
«Je ne peux pas voir les artistes non plus. Je ne vois pas leur nouveau produit, donc ça crée un décalage au niveau de ce qui vient… J'ai un petit peu plus d'inquiétudes pour les artistes qui n'ont pas eu la chance de montrer leurs oeuvres. Ils sont en déficit de revenu jusqu'à un certain point», a poursuivi le collectionneur qui envisage de reprendre les nouvelles expositions vers la mi-juin. ■