Enseigner le français dès la garderie dans le Sud-Est
Le district scolaire francophone Sud (DSF-S) entreprend de former à la francisation 210 employés de garderie en deux ans. Une première cohorte de 16 éducatrices suivra une journée de cours durant l’automne. Ses membres bénéficieront ensuite d’une aide à la mise en pratique de leurs nouvelles compétences pendant six semaines.
«Il n’y a pas eu de formation en francisation préscolaire avec un accompagnement jusqu’à présent, souligne la gestionnaire du projet, Karine Pineault. Pourtant, la mise en oeuvre des apprentissages est parfois un défi.»
Elle indique que le but du DSF-S est d’enseigner le français aux enfants de 0 à 5 ans. Les éducatrices utiliseront plusieurs méthodes pour l’atteindre, selon elle: associer des images et des jouets à la parole, parler lentement et faire chanter leurs élèves tous les jours (au moment de se souhaiter bon appétit par exemple).
«Les garderies francophones sont la porte d’entrée vers le continuum d’éducation en français, de la petite enfance au postsecondaire», fait valoir la présidentedirectrice générale de l’Association des collèges et universités de la francophonie canadienne (ACUFC), Lynn Brouillette.
Son organisme finance le projet du DSF-S. Le regroupement estime qu’il y a un besoin urgent d’agir dans le secteur de la petite enfance. Il explique qu’une pénurie de main-d’oeuvre se fait sentir dans ce secteur chez les francophones en milieu minoritaire.
«Il y a une forte proportion de familles dont l’un des parents est anglophone et l’autre francophone dans le DSF-S, détaille Mme Pineault. Il y a aussi des nouveaux arrivants. Les francophones y sont donc vraiment moins nombreux que les autres.»
Elle pense que donner des compétences supplémentaires aux éducatrices francophones dans les garderies de ce territoire permettra d’améliorer leur satisfaction professionnelle et leur confiance en elles, et de favoriser leur maintien en poste.
«On veut valoriser leur rôle, parce que la science démontre qu’il est important d’apprendre une langue additionnelle pendant la petite enfance», affirme la gestionnaire de projet.
Le site internet développé par Société canadienne de pédiatrie, intitulé les Soins aux enfants néo-canadiens, assure qu’il est préférable d’apprendre une langue le plus tôt possible et que les bébés ont la capacité innée d’en apprendre plusieurs.
Les élèves de 2e année du DSF-S ont eu un taux de réussite de 69% à l’évaluation provinciale de littératie en 2018 - 2019 alors que la moyenne était de 75% au Nouveau-Brunswick. Les écoliers francophones du sud de la province obtiennent de moins bons résultats que les autres à cet examen de lecture et d’écriture depuis 2015 (excepté 2016).
Le DSF a mis en place des mesures pour rectifier la situation depuis 2018, d’abord par le biais de formations à ses enseignants notamment. Au tour des éducatrices en garderie, maintenant. ■