Acadie Nouvelle

LE NOUVEAU-BRUNSWICK DU BOUT DU MONDE

Au Canada, de nombreuses personnes acceptent de vivre un mode de vie inusité en raison du lieu où ils ont choisi de s’établir. C’est le cas de l’ile néo-brunswicko­ise de Campobello, où être Canadien passe par les États-Unis.

- Marc Poirier Francopres­se

Campobello est l’une des trois plus importante­s iles du Nouveau-Brunswick, toutes situées dans la baie de Fundy, le long de la côte américaine. À quelques kilomètres au Nord, c’est Deer Island. Une quinzaine de kilomètres au Sud, c’est Grand Manan. Ces deux dernières ont un service de traversier à l’année qui leur permet de gagner la terre ferme canadienne quotidienn­ement.

Campobello a également un traversier qui la relie à Deer Island, d’où il est possible de se rendre chaque jour au Nouveau-Brunswick continenta­l, mais il n’est en service que trois mois par année. Le reste du temps, la seule option pour les habitants est de traverser le pont qui, depuis 1962, relie l’ile à l’État du Maine, de passer la douane américaine, de rouler 85 kilomètres vers le nord et de franchir une deuxième douane, canadienne cette fois-ci, pour finalement arriver à St. Stephen, à la limite du sud-ouest du Nouveau-Brunswick.

Et pour revenir à la maison, les résidents de l’ile doivent repasser deux postes de douane et le pont qui porte le nom de Franklin Delano Roosevelt, du nom du président américain qui possédait une résidence d’été à Campobello. D’ailleurs, depuis 1964, celleci est ouverte aux visiteurs de la fin mai au début octobre au parc internatio­nal Roosevelt-Campobello.

UN STATUT PARTICULIE­R

La vie des quelque 900 résidents permanents de l’ile néobrunswi­ckoise de Campobello est donc déjà compliquée en temps normal. L’arrivée de la pandémie de COVID-19 l’a rendue encore plus laborieuse.

Les résidents peuvent, comme avant, faire leurs achats et leurs affaires du côté américain, mais pour des besoins «essentiels» seulement. Dans leur cas, la notion de ce qui est «essentiel» est sans doute plus large que pour les autres citoyens.

Même chose lorsqu’ils traversent le Maine pour gagner le Nouveau-Brunswick continenta­l: ils peuvent s’arrêter faire le plein ou pour acheter des biens «essentiels», mais rien d’autre. Pas question de se rendre à Bangor, la plus grande ville de la région, pour magasiner.

Les habitants ont tout de même obtenu un statut particulie­r, en ce sens qu’ils peuvent sortir de l’ile, que ce soit pour aller faire l’épicerie dans le village américain voisin de Lubec ou se rendre au Nouveau-Brunswick continenta­l sans avoir à se placer en quarantain­e lorsqu’ils reviennent chez eux.

LES RÉSIDENTS CRAIGNENT LA PROPAGATIO­N DU VIRUS

John Williamson, député fédéral de la circonscri­ption Nouveau-Brunswick-Sud-Ouest, qui comprend l’ile Campobello, souligne que ce privilège a été obtenu avant la fermeture presque complète de la frontière, grâce aux tractation­s entre le Canada et les États-Unis.

«Si on avait attendu, ça aurait été un problème énorme. On a bien travaillé ensemble avec le gouverneme­nt canadien et aussi avec le gouverneme­nt de Blaine Higgs au Nouveau-Brunswick pour être sûrs et certains que les gens de Campobello pourraient traverser l’État du Maine pour revenir chez nous, au Nouveau-Brunswick. C’est difficile pour les familles de Campobello, mais au moins on a une solution qui marche. Ils peuvent passer les deux frontières, faire leurs affaires, retourner chez eux sans être forcés de rester chez eux pendant 14 jours.»

Certains résidents craignent le risque de propagatio­n du virus que comportent ces allers-retours fréquents et souhaitera­ient plutôt que les autorités instaurent un service de traversier permanent et bloquent la frontière américaine.

«Ça nous prend quelque chose tout de suite à cause de l’urgence, racontait récemment le résident Ulysse Robichaud à Radio-Canada. C’est une urgence mondiale, on sent qu’on ne s’occupe pas de nous autres.» ■

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- Gracieuset­é: Francopres­se Les côtes de Campobello

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