Bernice Mallet ne souhaite qu’une chose: revoir son fils autiste
Bernice Mallet n’a qu’un souhait en ce moment. La femme de Le Goulet, dans la Péninsule acadienne, veut revoir son fils Jonathan. Il habite aux Résidences Line Ferguson, à Tracadie, une résidence pour les hommes adultes qui vivent avec le spectre de l’autisme.
Bernice Mallet n’a vu son fils depuis la mimars. En raison de sa condition, les contacts sont également minimes.
«On n’ose plus l’appeler. Dès qu’il nous entend, pour lui ça veut dire qu’il va ‘‘au Goulet’’. Il va s’asseoir sur un banc près de la porte et il nous attend. On est en train de se chavirer. On travaille avec le coeur malade. On n’a pas la tête à ça. C’est cruel pour tout le monde», dit-elle.
Pour mettre les choses au clair, Mme Mallet est très reconnaissante du travail du personnel des Résidences Line Ferguson, qui compte actuellement huit résidents. La plupart d’entre-eux sont atteints d’une forme sévère de l’autisme.
Depuis trois ans et demi, Jonathan, âgé de 34 ans, habite à Tracadie durant la semaine et il rentre chez lui à Le Goulet, pour les weekends et les congés.
«Justement, il avait passé le congé de mars chez nous. Il a deux garde-robes, donc quand on va le chercher, il doit seulement apporter ses médicaments. Il a son linge ici. On veut qu’il sache qu’il a sa place ici. On a toujours tout fait pour l’intégrer. Il a été à l’école, il a été dans les scouts, il est allé à son bal de finissants. Il a toujours fait beaucoup d’activités.»
Avec les mesures de déconfinement progressif du gouvernement provincial, Mme
Mallet espérait permettre à Jonathan de retrouver sa routine, mais jusqu’à maintenant, elle a l’impression de se heurter à un mur.
Puisqu’il est touché par une forme d’autisme sévère, Jonathan vit actuellement de la frustration devant cette situation inédite.
«Ils ont été obligés d’augmenter ses médicaments. Jonathan ne voulait pas que personne ne soit à côté de lui. Il vit de la frustration de savoir qu’on n’est pas là. Il n’est pas capable d’exprimer ce qu’il ressent. Je travaille et mon mari aussi. Si on avait pu le garder ici, on l’aurait fait, mais il a sa routine. Ici c’est plus difficile.»
La phase orange, dans laquelle se trouve le Nouveau-Brunswick à l’heure actuelle, permet les bulles de deux ménages ainsi que les rassemblements de 10 personnes ou moins en respectant la distanciation physique. Plusieurs services et entreprises ont pu également redémarrer leurs activités en suivant certaines consignes de la santé publique.
«En ce moment, il n’y a aucun cas de COVID dans la province. Ils sont seulement huit à habiter dans la résidence. Les employés n’ont même pas le droit de faire des sorties avec eux, prendre des drives en voiture. Je ne trouve pas que c’est juste. J’ai évité de sortir et quand ils ont commencé à permettre les regroupements de dix personnes et moins je me suis dit que Jonathan pourrait recommencer à venir chez nous. C’est notre famille, mais il n’a pas le droit de venir.»
La situation pourrait se régler prochainement puisque mercredi, le premier ministre Blaine Higgs a annoncé que la province passera à la troisième phase de déconfinement (la phase jaune) dès vendredi car cela fait deux semaines qu’aucun cas de COVID-19 n’a été détecté dans la province.
Cette phase permet une bulle s’étendant à tous les membres de la famille et amis proches avec qui vous passez régulièrement du temps. Les bulles n’ont plus à être exclusives, par contre, les rassemblements au-delà de ce cercle sont découragés. ■