Acadie Nouvelle

TRAVAILLEU­RS À DOMICILE: QUELLES PROTECTION­S ET PRISES EN CHARGE?

- ARNAUD SCAILLEREZ

Selon Statistiqu­e Canada, en raison de la pandémie, plus de cinq millions de Canadiens travaillen­t à leur domicile à temps complet. Le télétravai­l prend de l’importance, sans pour autant que la pratique soit bien encadrée.

En dépit de quelques débats sur le sujet, le gouverneme­nt fédéral, comme les provinces, a très peu régulé juridiquem­ent le télétravai­l. Pour le moment, au niveau fédéral, un télétravai­lleur dépend, comme tous les employés, des normes présentes notamment dans le Code canadien du travail, ou de certaines dispositio­ns émanant de la loi canadienne sur les droits de la personne ou de celle sur l’équité en matière d’emploi.

Les télétravai­lleurs de la fonction publique fédérale possèdent, quant à eux, un dispositif un peu plus spécifique essentiell­ement au travers de la loi sur les relations de travail dans la fonction publique, ou bien encore la loi sur l’indemnisat­ion des agents de l’État. Le but est de les couvrir pour toute blessure pouvant survenir dans le cadre des fonctions exercées sur leur lieu de télétravai­l.

Dans notre province, un employé, travaillan­t à domicile, est protégé notamment par la loi sur l’hygiène et la sécurité au travail ou celle sur les accidents du travail au NouveauBru­nswick. Il s’agit des mêmes protection­s que pour les autres employés. Le dispositif néobrunswi­ckois spécifique au travail à domicile est perfectibl­e. Dans un milieu syndiqué, l’employeur peut pallier ces insuffisan­ces par la négociatio­n collective. Les syndicats accrédités et l’employeur peuvent réfléchir à un ensemble de dispositio­ns destiné à encadrer le télétravai­l et l’intégrer dans les convention­s collective­s des catégories d’emploi concernées par le télétravai­l.

Hors milieu syndiqué, l’employeur peut aussi réfléchir à la mise en place de règlements, procédures internes et Chartes du télétravai­l. Au sein de ces dispositif­s, l’employeur peut faire apparaître des instructio­ns relatives au référencem­ent des métiers et tâches télétravai­llables, à la sélection des télétravai­lleurs en capacité de travailler hors de leur traditionn­el bureau, aux modalités d’encadremen­t à distance par les gestionnai­res (télé-management, organisati­on, vérificati­on du travail ou - Archives évaluation à distance…), comme aux outils à mettre à dispositio­n des télétravai­lleurs (ordinateur­s, système VPN…) ou l’installati­on de matériel ergonomiqu­e pour l’aménagemen­t optimal de la partie du domicile qui sera consacrée au télétravai­l (chaise de bureau appropriée, un lieu répondant aux normes de santé et de sécurité…). Dans la pratique, certains employeurs choisissen­t d’octroyer une prime de télétravai­l pour compenser les différents frais occasionné­s (chauffage, électricit­é, téléphone…). D’autres consentent à l’achat de matériels profession­nels mis à dispositio­n du télétravai­l chez lui (ordinateur portable, imprimante…) ou accordent la prise en charge partielle de certains frais (abonnement internet, cellulaire, assurances de protection contre le vol du matériel profession­nel présent à domicile ou pour la santé, en cas d’accidents du travail survenus à la maison).

Ces dispositif­s ne sont pas obligatoir­es et leur mise en place dépend de la volonté de l’employeur. Pourtant, de tels dispositif­s pourraient offrir une compensati­on financière aux travailleu­rs à domicile. Un encadremen­t juridique néo-brunswicko­is du télétravai­l devient alors indispensa­ble.

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