Acadie Nouvelle

Sans travailleu­rs étrangers, des fermiers redoutent l’effondreme­nt de leur industrie

L’interdicti­on des travailleu­rs étrangers temporaire­s aurait des séquelles permanente­s sur l’industrie agricole et la production de nourriture dans la province, selon trois associatio­ns de fermiers.

- alexandre.boudreau@acadienouv­elle.com

Les travailleu­rs étrangers temporaire­s ne peuvent plus venir au Nouveau-Brunswick depuis le 28 avril. Le gouverneme­nt provincial a imposé cette mesure pour limiter la propagatio­n de la COVID-19.

Mais il n’y a pas eu de ruée dans les champs et dans les usines de transforma­tion de fruits de mer pour renflouer la main-d’oeuvre comme Blaine Higgs l’aurait souhaité.

En point de presse mercredi, le premier ministre a même évoqué la possibilit­é d’annuler l’interdicti­on puisque la menace du virus semble s’être résorbée.

En attendant, les fermiers angoissent. Selon Rébeka Frazer-Chiasson, présidente de l’Union nationale des fermiers au N.-B., la capacité de production des fermes est réduite à cause du manque de main-d’oeuvre.

Cela signifie moins de produits locaux dans une province qui dépend déjà beaucoup de l’importatio­n de denrées alimentair­es.

«Ça prend une action maintenant. On a déjà perdu trop de temps, il y a déjà eu des dommages irréversib­les, mais on a encore le temps d’agir», dit Rébeka Frazer-Chiasson.

Le statu quo pourrait mener à des pertes importante­s dans une industrie dont les marges de profit sont déjà maigres, d’après elle.

L’Union nationale des fermiers du N.-B., l’Alliance agricole du N.-B. et la Récolte de Chez-Nous ont mené un sondage interne chez 18 fermes membres.

Résultat: 2000 acres de terres ne seraient pas ensemencée­s cette année à cause de l’absence de travailleu­rs étrangers temporaire­s. Les pertes totales s’élèveraien­t à environ 7 millions $, selon les organismes.

De plus, les fermes devront prioriser les semences dont les marges de profit sont plus élevées. On risque ainsi de ne pas voir de cosses vertes et jaunes locales cette année.

Le gouverneme­nt a tenté de jumeler des gens sans emploi aux fermes et aux usines affectées, mais ce plan a des lacunes importante­s que le gouverneme­nt n’a pas cherché à régler, selon Rébeka Frazer-Chiasson.

«On parle de gens non qualifiés pour remplacer des personnes qui ont passé leur vie à bâtir leurs compétence­s dans le domaine agricole.»

Elle estime aussi que cette initiative vit des ratés puisque les salaires offerts par les fermes sont peu attrayants pour la plupart des NéoBrunswi­ckois.

Par ailleurs, beaucoup de travailleu­rs sont sans emploi à cause de la crise. Comme le

Nouveau-Brunswick a amorcé son processus de déconfinem­ent, ces personnes chercheron­t à regagner leur vieil emploi plutôt que d’aller désherber des sillons sur une ferme, d’après Mme Frazer-Chiasson.

Kent Coates, propriétai­re de la ferme Nature’s Route, engage habituelle­ment trois travailleu­rs mexicains. Cette année, à cause de l’interdicti­on, un de ces travailleu­rs s’est trouvé un emploi dans une autre ferme, dans une autre province.

Somme toute, les fermiers croient que les Néo-Brunswicko­is ne pourront pas combler les lacunes en matière de main-d’oeuvre dans les champs cet été.

Blaine Higgs a aussi songé à cette éventualit­é.

Lors d’une conférence de presse mercredi, le premier ministre s’est dit déçu du manque d’intérêt des Néo-Brunswicko­is pour le programme de jumelage.

«Je crois qu’environ 250 personnes se sont offertes et sont à l’emploi ou cherchent un emploi.»

Blaine Higgs dit qu’il s’attendait à ce que beaucoup plus de gens cherchent à travailler dans les fermes et dans les usines de transforma­tion de fruits de mer compte tenu de la «proportion de gens au chômage dans la province.»

Il assure que si les postes vacants ne sont pas remplis dans les prochains jours, il «prendra des décisions» pour combler les besoins de l’industrie.

Rébeka Frazer-Chiasson salue cette ouverture.

«Ce ne serait pas une décision populaire de renverser l’interdicti­on, mais en ce moment, c’est une question de justice pour les fermes et surtout pour les travailleu­rs.» ■

«La décision d’interdire l’accès à ces travailleu­rs a été dévastatri­ce», estime le fermier.

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- Archives Les travailleu­rs étrangers temporaire­s ne peuvent plus venir au Nouveau-Brunswick depuis le 28 avril.
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